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lundi 30 décembre 2013

أينما مرّوا لم يتركوا وراءهم إلاّ العهرو الدمار

IRAKOum Salah, maquerelle à Bagdad

Dans un pays où le sexe est tabou, de nombreuses maquerelles sont inscrites sur les réseaux sociaux. Leurs catalogues présentent des centaines de photos de filles de joie à une clientèle sélectionnée.
Un dessin de Falco, CubaUn dessin de Falco, Cuba
Les pages Facebook irakiennes débordent de sexe. Apparues d'un coup, les pages des maquerelles talonnent celles des hommes politiques les plus populaires et celles des hommes de religion les plus influents. Depuis août, la page d'Oum Salah, par exemple, a reçu plus de 71 000 "j'aime", et cela sans la moindre publicité. Les jeunes hommes se sont rués dessus comme des fourmis sur un morceau de sucre tombé par terre.
Oum Salah, c'est en quelque sorte un morceau de sucre qui serait tombé très bas. Car le sexe est tabou en Irak. C'est pourquoi les relations sexuelles entre les jeunes hommes et les femmes sont quasi inexistantes. Les frustrations sont par conséquent la chose la mieux partagée. Et c'est pour ça qu'Oum Salah peut proposer des gourmandises sur un plateau d'argent.
Elle publie beaucoup de photos, à l'instar de ses consœurs maquerelles, Oum Ali et autres Oum quelque chose. Certaines travaillent à l'échelle de leur ville, d'autres à l'échelle d'une ou plusieurs provinces et d'autres encore ont étendu leur réseau sur tout le pays.
Payer en recharges de téléphone portable
Elles mettent en ligne des photos de jeunes femmes sans montrer leur visage, mais avec un numéro de téléphone permettant de fixer un rendez-vous pour du sexe rapide. Les prix sont fixés à l'avance, en fonction de l'offre et de la demande. Ainsi les prix dégringolent pendant les mois sacrés de Mouharram [pendant lequel ont lieu des cérémonies religieuses majeures pour les chiites] et du Ramadan [le mois du jeûne], car si l'offre est toujours abondante, la demande, quant à elle, faiblit.
Les photos et les commentaires en ligne sont destinés à exciter les jeunes gens agglutinés devant leur écran et qui consentent généralement à satisfaire les demandes qu'on leur fait. Soit, la plupart du temps, une recharge de crédit pour le téléphone portable de leur interlocutrice.
Quelques instants après avoir mis en ligne une nouvelle photo d'une fille en sous-vêtements impudiques, Oum Salah compte 47 commentaires [sur sa page Facebook] de la part de jeunes hommes qui savent ce qu'ils veulent. Un seul mot suffirait à résumer leur état et à qualifier ce qu'ils demandent. Oum Salah entretient la chose : "Si vous voulez d'autres photos, envoyez-moi une recharge téléphonique !" Après, sur son compte mail personnel, elle conclut des transactions autrement plus conséquentes, mais personne ne sait combien elle en tire.
Oum Salah joue sur la sensibilité à fleur de peau de ces jeunes hommes. Mais il s'agit aussi de respecter les règles du métier. Offrir des filles de joie et rien d'autre. Et veiller à ce que l'interlocuteur soit dûment répertorié, après avoir été introduit par des clients déjà connus. Car il faut éviter le risque pour les filles d'être arrêtées ou violentées par les clients.
Nous rencontrons Oum Ali grâce à l'un de ses vieux cliens, qu'elle connaissait avant de lancer son affaire sur Internet. Elle parle volontiers, à la manière d'une femme d'affaires. Grâce à son réseau, elle parvient à couvrir toutes les régions du pays. Elle consacre une heure au milieu de la nuit et une autre en journée à ses 1 400 amis Facebook.
Elle ne les connaît pas tous, mais elle veille à garder sa page "propre", comme elle dit. Elle envoie quelques nouvelles photos afin d'offrir plus de choix, sans hésiter à évoquer les humeurs des filles qui travaillent pour elle.
Une nuit coûte 100 dollars, avec obligation d'amener la fille à l'endroit souhaité et de lui offrir un bon repas, ainsi que du whisky ou des bouteilles de bière.
Le mot "sexe" n'a plus cours que dans les quartiers huppés. Dans le reste du pays, il a quasiment disparu, alors que dans les années 1990 il était très répandu parce qu'il avait en arabe une connotation moins vulgaire et moins embarrassante que d'autres mots pour évoquer entre jeunes gens des images de corps nus.
Il existe un groupe Facebook intitulé "Il n'y a que les filles irakiennes qui comprennent". Il est réservé aux filles. Elles s'y livrent entièrement, parlent de sexualité, de mariage et de films érotiques. Pour en devenir membre, il faut franchir certaines barrières. Les filles doivent notamment envoyer une photo de leurs seins avec la mention "Il n'y a que les filles irakiennes qui comprennent". Une précaution destinée à éviter l'intrusion du sexe opposé.
Or des hommes ont réussi à se faire passer pour des filles. Ils se sont introduits sur ce groupe Facebook comme sur une île habitée uniquement par des femmes et où aucun homme n'aurait encore mis les pieds. Une fois admis, ils ont commencé à voler des images et à les faire fuiter. Quand les fuites se sont multipliées, les administratrices se sont employées à "nettoyer" la page pour en chasser les "espions" et autres intrus. Et, selon elles, la page est désormais sûre.

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