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vendredi 21 mars 2014

USA : la CIA, Bush, le fascisme et l'anti-communisme

USA : la CIA, Bush, le fascisme et l'anti-communisme


La CIA a commencé par accueillir 4 000 nazis…
Le flirt CIA-terrorisme n’a en fait rien de récent. Il commence en 1945 lorsque Richard Gehlen, chef des services secrets nazis, échappe au tribunal de Nuremberg et est emmené bien gentiment aux USA dans l’avion personnel du général Smith…
Gehlen explique dans ses mémoires : «Mon idée était que même pour une Allemagne vaincue, il y aurait une place dans une Europe réarmée pour se défendre du communisme. Nous pouvions nous attendre à ce que les puissances occidentales soient intéressées par notre service d’espionnage à l’Est.» En effet, le chef des services secrets nazis est engagé en 1945 par la CIA avec un budget de 200 millions $ en dix ans et 4 000 emplois temps plein. Objectif: exploiter sa connaissance des pays de l’Est et espionner les communistes.
De même, Klaus Barbie, le «boucher de Lyon», sera protégé par les USA afin d’infiltrer le parti communiste allemand. Grâce à la protection des services US, tout un ramassis d’ex-nazis comprenant Paul Stangel (le chef du camp de Treblinka), Adolf Eichman, Walter Rauff (l’organisateur des chambres à gaz) et Ante Pavelic (le sanglant dictateur croate) vont se reconstituer en Amérique latine en réseau de terrorisme et d’espionnage contre la gauche. L’argent viendra aussi du grand capital allemand (IG Farben, VW, Krupp et Mercedes-Benz).
Pour contrer l’influence de la gauche communiste européenne, tous les moyens sont bons en fait. A la Libération de l’Italie, par exemple, les partisans, majoritairement communistes, constituent la force politique dominante. Les troupes alliées sortent des prisons de Mussolini des leaders de la maffia et leur confient la direction des villes.
Par la suite, la CIA soutiendra activement ou mettra carrément sur pied, la crème des terroristes un peu partout dans le monde: maffia cubaine de Miami, escadrons de la mort de Pinochet, contras du Nicaragua, l’Unita angolaise et tant d’autres.
La «démocratie» que les Etats-Unis prétendent imposer au monde, c’est ça.
Michel Collon, 2002
Sources : William Blum, “Killing Hope: US Military and CIA Interventions Since World War II” and “Rogue State : A Guide to the World’s Only Superpower, Common Courage press, http://members.aol.com/superogue/homepage.htm, Peter Coleman, Liberal Conspiracy, London : Collier Macmillan Publishers.• Nazis : Gehlen, Reinhard, Nu Spreek Ik!, Baarn (Hollande), 1972. Simpson, Christopher, Blowback. America’s Recruitment of Nazis and Its Effects on the Cold War, New York, 1988. Covert Action, Special: nazis, the Vatican, and CIA, winter 1986. • Italie: The Guardian, 26 mars 2001. Nicaragua: Holly Sklar, Washington’s War on Nicaragua, Boston, South End Press, 1988). • Tchétchénie: Michel Collon, Monopoly, EPO, Bruxelles 2000. Jared Israël, Washington, parent of the Taliban and Colombian death squads, www.tenc.net [Emperor’s Clothes], http://www.wahhabi.com. • Bin Laden: http://www.msnbc.com/news/wld/iframes/082098 ; Grows in Balkans by Umberto Pascali, Executive Intelligence Review, 22 juin 2001 ; http://msnbc.com/news/190144.asp?cp1=1


Un ex-agent raconte comment la CIA fabrique des «atrocités»...
La désinformation - le placement de fausses informations dans les médias - a été une tâche essentielle des services secrets américains depuis quelques dizaines d'années. Grâce à l'ex-responsable de la CIA John Stockwell, qui perdit ses illusions en l'agence dans les années 70, il est possible de repérer certains de ces canulars depuis l'origine, l'imagination d'agents secrets, jusqu'à leur diffusion massive à travers les médias.
Au milieu des années 70, Stockwell dirigeait la Cellule Angola qui tentait d'empêcher un gouvernement de gauche de prendre le pouvoir dans ce pays riche en pétrole, et cela en soutenant des groupes de guérilla rivaux, dont l'Unita de Jonas Savimbi, soutenue par l'Afrique du Sud. «Le tiers de mon équipe dans cette cellule était constitué de propagandistes dont la profession, permanente, consistait à fabriquer des histoires et à trouver les moyens de les faire passer dans la presse», déclara Stockwell à la TV britannique Channel 4, fin octobre 85.
Dans son livre «In Search of Enemies» (dont les bénéfices vont à la CIA par suite d'une action judiciaire que le gouvernement lui a intentée pour divulgation de secrets), Stockwell a décrit comment, la CIA diffusait ses histoires : «des experts en propagande s'affairaient à placer les articles dans les quotidiens de Kinshasa Elimo et Salongo. Ils étaient alors recopiés par les télex de l'agence et envoyés à nos cellules d'Europe, d'Asie et d'Amérique, qui les passaient en secret aux journalistes que nous avions recrutés dans les principales agences d'informations et ceux-ci veillaient à ce que beaucoup soient repris dans la presse mondiale. (...)
Les reporters occidentaux couvraient généralement la guerre d'Angola en toute sécurité depuis les capitales de la Zambie ou du Zaïre pro-occidentaux; beaucoup prêtaient foi aux propagandistes de la CIA basés là. Bien que, comme Stockwell l'indique, les conseillers US furent les premiers à intervenir dans le conflit angolais après l'indépendance obtenue du Portugal, les agents de la CIA diffusèrent des histoires selon lesquelles les Etats-Unis n'étaient intervenus qu'en réponse à l'arrivée des Soviétiques.
Pour dépeindre le mouvement anticolonialiste du MPLA, qui cherchait à former un gouvernement stable, comme de simples marionnettes des Soviétiques, la section de Lusaka de la CIA diffusa une histoire selon laquelle les forces de l'Unita appuyées par les USA avaient capturé vingt conseillers soviétiques lors d'une bataille en Angola. Non seulement les prisonniers et la bataille étaient imaginaires, affirme Stockwell, mais en plus la CIA n'avait aucune preuve de la présence d'aucun conseiller soviétique du tout dans le pays. Mais (...) le Washington Post publia l'histoire le 22 novembre 1975, à côté d'un démenti de l'agence soviétique Tass.
Un autre thème favori de la CIA, c'était les atrocités commises par les soldats cubains combattant aux côtés du gouvernement MPLA contre les guérillas appuyées par la CIA et l'Afrique du Sud. Le problème était que la CIA ne pouvait présenter aucune atrocité ; Stockwell décrit les Cubains comme «se comportant de façon particulièrement correcte». Mais un agent de la CIA à Lusaka obtint une couverture de presse générale en fabriquant une fable, à laquelle il ajoutait de nouveaux prolongements, chaque fois transmis aux reporters.
«Il inventa quelques soldats cubains violant plusieurs jeunes filles angolaises», déclara Stockwell à Channel 4. «Puis, il y eut une bataille et il inventa la capture de celte unité cubaine. Puis, il imagina les victimes angolaises identifiant les violeurs et un procès s'ensuivant. Puis, il les fit exécuter par un peloton d'exécution composé des femmes supposées avoir été violées, avec des photos de ces jeunes Africaines en train de tirer sur les Cubains.»
L'histoire des victimes abattant les violeurs cubains fut diffusée dans le monde entier, via les agences AP et UPI, le 12 mars 1976. Elle fut reprise par des journaux américains prestigieux comme le New York Times, le Chicago Tribune et le Boston Globe.
Extrait de la revue Fair (USA), janvier 1991.


La CIA et la Guerre froide culturelle

A propos du livre de Frances Stonor Saunders, "Who Paid the Piper : The CIA and the Cultural Cold War"

Ce livre présente une information détaillée sur les moyens utilisés par la CIA pour pénétrer et influencer une large gamme d'organisations culturelles, par le biais de groupes utilisés comme écrans, également, grâce aux organisations philanthropiques amicales, comme les Fondations Ford et Rockfeller. L'auteur du livre, Madame Frances Stonor Saunders, décrit  dans le détail, comment et pourquoi la CIA a monté des congrès culturels, des expositions et organisé des concerts.

La CIA a également publié et traduit des auteurs connus qui collaient à la ligne politique de Washington, elle a également parrainé l'art abstrait pour lutter contre l'art a contenu social, et, à travers toute la planète, a subventionné les journaux qui critiquaient le marxisme, le communisme et les idées politiques révolutionnaires et absolvaient, ou ignoraient, la politique impérialiste violente et destructive des E.U. Pour soutenir ces politiques, la CIA a pu recruter quelques des avocats les plus vociférant de la liberté intellectuelle, réussissant même à les engager comme employés de la CIA. Beaucoup s'impliquaient consciemment dans les projets de la CIA, d'autres naviguaient dans l'orbite de la CIA, prétendant ignorer la relation avec la CIA dès que leurs patrons de la CIA furent exposés à la fin des années 60 et de la guerre du Vietnam à la suite de quoi la marée politique dérivait vers la gauche.

Les publications anticommunistes américaines et européennes qui reçurent des fonds directement ou indirectement la Revue Partisan, la Kenyon Review, New Leader, Encounter/Rencontre et beaucoup d'autres. Parmi les intellectuels qui furent financés et promus par la CIA on trouve: Irving Kristol, Melvian Lasky, Isaiha Berlin, Stephen, Spender, Sydney Hook, Daniel Bell, MacDonald, Robert Lowell, Hannah Arendt, Mary McCarthy, et beaucoup d'autres aussi bien aux E.U. qu'en Europe.

En Europe, la CIA était particulièrement intéressée par la "gauche démocratique" et se chargea de la promouvoir ainsi que d'autres gauchistes comme Ignacio Silone, Stephen Spender, Arthur Koestler, Raymond Arond, Anthony Crosland, Michael Josselson y George Orwell.

Aiguillonnée par Sydney Hook et Melvin Lasky, la CIA jouait un rôle décisif dans le financement du "Congrès pour la Liberté de la Culture", une espèce de Nation Unies culturelles qui regroupait toute sorte de gauchistes et droitistes "antistalinien". Ils avaient toute latitude pour défendre les valeurs culturelles et politiques occidentales, attaquer le "totalitarisme staliniste" et marchaient avec beaucoup de soins sur la pointe des pieds lorsqu'il s'agissait du racisme ou de l'impérialisme des E.U.

Occasionnellement, les journaux subventionnés par la CIA publiaient une faible critique de la culture de masse américaine, pour donner le change.

Ce qui fut particulièrement frappant dans ce groupe d'intellectuels financés par la CIA, fut non seulement leur partialité politique exemplaire, mais surtout leurs prétentions à s'afficher en défenseurs désintéressés de la vérité, humanistes iconoclastes, en libres penseurs ou en artistes créateurs pour l'amour de l'art qui s'interposaient contre la corruption , contre les écrivains douteux, concubins de l'appareil staliniste.

Il est impossible de les croire lorsqu'ils affirment avoir tout ignorer des liens qui les unissaient à la CIA.

Comment pouvaient-ils les ignorer, dans toutes les publications, de la censure sur les nombreux lynchages dans le sud des États Unis durant toute cette période ?

Comment pouvaient-ils ignorer, durant leurs congrès culturels, l'absence de toute critique contre l'interventionnisme impérialiste des E.U. au Guatemala, en Iran, en Grèce, et en Corée qui ont résulté en des millions de morts ?

Comment pouvaient-ils ignorer les les mauvaises excuses, dans les publications mêmes où ils écrivaient, de tout crime impérialiste à l'époque ?

Ils furent tous des soldats, certains, des charlatans vitrioliques, grossiers et agressifs, comme Hook et Lasky, d'autres des essayistes élégants comme Stephen Spender, ou des pharisiens délateurs comme George Orwell.

Saunders n'a pas craint dans son livre de faire le portrait de l'élite distinguée des universitaires WASP (personne de la classe privilégiée, blanc, anglo-saxon et protestant), de la CIA qui tirait les ficelles et des ex-gauchistes juifs qui vitriolaient, dans leurs écrits, tous les dissidents de gauche.

Lorsque la vérité vit enfin le jour, les "intellectuels" de New-York, Paris et Londres feignèrent l'indignation pour avoir été utilisés, aussitôt, la CIA contre-attaquait. Tom braden, qui dirigeait la section des Organisations Internationales de la CIA, les démasqua en exposant comment tous savaient très bien qui les stipendiait et qui signait les chèques. (pages 397-404 du livre de Saunders).

D'accord avec Braden, la CIA finança cette bouillon littéraire, nom donné,par un dur de la CIA, Cord Meyer, à cette armée d'intellectuels anti-stalinistes de Hook et Lasky. Se référant aux publications les plus prestigieuses et les plus connues de cette supposée Gauche Démocratique (Encounter/Rencontre, New Leader, Revue du Partisan/ Partisan Review), Braden écrivait que l'argent qu'ils recevaient provenait de la CIA et qu'"un agent de la CIA devint directeur de Rencontre/Encounter". à partir de l'année 1953, "nous opérions ou influencions les organisations internationales à tous les niveaux".

Le livre de Saunders fournit des informations utiles sur les aspects importants des méthodes utilisées par les agents intellectuels de la CIA pour défendre les intérêts impérialistes par le biais d'organisation de façades culturelles.

Elle évalue aussi, dans son livre, les conséquences, à long terme des positions idéologiques et artistiques défendues par les intellectuels de la CIA.

Saunders réfute les affirmations (faites par Hook, Kristol et Lasky) que la CIA et ses fondations amies donnaient de l'aide sans conditions. Elle démontre qu'il était attendu que "les individus et les organisation subventionnés par la CIA agissent comme acteurs d'une guerre de propagande". La propagande la plus effective définie par la CIA était celle qui consistait en ceci "le sujet (la cible de la propagande) se meut dans la direction que l'on veut, pour des raisons que le sujet croit être les siennes."

De temps en temps, pour donner le change, la CIA permettait une parlotte sur la réforme sociale. Ce qui l'intéressait au plus haut point, elle le finançait et l'entretenait généreusement, c'était la polémique anti-staliniste et les diatribes littéraires contre les marxistes occidentaux et les écrivains et artistes soviétiques. Braden appelle cela la convergence entre la CIA et la "Gauche Démocratique" européenne en lutte contre le communisme.

La collaboration entre la "Gauche Démocratique" et la CIA inclue le bris de grèves en France, les délations de stalinistes (par Orwell et Hook) et des campagnes de calomnie pour empêcher que la valeur des artistes de gauche ne soit pas reconnue, comme par exemple la proposition de prix Nobel à Pablo Neruda en 1964.

La CIA, bras séculier des États-Unis d'Amérique, centré sur la guerre froide culturelle, se concentra sur l'Europe immédiatement après la 2 è guerre mondiale. Ayant souffert de plus de deux décennies de guerres capitalistes, de dépression et d'occupation d'après guerre, l'immense majorité des intellectuels et syndicalistes européens étaient anti-capitalistes et particulièrement critiques des prétentions hégémoniques des É.U.

Pour contrecarrer l'attraction du communisme et la croissance des partis communistes européens surtout en France et en Italie, la CIA élabora un programme à deux niveaux. Au premier niveau, comme le décrit Saunders, on assurait la promotion de certains auteurs européens dont on s'assurait qu'ils étaient "explicitement anticommunistes"

Les critères des commissaires culturels de la CIA utilisés pour décider si les "textes sont bons" incluent entre autres: "toute critique de la politique extérieur soviétique et du communisme comme forme de gouvernement que nous considérons objective (sic), écrite de façon convaincante, et opportune." .

La CIA portait un grand intérêt à publier des auteurs ex-communistes désillusionnés comme Silone, Koestler et Gide. Elle assurait la promotion des auteurs anti-communistes, en finançant des conférences fastueuses à Paris, Berlin et Bellagio (lac de Côme), ou des philosophes comme Isahia Berlin, Daniel Bell, Czeslow Milosz prêchaient leurs valeurs (et les vertus de la liberté et de l'indépendance intellectuelle occidentale), à l'intérieur des paramètres anti-communistes et pro-américains tels que définis par leurs bienfaiteurs de la CIA.

Aucun de ces prestigieux intellectuels n'osaient se risquer à émettre un doute ou poser une question au sujet du soutien accordé par les É.U. aux massacres massifs en Indochine, sur la guerre d'Algérie, sur la chasse aux sorcières des intellectuels américains dissidents ou les lynchages paramilitaires dans le sud.

Se préoccuper de telles banalités aurait fait le jeu des communistes, selon des Sydney Hook, Melvin Lasky et les gens de la Revue Partisan, qui cherchaient fébrilement des fonds pour leurs opérations littéraires pratiquement en faillite. La plus part de ces supposées prestigieuses publications littéraires et politiques anticommunistes auraient disparu rapidement, sans le soutien financier de la CIA qui achetait des milliers de copies pour, ensuite les distribuer gratuitement.

Le deuxième niveau du programme culturel sur lequel opérait la CIA, était beaucoup plus subtil. Elle assurait la promotion d'orchestres symphoniques, des expositions d'art, des ballets. des groupes de théâtre, ainsi que des musiciens de jazz et d'opéra avec l'objectif explicite de neutraliser le sentiment anti-impérialiste en Europe et faire apprécier la culture et le gouvernement des États Unis. L'idée consistait à exhiber la cultures des É.U., pour obtenir l'hégémonie culturelle et ainsi bâtire la structure de soutien de son empire militaro-économique.

La CIA aimait spécialement envoyer des artistes de couleur en Europe, surtout des chanteurs (comme Marion Anderson), des écrivains et des musiciens (comme Louis Armstrong), pour neutraliser l'hostilité européenne envers les politiques intérieures racistes de Washington. Si l'un d'entre eux, au lieu de se conformer strictement au guide de comportement dicté par la CIA, s'aventurait à émettre des critiques explicites, il se voyait rayé de la liste, comme ce fut le cas pour l'écrivain Richard Wright.

Le degré de contrôle politique de la CIA sur l'agenda intellectuel des activités artistiques apparemment apolitiques fut démontré clairement par la réaction des éditeurs de Rencontre/Encounter (Lasky, Kristoll et d'autres) au sujet d'un article soumis par Dwight MacDonald.

MacDonald, un intellectuel anarchiste non-conformiste, fut pendant quelque temps un collaborateur du Congrès Pour la Liberté de la Culture dirigé par la CIA et Rencontre/Encounter. En 1958 il écrivit un article intitulé "America America", dans lequel il exprime sa répugnance face à la culture de masse américaine, son matérialisme vulgaire et son manque de civilité. C'était un rejet des valeurs américaines qui constituaient le fer de lance de la propagande américaine dans la guerre froide culturelle contre le communisme.

L'attaque de MacDonald contre l'empire américain décadent, fut plus que ne pouvait supporter la CIA et ses agents intellectuels de Rencontre. Comme l'indiquait Braden "on ne doit pas exiger, des organisations qui perçoivent des fonds de la CIA, de soutenir tous les aspects de la politique américaine", mais inévitablement il y avait une limite à ne pas franchir, surtout lorsqu'il s'agissait de la politique étrangère des É.U.

Malgré son ancienneté à Encounter, MacDonald fut renvoyé et l'article rejeté. Les prétentions hypocrites, des écrivains de la Guerre Froide, comme Nicolas Chiaromonte qui écrivait dans la seconde édition de Encounter "le devoir auquel chaque écrivain ne peut échapper, sans se dévaloriser, est de dénoncer les fictions et refuser à appeler "vérités", les "mensonges utiles", ne s'appliquaient certainement pas à Encounter et sa liste de distingués collaborateurs lorsqu'il s'agissait de propager des "mensonges utiles" à l'Occident américain.

La discussion la plus importante et fascinante du livre de Saunders porte sur le fait que la CIA et ses alliés du Musée d'Art Moderne (sigle anglais : MOMA - Museum Of Modern Art) investirent de grandes sommes d'argent pour la promotion de la peinture abstraite expressionniste ou PAE, et à celles des peintres qui la produisait, pour en faire un antidote contre l'art à contenu social.

Pour assurer le mécénat de la PAE, la CIA dû passer outre aux récrimination de la droite du Congrès américain. Car ce que voyait la CIA dans la peinture abstraite expressionniste, était une idéologie anti-communiste, l'idéologie de la liberté de la libre entreprise. En effet, ce type de peinture n'étant pas figuratif, il était aussi politiquement muet, par la forme même de son genre, et s'opposait au réalisme socialiste.

Les gens de la CIA vendait la PAE comme étant la véritable expression de la volonté nationale. Pour désarmer les critiques de la droite américaine, la CIA se alla demander de l'aide au secteur privé, plus spécialement au MOMA et à son co-fondateur, David Rockefeller qui définissait la PAE en ces termes: "La peinture de la libre entreprise". De nombreux directeurs du MOMA provenaient de la CIA et étaient plus que disposés à aider et promouvoir la PAE comme arme de la Guerre Froide Culturelle. Des vernissages et expositions de PAE, totalement subventionnés, furent organisés à travers toute l'Europe, la CIA mobilisa également les critiques d'art, les revues d'art se mirent à fabriquer comme des saucisses une suite d'articles débordant d'éloges munificents.

La PAE comme "Idéologie de l'art libre" , telle que l'appelait George Kennan (1), fut utilisée pour attaquer les artistes politiquement engagés en Europe. Le "Congrès pour la Liberté de la Culture" , façade de la CIA, mit tout son poids, dans cette entreprise politique explicite, derrière la peinture abstraite contre la peinture figurative ou réaliste. Saunders commente le rôle politique de la PAE et signale: "Une des caractéristiques extraordinaires du rôle joué par la peinture américaine durant la guerre froide culturelle ne réside pas tellement dans le fait qu'elle fit partie de l'entreprise privée, mais qu'un mouvement qui se déclarait si fortement apolitique, était en fait un acte politique virulent."

La CIA associa les artistes et l'art apolitique à la notion de liberté. Cette manipulation avait pour objectif de neutraliser les artistes de la gauche européenne. Ironiquement, cet apolitisme était uniquement destiné à la consommation de la Gauche. De tout façon la CIA et ses organisateurs culturels purent modeler profondément la scène artistique de l'après guerre. De nombreux écrivains, poètes, artistes et musiciens proclamaient leur indépendance de la politique et déclaraient leur foi en l'art pour l'art. Le syndrome de l'artiste ou de l'intellectuel libre, déconnecté de l'engagement politique, gagna du terrain jusqu'à nos jours.

Bien que Saunders ait présenté la structure parfaitement détaillée des liens entre la CIA et les intellectuels et artistes occidentaux, elle omet d'explorer les raisons profondes qui obligèrent la CIA à utiliser la duplicité et le contrôle contre la dissidence politique. Sa discussion porte surtout sur le contexte de la rivalité politique et du conflit avec le communisme soviétique. Il n'y a aucune tentative sérieuse de situer la Guerre Froide Culturelle de la CIA dans le contexte de la lutte des classes, des révolutions indigènes du tiers-monde et des défis posés par les marxistes indépendants contre la domination économique impérialiste des É.U.

Cela conduit Saunders à faire l'éloge sélectif de certaines entreprises de la CIA et de certains de ses agents. Au lieu de voire la guerre culturelle de la CIA comme l'un des rouages de l'impérialisme, Saunders tend à en critiquer le caractère trompeur et ouvertement réactionnaire. La conquête culturelle de l'Europe de l'Est et de l'ancienne URSS par les É.U. et l'OTAN devrait dissiper rapidement l'illusion que l'on pourrait se faire sur le caractère "défensif " de cette guerre culturelle.

Les origines mêmes de la Guerre Froide culturelle ont leurs racines dans la lutte de classes. Depuis le commencement, la CIA et ses agents de l'AFL-CIO (la centrale syndicale américaine) ont dépensé des millions dans la subversion des syndicats militants et dans les bris de grèves. Irving Brown et Jay Lovestone (2).

Depuis la seconde guerre mondiale, grâce au la perte de crédibilité, en Europe, de l'ancienne droite compromise par ses relations avec les fascistes et à cause de la faiblesse du système capitaliste européen, la CIA comprit que pour démolir les syndicats et les intellectuels opposés à l'OTAN, il fallait "trouver" ou inventer une Gauche Démocratique pour entamer le combat idéologique.

Un secteur spécial fut mis sur pied au sein de la CIA pour éviter les objections des parlementaires de la droite américaine. La Gauche Démocratique fut utilisée pour combattre la Gauche Radicale et, en même temps, donner un vernis idéologique à l'hégémonie américaine en Europe.

À aucun moment il ne fut permis aux soldats idéologiques de la gauche démocratique d'altérer les politiques ou l'équilibre des intérêts stratégiques américains. Leur rôle ne consistait pas à poser des questions ou formuler des exigences, mais seulement de servir l'Empire au nom des "valeurs occidentales". Ce n'est seulement qu'à partir du moment où une opposition massive contre la guerre au Vietnam fit son apparition, et que furent exposées différentes façades de la CIA que de nombreux intellectuels promus et stipendiés par la CIA désertèrent et commencèrent à critiquer la politique étrangère des É.U.

En exemple, nous avons Stephen Spender qui passa la plus grande partie de sa carrière en figurant sur le livre de paie de la CIA, se convertit du jour au lendemain en critique de la guerre au Vietnam, comme le firent également certains des collaborateurs de la revue Partisan. Tous clamèrent leur innocence et leur ignorance, mais peu de leurs critiques crurent pour un instant qu'une liaison aussi longue et aussi profonde, après tant de publications, et tant de voyages payés pour assister à des congrès, et tant d'argent, ils ne se soient jamais rendu compte de rien.

La participation de la CIA dans la vie culturelle des États Unis, de l'Europe et d'autres régions du monde a eu des conséquences importantes à long terme. De nombreux intellectuels furent récompensés par le prestige, la reconnaissance publique et des fonds de recherches, pour avoir opéré à l'intérieur des limites idéologiques fixées par la CIA. Les personnes les plus importantes en philosophie, en éthique politique, sociologie et art, qui doivent leur succès à leur exposition publique dans les conférences et les publications financées par la CIA, continuèrent d'établir les normes et les standards pour la nouvelle génération, en se basant toujours sur les paramètres fixés par l'Agence. Ce ne fut jamais la compétence ou le mérite, mais la ligne politique - de Washington - qui définit la "vérité" et "l'excellence", auprès de l'académie dans les prestigieux établissement universitaires (comme Yale, Harvard ou Georgetown, par exemple), ainsi qu'auprès des fondations et des musées.

Les éjaculations rhétoriques anti-stalinistes des États-Unis et de la "Gauche Démocratique" européenne et leurs proclamations de foi aux valeurs démocratiques et à la liberté, ne furent jamais qu'une couverture idéologique utile à la réalisation des projets abjectes de l'Occident. Une fois de plus, durant la guerre récente de l'OTAN contre la Yougoslavie, de nombreux intellectuels de la Gauche Démocratique ont soutenu les États-Unis et le KLA dans leurs purge sanglante de dizaines de milliers de Serbes et l'assassinat de nombreux civils innocents. Si l'anti-stalinisme fut l'opium de la Gauche Démocratique pendant la guerre froide, l'interventionnisme humanitaire produit les même effets soporifiques et trompe une fois de plus les gauchistes démocratiques contemporains.

Les campagnes culturelles de la CIA ont créé le prototype de l'intellectuels, de l'universitaire et de l'artiste apolitique, détaché de l'actualité, dépolitisé, et divorcé d'avec les luttes populaires et dont la valeur augmente proportionnellement à la distance qu'il maintient avec les classes ouvrières , et la proximité qu'il cultive avec les Fondations prestigieuses. Le principal rôle de la CIA, patron du professionnel à succès, consiste en celui de gardien idéologique qui exclue les intellectuels critiques qui abordent le sujet de la lutte de classes, l'exploitation classique et l'impérialisme américain, sous prétexte qu'il s'agit de catégories idéologiques, donc, dépourvues d'objectivité.

Le côté le plus néfaste des intellectuels du Congrès pour la Liberté de la Culture, sous la coupe de la CIA, ne fut pas seulement la défense des politiques impérialistes des É.U., mais sa réussite à imposer aux générations successives d'intellectuels, l'idée de l'exclusion de toute discussion prolongée sur l'impérialisme des É.U. dans les milieux culturels et politiques influents.

Le problème n'est pas que les intellectuels puissent ou ne puissent pas prendre une position progressiste sur un sujet ou un autre.

Le problème réside principalement dans la croyance maintenant ancrée chez les écrivains et artistes que les thèmes sociaux et l'expression de positions politiques anti-impérialistes ne doivent pas apparaître dans leur musique, leur peinture, ou leurs écrits, sous peine de voir leur travail dévalorisé et dénué de tout mérite artistique substantiel.

La victoire politique durable de la CIA aura été d'avoir réussi à convaincre les intellectuels que l'engagement politique sérieux et durable est incompatible avec l'épanouissement artistique, ou la qualité de l'érudition.

Actuellement les valeurs de la Guerre Froide de la CIA sont visibles et dominent largement le théâtre et les galeries d'art, ainsi que les réunions de profesionnels académiques. Qui oserait mettre l'empereur à nu ?

Article du PTB, Trad. Sinbad



Séminaire communiste international « Impérialisme, fascisation et fascisme », Bruxelles, 2 au 4 Mai 2000

Herwig Lerouge (PTB)
1). Plus de cinquante ans après la victoire sur le fascisme, le monde entier connaît une crise sans précédent qui engendre le nouveau fascisme. A l’échelle mondiale, nous voyons monter les forces réactionnaires et fascistes. La fascisation de l’Etat progresse tant dans les pays capitalistes développés que dans les nouveaux pays capitalistes à l’Est, dans l’ex-Union soviétique et dans le tiers monde.
2). Il y a un lien direct entre la prétendue "victoire historique de la démocratie sur le communisme" en 1989 et la montée du fascisme dans tous les pays impérialistes et les anciens pays communistes. La vague anticommuniste qui a déferlé sur tous les partis politiques en 1989 était une remise à l’honneur de l’idéologie des nazis. Pour vaincre les forces communistes, l’impérialisme a dû mobiliser partout la racaille fasciste. Les nazis allemands, flamands, croates et autres sont les assassins les plus barbares de l’histoire de l’humanité. En Union soviétique, ils ont tué 23 millions de personnes. Les assassins fêtent aujourd’hui leur victoire. Le sénateur Verreycken, membre du parti flamand fasciste Vlaams Blok, disait en, 1995 au Sénat belge : "Les soldats du front de l’Est ont compris il y a cinquante ans ce que nous pouvons savoir maintenant : le communo-socialisme est une folie meurtrière. Les fautes possibles du Troisième Reich n’étaient pas les fautes des combattants du front de l’Est. Et aujourd’hui, il est apparu clairement qu’ils avaient raison dans les grandes lignes". Aujourd’hui, les fascistes exigent que leur passé soit réhabilité. Le Vlaams Blok écrit : ´ Après l’effondrement de la terreur rouge, tout le monde s’accorde à dire que le communisme était inhumain et inefficace, mais ceux qui il y a un demi siècle ont soufferts et sont morts pour cette conviction, demeurent des parias dans cette société ’.
3). L’anticommunisme rabique qu’ont déversé nos médias depuis 1988 est la raison idéologique principale du progrès des organisations fascistes en Europe. Tous les partis bourgeois ont été submergés par cette vague d’anticommunisme. Des positions que jusque là n’apparaissaient que dans les publications d’extrême droite ont été servies comme des évidences dans la presse ´ pluraliste ’. La destruction de ce qui restait du socialisme en Europe de l’Est et en Union soviétique a été acclamée au parlement belge par tous les partis, des fascistes aux sociaux-démocrates et aux écologistes. C’est principalement l’anticommunisme qui rend tous les partis bourgeois perméables au fascisme. Un député fasciste s’est félicité de l’unanimité de tous les partis représentés pour soutenir la contre-révolution roumaine. Il a rappelé aux partis bourgeois que jusque là, la qualification de ce régime comme ´ totalitaire, dominé par le Parti communiste, dans lequel les droits de l’homme étaient continuellement enfreints, les minorités opprimées et dans lequel il n’était pas question de liberté ni de démocratie a dans le passé, été souscrite par la droite et par elle seule ’.
4). Depuis le début de ce siècle, seul le mouvement communiste a représenté une menace réelle pour le pouvoir du capital. Dès ce moment, la social-démocratie accepte la dictature du capital comme le fondement inébranlable de la société.
5). De tous les courants politiques bourgeois qui combattent le communisme, le fascisme est la forme d’anticommunisme la plus rabique et la plus violente. L’anticommunisme et l’antimarxisme sont les points fondamentaux de la doctrine fasciste. Ils ont toujours été le principal atout idéologique entre les mains du fascisme mondial. La démagogie nationaliste et raciste divise parfois les fascistes. L’anticommunisme par contre constitue leur ciment le plus inusable. De la première à la dernière page de Mein Kampf, Hitler prêche la "destruction du marxisme et du bolchevisme, qui est un crime abominable contre l’humanité". ´ Le fascisme s’assigne comme tâche principale la destruction de l’avant garde révolutionnaire, c’est à dire des éléments communistes du prolétariat et de leurs cadres ’, dit Palme Dutt.
Les premières cellules fascistes en Allemagne ont vu le jour en 1918. Les officiers d’extrême droite de l’armée impériale ont formé les Corps Francs responsables, sous la direction du gouvernement social-démocrate, de la répression sanglante de la révolution allemande et de l’extermination d’une grande partie de l’avant-garde communiste. Le capitaine von Pabst qui commanda l’assassinat des dirigeants communistes Rosa Luxembourg et de Karl Liebknecht en faisait partie. Il était aussi le dirigeant du ´ Secrétariat-général d’étude et de lutte contre le bolchévisme ’ créé avec l’argent du magnat de l’industrie Stinnes. C’est dans ces cercles que Hitler a recruté ses premiers cadres. Dès 1923, Hitler a levé en Allemagne le drapeau de l’anticommunisme et, dix ans plus tard, après sa prise du pouvoir, il a écrasé le glorieux Parti Communiste allemand.
6). Même l’antisémitisme servait en premier lieu à la lutte anticommuniste. En 1919, avant d’être envoyé comme espion de l’armée dans un petit parti fasciste, Hitler suit un cours de formation donnée par un certain Feder. ´ C’est là que j’ai compris pour la première fois la signification de l’antisémitisme pour la lutte contre le marxisme ’, dira-t-il dans Mein Kampf.
7). Le fascisme allemand est arrivé au pouvoir avec l’arme de l’anticommunisme. Le fascisme allemand a mené la Seconde Guerre mondiale au nom de la lutte contre le judéo-bolchevisme. Hitler a tenté de rassembler toute l’Europe occidentale sous la domination allemande et au nom de la croisade contre le communisme.
Hitler en 1923 : ´ Depuis des siècles, la Russie sous les Tsars, était dirigé par un noyau germanique. (Mais avec la révolution bolchevique, les juifs accédèrent au pouvoir. Le peuple russe subissait alors le sort des esclaves, l’oppression continuelle. En Russie le juif a tué environ trente millions de personnes en partie à cause des tortures inhumaines, en partie à cause de la famine. (...) Nous devons considérer le bolchevisme russe comme la tentative mise en oeuvre par le judaïsme pour parvenir à la domination du monde ’. Cette propagande faisait office de justification à la politique d’expansion allemande et d’annexion de territoires, ouvertement menée contre l’Union Soviétique. En 1926, il lança le mensonge des ´ 30 millions de victimes du bolchevisme ’.
8). L’anticommunisme est aussi le pont le plus fréquenté pour passer d’un parti bourgeois au fascisme.
En Belgique, au cours des années trente-quarante, de nombreux dirigeants de partis bourgeois sont passés au fascisme ou ont soutenu celui-ci sur la base de l’anticommunisme. Tous reconnaissaient à Hitler le grand mérite : d’avoir su réprimer en Allemagne, le danger bolchevique. Encouragés par les évêques, des milliers de jeunes catholiques se sont engagés dans les Waffen SS pour lutter contre le bolchevisme au Front de l’Est. Le terrain avait été préparé par les intellectuels catholiques aux universités : ´ On peut penser ce qu’on veut du fascisme, mais on ne peut pas nier ses bonnes intentions et sa volonté de faire un travail constructif. Le premier souci de la dictature russe (au contraire) était de tout détruire ’. Cela se trouve dans un livre de l’assistant à l’UCL John Mignot, écrit en 1933. Le Vatican a encouragé les fascistes espagnols, italiens et oustachis et a protégé la fuite de milliers d’assassins fascistes après la guerre.
L’antimarxisme du dirigeant du Parti Ouvrier Belge et ancien marxiste, Henri Deman a amené celui-ci à accueillir avec joie les troupes allemandes en 1940, à dissoudre son parti et à mettre sur pied un syndicat fasciste. Cela n’est pas étonnant quand on sait qu’en 1930, Kautsky, l’idéologue en chef de la social-démocratie, appelle les paysans russes ´ mécontents de l’expérience des kolkhozes ’ à se soulever contre le ´ régime bolchevique qui soumet les ouvriers et les paysans à l’arbitraire illimitée d’une secte, les communistes ’.
Sous le mot d’ordre de la lutte contre les deux extrêmes, les dirigeants sociaux-démocrates de la République de Weimar (1919-1933) ont combattu les communistes et protégé les fascistes. Ces dirigeants socialistes savaient d'avance que -, soit ils s'alliaient aux communistes, - soit ils propulsaient les Nazis au pouvoir ! Et ils ont choisis de laisser faire les nazis.
9). Le combat anticommuniste d’Hitler a toujours joui de l’approbation et du soutien de toute la grande bourgeoisie européenne.
Dès 1934, Staline a proposé à la France et à l’Angleterre de former une alliance contre l’expansionnisme hitlérien. Les puissances occidentales s’y sont refusées et se sont acoquinées avec Hitler pour lui livrer l’Autriche d’abord, la Tchécoslovaquie ensuite. Tout au long des années trente, des capitaux américains ont afflué en Allemagne et l’ont aidée à mettre en place la machine économique de guerre. En 1939, l’Angleterre et la France ont encouragé Hitler à chercher à l’Est "l’espace vital" nécessaire à l’impérialisme allemand. Ils lui permettraient d’occuper la Pologne pour qu’ensuite il se lance dans la bataille finale contre le bolchevisme haï.
Staline a habilement saisi une proposition allemande et japonaise et il a conclu des pactes de non-agression avec ces deux puissances expansionnistes. Il a ainsi pu briser le complot visant à détruire l’Union soviétique grâce au front uni de toutes les puissances impérialistes, le bloc fasciste Allemagne-Japon-Italie menant la guerre avec le soutien tacite de l’Angleterre et de la France.
Lorsque Hitler s’est emparé de la Pologne, l’Angleterre et la France se sont vues obligées de lui déclarer la guerre... sans tirer un coup de feu contre les nazis. C’était la "drôle de guerre". Ensuite, les fascistes finlandais, de connivence avec Hitler, ont refusé que l’Union soviétique prenne les dispositions nécessaires pour pouvoir défendre Leningrad. L’Union soviétique a mené des opérations militaires contre la Finlande, repoussant les forces fascistes des alentours immédiats de Leningrad. A ce moment, l’Angleterre et la France, qui n’ont pas levé le petit doigt quand Hitler a envahi l’Autriche, la Pologne et la Tchécoslovaquie, ont mobilisé 150 000 soldats et quantité de matériel de guerre pour aller combattre l’Armée rouge en Finlande. Même la Société des Nations, restée inerte lors des agressions précédentes s’est réveillée pour ...expulser l’URSS. ´ L’ère du droit n’est pas encore revenue. Mais le geste symbolique que la Société des Nations vient de faire en expulsant la Russie coupable est l’heureux présage d’un avenir où la suprématie de la force sur le droit sera définitivement éliminée ’. Toute ressemblance avec la situation actuelle à propos de l’Irak ou de la Yougoslavie n’est pas fortuite.
L’Union soviétique courait à nouveau le risque de devoir affronter le front uni de toutes les puissances impérialistes coalisées. Mais la guerre contre la Finlande fut rapidement conclue par la capitulation finlandaise et l’accord de mars 1940. Entre-temps, les dirigeants français, Daladier et Pétain, avaient interdit le Parti Communiste français, l’accusant d’être au service de l’Allemagne...
Grâce au Pacte, Staline a gagné un répit de 22 mois qui lui a permis de renforcer de façon décisive la défense soviétique. Lorsque Hitler a agressé l’Union soviétique le 22 juin 1941, un front uni antifasciste réel a pu se former entre l’Union soviétique, l’Angleterre et les Etats-Unis. Mais juste avant de déclencher l’agression, Hess, le second d’Hitler, était parti en Angleterre pour proposer une alliance antibolchevique à laquelle une partie de la bourgeoisie anglaise était favorable. Les dirigeants français proches de Pétain, qui avaient interdit le Parti Communiste, collaboraient avec l’occupant allemand et le PCF devint la principale force de la résistance.
Pendant la période la plus terrible pour l’Union soviétique, de juin 1941 à janvier 1943, les puissances occidentales refusèrent de créer un deuxième front sur le continent européen, seul moyen d’alléger le fardeau insupportable de l’Union soviétique. Dès 1943, Allan Dulles, qui dirigeait les services secrets américains en Europe, entra en contact avec des hommes d’Himmler et avec des généraux allemands pour renverser les alliances, faire une paix séparée et marcher ensemble contre le bolchevisme. Après le débarquement en Normandie, le général Patton proposa de se rallier quelques divisions allemandes et de marcher sur Moscou. Seule la politique intelligente de Staline a rendu possible l’alliance antifasciste pendant la guerre, et c’est l’effort titanesque de l’Union soviétique qui, au prix de 23 millions de morts, a brisé l’échine de la bête fasciste.
10). Dès 1945, des milliers de criminels nazis du plus haut niveau, dont le général Gehlen, le chef des services secrets des SS, Schellenberg et le bourreau de Lyon, Klaus Barbie, furent intégrés dans les services secrets occidentaux pour combattre l’Union soviétique. En 1953, les agents de Gehlen jouent un rôle important dans le soulèvement à Berlin. Ils sont à nouveau là en Hongrie en 1956.
11). Sous Reagan et Thatcher, de vieux écrits anticommunistes rédigés par les nazis ont été réédités et ils sont devenus la nourriture commune de tous les partis bourgeois occidentaux. Dans la Ligue anticommuniste mondiale se retrouvent les anciens nazis, les dictateurs pro-américains du monde entier et la droite au pouvoir dans de nombreux pays impérialistes. Ils sont le moteur de la guerre non-conventionnelle contre les régimes ´communistes’ dans le monde entier comme au Nicaragua, au Laos, au Vietnam, en Angola, en Mozambique. En 1985 leur anticommunisme fanatique semblait encore marginal. Aujourd’hui, pratiquement tous les partis bourgeois reprennent le slogan de Reagan sur ´le communisme, c’est l’empire du mal’.
12). Il serait faux de passer sous silence le service incalculable qu’a rendu à toutes les forces anticommunistes la trahison de Kroutchev. Il a dénoncé l’œuvre de Staline dans des termes qui jusque là n’étaient utilisés que par l’extrême droite. Il a introduit l’opportunisme et l’anticommunisme dans le parti communiste. Après 35 ans de campagne anticommuniste Gorbatchev pourra se déclarer pendant le 28ème congrès partisan du capitalisme, de l’économie de marché et de la libre entreprise. Un an plus tard Eltsine réintroduira les symboles du tsarisme.
13). Aujourd’hui, la fascisation progresse dans toute l’Europe sous le slogan : "Le fascisme hitlérien et le communisme stalinien sont des frères jumeaux".
C’est dans les années trente que les partis bourgeois ont lancé pour la première fois ce slogan. A cette époque, ce slogan était une insulte que lançaient aux partis fascistes les partis bourgeois, menacés dans leur rôle de gestionnaires du capitalisme par ceux-ci. Rien de pire que le communisme. L’anticommunisme étant la base commune à ces deux courants de l’ordre politique bourgeois. Le slogan servait aussi à maintenir les ouvriers antifascistes dans le giron des partis bourgeois, à les écarter des partis communistes, seule force antifasciste et anticapitaliste conséquente. Le slogan ´Le fascisme hitlérien et le communisme stalinien sont des frères jumeaux’, fut ensuite adopté par les nazis battus en 1945 qui furent intégrés dans les services secrets occidentaux pour continuer le combat pour la destruction du communisme entamé par Hitler en 1923. Financés et aidés par la CIA, ces nazis ont inondé le monde d’un déluge de mensonges sur les ‘crimes’ et les ‘holocaustes’ de Staline. Ces mensonges servaient d’abord à relativiser, puis à justifier l’holocauste d’Hitler. Pour justifier leurs crimes, les fascistes avaient besoin d’une quantité supérieure de morts, victimes de l’Union soviétique, régime sanguinaire d’ailleurs soutenu par les… Juifs !
Depuis 1989, ce slogan est devenu comme une sorte de dogme qu’il n’est plus nécessaire de prouver. En Belgique, un dirigeant Ecolo le remet au centre du débat pour demander aux progressistes de dresser un cordon sanitaire autour du Parti du Travail de Belgique. Aujourd’hui, l’impérialisme règne à nouveau pratiquement seul sur la planète et il avance sous son vrai visage, sans masque : l’impérialisme, partout dans le monde, c’est le fascisme, la drogue, la militarisation et la guerre. Mais le conditionnement des cerveaux, entrepris par la grande bourgeoisie répète que le système occidental représente "la démocratie, la liberté et les droits de l’homme". L’anticommunisme, qui se présente souvent sous la forme d’anti-stalinisme pour des raisons tactiques, s’oppose à l’idée que la domination du grand capital n’est pas éternelle. Il s’oppose à toute forme de lutte révolutionnaire et socialiste contre le capitalisme mondial. Il n’y aurait pas d’alternative au système impérialiste et le fait de proférer l’idée que nous ne sommes pas à la fin de l’histoire est déjà un acte criminel.
14). Dans l’ensemble du monde capitaliste développé, la crise devient de plus en plus dramatique. La révolution technologique crée les moyens nécessaires pour donner aux hommes une vie riche, digne et libre. Mais, aux mains des patrons, elle devient un moyen de détruire toutes les conquêtes de la classe ouvrière depuis le début du siècle. Dans ces conditions, la fascisation est une nécessité pour mater, par la répression violente, la résistance des travailleurs et pour se préparer à des guerres extérieures.


La famille Bush et le prix du sang versé par les nazis
Signs Of Low Expectations
"...as you know, I like to keep expectations low."
G. W. Bush ; (Source : The White House)
Pre-emptive Electioneering ?
"Our nation seeks a more just and more peaceful world. 
Our nation seeks a safer and better world." 
G. W. Bush ; (Source : The White House)
Par Victor Thorn, Babel Magazine, 20 octobre 2002 (Source : www.politique-info.com)
Vous êtes-vous jamais demandé comment Adolf Hitler, un artiste misérable qui vivait dans des asiles de nuit, fut à même de devenir le dieu et führer prééminent de l'Allemagne dans les années 30 et 40 ? Ce que je veux dire, c'est : combien de quasi-sans-abri connaissez-vous qui ont vu une telle chance leur tomber dessus ? Vous pourriez en connaître autant que vous voulez, le phénomène nazi fut tout sauf un hasard. Au contraire, ce furent les banquiers de Wall Street (entre autres) qui furent les financiers cachés de cette fulgurante ascension vers le pouvoir. Ce qui est encore plus regrettable, c'est le fait que la famille de notre actuel président faisait partie des personnes qui ont financé la machine de guerre nazie, tout en en tirant des profits énormes. Les auteurs Webster G. Tarpley et Anton Chaitkin, dans « George Bush : The Unauthorized Biography » (GB : une biographie indésirable), résument la situation comme suit : « En décidant que Prescott Bush [le grand-père de George W. Bush] et les autres directeurs de l'Union Banking Company (UBC) étaient légalement des Prête-noms pour les nazis, le gouvernement éludait le problème historique le plus important : Dans quelle mesure les nazis de Hitler furent-ils eux-mêmes payés, armés et instruits par les cliques de New York et Londres dont Prescott Bush était l'un des directeurs exécutifs ? »
Ainsi donc, avant d'entrer dans les éléments essentiels de cet article, je commencerai par vous dire que ce que vous allez lire ici n'a rien d'un scoop. C'est déjà disponible au départ de toute une série de sources et n'allez donc pas imaginer que je vais défricher de nouveaux terrains. Mon but est plutôt de dégager un aperçu de la manière dont les services de renseignements hollandais et les dossiers du gouvernement américain confirment de façon indubitable » les liens directs entre Prescott Bush, la famille Thyssen et les profits de mort tirés de « notre » Seconde Guerre mondiale. Ces profits ont été amassés via l'UBC, au sein de laquelle Prescott Bush et son beau-père, George Herbert Walker, unirent leurs forces en compagnie de l'industriel allemand Fritz Thyssen et financèrent Adolf Hitler avant et pendant le Seconde Guerre mondiale. Maintenant, même si un grand nombre d'autres sociétés aidèrent les nazis (comme la Standard Oil et la Chase Bank de Rockefeller, ainsi que de grands constructeurs automobiles américains), les intérêts de Prescott Bush furent bien plus profonds et sinistres. Non seulement, les liens financiers étaient davantage impliqués, mais également les liens d'affaires. Ce que j'essaie de dire, c'est ceci : une part importante des assises financières de la famille Bush a été constituée par le biais de leur aide à Adolf Hitler. Pouvez-vous imaginer les ramifications d'une telle affirmation ? L'actuel président des Etats-Unis, ainsi que son père (ancien président, vice-président et directeur de la CIA) sont arrivés au sommet de l'échelle politique américaine parce que leur grand-père et père et leur famille par alliance avaient aidé et encouragé les nazis. Les questions que je voudrais poser maintenant sont les suivantes :
1). Pourquoi le président Bush ne veut-il pas admettre ces crimes familiaux ?
2). Pourquoi les médias ne l'interrogent-ils pas directement sur ces crimes horribles ?
Naturellement, certains peuvent ne pas croire que la famille Bush a aidé directement les Allemands, ce qui, en essence, constituait une trahison contre son propre pays. Mais c'est la triste vérité. Pour le prouver, commençons par le début. En 1922, W. Averell Harriman, ce méprisable magnat du rail, se rendit à Berlin afin d'y rencontrer les membres de la famille Thyssen et de fonder une filiale bancaire. Et qui devint le président de cette banque ? George Herbert Walker, le beau-père de Prescott Bush. Deux ans plus tard, en 1924, l'UBC fut créée en vue d'unir ses forces à la « Bank voor Handel en Scheepvaart » (Banque de Commerce et de Navigation) de Fritz Thyssen. Et qui fut désigné pour diriger directement l'UBC ? Et mieux encore pour Prescott Bush, il y eut le fait que George Herbert Walker lui donna un coup de main incroyable, en 1926, en le bombardant vice-président et partenaire d'affaires dans la Brown Brothers Harriman. Et qui Prescott Bush amena-t-il avec lui dans cette firme ? Une poignée de ses anciens copains de classe de Yale appartenant à la Skull & Bones. De plus, Prescott Bush était l'un des sept actionnaires de l'UBC.
Ici, vous pensez peut-être : la belle affaire ! Rien ne semble sortir de l'ordinaire. Il n'y a là rien de plus que dans les affaires habituelles. Mais les apparences peuvent être trompeuses, comme nous allons le voir d'ici peu. Vous voyez, juste à la fin de ces Années folles que furent les années 20, il se produisit quelque chose qui, lorsqu'on le considère dans le contexte de Prescott Bush, remet toute chose dans sa propre perspective. Une fois de plus, citons les auteurs Tarpley et Chaitkin dans leur Biographie indésirable » : « Le grand krach financier de 1929-1931 ébranla l'Amérique, l'Allemagne et la Grande-Bretagne, affaiblissant tous les gouvernements. Il rendit également le très empressé Prescott Bush plus désireux encore de faire tout ce qui était nécessaire pour garder sa nouvelle place dans le monde. Ce fut lors de cette crise que certains Anglo-Américains décidèrent la mise en place du régime hitlérien en Allemagne. » Et qui allait être l'un des personnages clés pour amorcer la relève de la garde en Allemagne ? Le partenaire de la famille Bush, Fritz Thyssen. Ici, il serait opportun de regarder de plus près le type de personnes que fréquentaient les Bush. Fritz Thyssen fut le premier à faire décoller le parti nazi nouvellement constitué en lui donnant 25 000 dollars au milieu des années 20. En 1931, il rallia le parti nazi et devint bientôt un ami intime d'Adolf Hitler.
Au fil des années, Thyssen finit par devenir « le premier et le plus important financier de Hitler » et il devint l'un des personnages prépondérants dans sa montée vers le pouvoir. Thyssen était fasciné par Hitler, se vantait-il. « Je me rendis compte de ses talents d'orateur et de sa capacité à diriger les masses. Ce qui m'impressionna le plus, toutefois, c'était l'ordre qui régnait durant ses meetings, la discipliner quasiment militaire de ses partisans. » En septembre 1932, Thyssen invita un cadre des industries allemandes à rencontrer Hitler et tout marcha sur des roulettes après que Hitler eut répondu à chaque question, à leur « extrême satisfaction ». Thyssen était si enthousiaste dans ses louanges et dans son soutien qu'il écrivit bientôt un livre intitulé « I Paid Hitler » (J'ai financé Hitler) où il explicite clairement le rôle qu'il joua dans le nazisme depuis octobre 1923. Fritz Thyssen usa également de son influence en mettant en place le German Steel Trust » (Trust sidérurgique allemand), fondé en 1926 par le gros ponte de Wall Street, Clarence Dillon. Et qui fut l'un des assistants de Dillon dans ce projet ? Le père de Prescott Bush, Sam Bush. Par conséquent, Fritz Thyssen devint l'un des hommes prépondérants de la machine de guerre allemande en raison de sa situation au sein du German Steel Trust. Sa famille possédait également un tas de banques (en cachette, bien sûr) permettant aux Thyssen de transférer leur argent de Berlin en Hollande puis, de là, à New York. De cette façon, lorsque la Seconde Guerre mondiale toucha à sa fin, ils n'allaient pas être obligés de renoncer à leurs profits ! Mais, ici, je prends les devants. Comme vous pouvez le voir, durant les années vingt, la famille Thyssen installa trois banques extrêmement importantes :
1). L ‘August Thyssen Bank – Berlin
2). La Bank voor Handel en Scheepvaart - Pays-Bas
3). L'Union Banking Corporation (UBC) - New York City
Ici, nous commençons à nous y retrouver. Pourquoi ? Parce que les Thyssen obtinrent leur financement de départ à partir de deux places et que cela allait leur permettre de lancer leurs opérations d'installation d'une machine de guerre : ces deux « places » étaient la Brown Brothers Harriman et l'UBC. Et qui étaient les personnages clés de ces deux places ? George Herbert Walker et Prescott Bush ! Ainsi donc, l'UBC fut créée pour transférer des fonds entre Manhattan et l'Allemagne via les banques hollandaises de Thyssen. Dans cette tentative, les Thyssen bénéficièrent de l'assistance de la famille royale hollandaise, qui coopéra à cacher leurs comptes dans toute une série de banques hollandaises. Ce détail est important, car l'agent principal de ces opérations fut le prince Bernhard lui-même. Et qu'allait-il créer par la suite ? Réponse : l'infâme groupe Bilderberg, au cours des années 50* ! Dès lors, l'UBC allait devenir un canal secret pour l'argent nazi, puisqu' il partait de l'Allemagne vers les Etats-Unis, en passant par les Pays-Bas. Et quand les nazis avaient besoin de renouveler leurs fournitures, la Brown Brothers Harriman réacheminait leurs fonds directement vers l'Allemagne. Vous commencez à comprendre comment ces opérations fonctionnaient ? L'UBC recevait l'argent depuis les Pays-Bas et la Brown Brothers Harriman le réexpédiait. Et qui faisait partie du Bureau directorial des deux compagnies ? Banco ! Prescott Bush en personne, le premier blanchisseur d'argent des nazis ! Leurs opérations devenaient si flagrantes et si désobligeantes pour les Américains que, le 10 octobre 1942, le gouvernement américain ordonna la saisie de toutes les opérations bancaires nazies à New York City, dont le responsable n'était autre que Prescott Bush.
L'UBC, dirigée par Prescott Bush, fut accusée, sous le coup de la « Loi régissant le commerce avec l'ennemi » et tous ses avoirs visibles furent saisis. Et vous vous rappelez qui je vous ai cité comme propriétaire de tous ces avoirs ? Il n'y avait que sept personnes : Prescott Bush, trois financiers nazis et trois Américains. Mais les mesures énergiques n'allaient pas se terminer là, loin de là. Le 26 octobre 1942, le gouvernement ordonna la saisie de deux autres sociétés de premier plan dirigées par Prescott Bush pour le compte de la société bancaire Harriman :
1). La Holland-America Trading Corporation (Société de commerce hollando-américaine)
2). La Seamless Steel Equipment Corporation (Société d'équipement en acier continu)
Puis, le 11 novembre 1942, une autre société dirigée par Prescott Bush et George Herbert Walker fut saisie, sous le coup de la même « Loi sur le commerce avec l'ennemi », la Silesian-American Corporation. Je ne sais pas si vous allez être d'accord, mais si notre gouvernement est allé jusqu'à ces extrémités pour mettre un terme aux opérations de la famille Bush, il me semble que c'est parce qu'elle était impliquée dans des affaires particulièrement douteuses. John Loftus, que j'ai cité au début de cet article, à dit de cette situation infâmante : « C'est déjà très mal en soi que la famille Bush aida à collecter l'argent de Thyssen pour lancer Hitler dans les années 20, mais le fait d'allouer de l'aide et du soutien à l'ennemi en temps de guerre, c'est de la trahison. La banque de Bush aida les Thyssen à manufacturer l'acier nazi qui tua des soldats alliés. » Tarpley et Chaitkin, dans « George Bush : une biographie indésirable », le disent encore plus sèchement : « La fortune de la famille du président fut principalement une résultante du projet Hitler. » Toujours pas convaincu ? Eh bien ! Que dites-vous de ceci ? L'UBC, dirigée par Prescott Bush, et en coopération étroite avec le German Steel Trust de Fritz Thyssen, intervint dans la machine de guerre nazie dans les proportions suivantes :
- 50.8% fer première coulée ou fonte
- 41.4% fers plats universels
- 36% fers plats lourds
- 38.5% acier galvanisé
- 45.5% conduites et tuyaux
- 22.1% fil
- 35% explosifs
Tous les matériaux repris ci-dessus sont nécessaires pour construire des chars, des avions de combat, des canons et des bombes - en gros, un tiers de toute la machine de guerre allemande et le tout financé non seulement par un nazi déclaré comme Fritz Thyssen, mais aussi par la famille Bush.
Quoi qu'il en soit, si vous n'êtes pas encore assez dégoûté, faisons un petit bond de quelques années. La guerre se termine en 1945 et Fritz Thyssen meurt en 1951. A sa mort, les actionnaires restants de l'UBC liquidèrent leurs avoirs (il s'agissait des mêmes avoirs gelés par le gouvernement en 1942 sous le coup de la « Loi américaine sur les saisie et garde des avoirs étrangers » et qui ne furent pas restitués avant 1951). Et devinez qui en fut l'un des bénéficiaires ? Tout juste : Prescott Bush ! Et combien d'argent reçut-il ? 1,5 million de dollars. Comme par hasard, Monsieur Bush prit possession de cet argent et le consacra directement à la mise en chantier de ses nouvelles affaires. L'aubaine, non ? Pire encore, les copains de Prescott Bush (les mêmes traîtres de Wall Street qui financèrent Hitler) sont également les mêmes qui, par la suite, allait bombarder George Bush, Sr au poste de directeur de la CIA dans les années 70 et l'installer, lui et son fils, à la Maison-Blanche ! Maintenant, vous comprenez pourquoi Dan Rather et le New York Times ne vous livrent pas de genre d'information ? Pour confirmer les détails ci-dessus, de nouvelles informations firent surface en 1996, venant de trois sources différentes :
a). Le journaliste hollandais Eddy Roever
b). Les dossiers confidentiels libérés par la « Loi américaine sur la liberté de l'information »
c). Les Archives sur les saisie et garde des avoirs étrangers ». Les informations en provenance de ces sources donnent une image encore plus dégoûtante de la situation. Il semble que l'UBC à New York était la propriété des Thyssen.
Par conséquent, les principales facilités bancaires de la famille Bush étaient détenues par l'un des nazis de la coulisse les plus notoires de tous les temps, et qui, de plus, était son patron ! La grande question, ici, est de savoir si Prescott Bush était bien conscient de ses liens avec les nazis et de ses brassages d'affaires. Vu toutes les informations fournies dans cet article, je dirais qu'en tant que directeur de l'UBC, il incombait à sa responsabilité ultime de superviser tout investissement, y compris les personnes qui les faisaient et leurs destinations.
Une autre remarque intéressant, c'est que la famille Rockefeller a également investi des sommes faramineuses dans la machine de guerre nazie. Il s'avère que l'UBC fut un élément essentiel dans le blanchiment de l'argent sale en provenance des investissements de la famille Rockefeller en Allemagne, pendant la guerre. Ce scénario devient encore plus intéressant quand nous découvrons que la banque des Rockefeller - la Chase Manhattan - finit par devenir propriétaire à 31% du groupe Thyssen après la Seconde Guerre mondiale !
Ce détail est très important, car TBC (le groupe Thyssen) est la première société industrielle d'Allemagne de nos jours et il vaut 50 milliards de dollars. Le groupe est si gros qu'il a même repris la famille Krupp, d'autres infâmes fournisseurs d'armes des nazis. En soi, le groupe constitue l'une des plus riches sociétés de la planète et d'où vient l'argent de ses débuts ? Des nazis !  
Nous avons ensuite les liens avec les trois principales organisations commerciales secrètes de la planète. Le prince Bernhard, qui fonda Bilderberg, permit à la famille Thyssen de blanchir son argent via la Hollande, alors que les Rockefeller se procuraient presque un tiers du contrôle des intérêts de Thyssen (c'est David Rockefeller qui a fondé la commission trilatérale). Et, enfin, la Brown Brothers Harriman et l'UBC, par lesquelles l'argent nazi était acheminé aux Etats-Unis, fut principalement fondée par les membres de la confrérie Skull & Bones de Yale, dont la plupart furent les instruments de la création du Conseil des Relations étrangères (CFR).
Vous commencez à comprendre comment toutes ces organisations sont interconnectées comme les tentacules d'une pieuvre géante ?
Pour finir, en ce qui concerne la Famille Bush, nous avons discuté dans cet article de la façon dont sa fortune fut constituée sur le dos de l'argent du sang versé par les nazis. De plus, dans un précédent article que j'avais rédigé (voir Babel n° 58), nous avons découvert que la famille Bush a également profité de relations d'affaires avec la famille de Ben Laden et ce, au cours des trente dernières années, et toutes deux appartenaient au Carlyle Group. Sachant ceci, pour quel genre de fidélité et de décisions George W. Bush va-t-il opter ? Celles qui profitent aux simples citoyens des Etats-Unis, ou celles préconisées par ses marionnettistes ? Si vous voulez mon avis, nous nous mijotons de sérieux problèmes.
* Note du traducteur : le sinistre groupe Bilderberg dont fait partie. Mia De Vits, présidente de la Fédération Générale de Travailleurs de Belgique... Eh oui !
Traduit de l’anglais par Jean-Marie FLEMAL


USA : le gouvernement des multinationales
Aux Etats-Unis, les multinationales n'ont pas besoin d'exercer des pressions sur le gouvernement pour faire la guerre. Elles sont le gouvernement. Leurs hauts cadres sont ministres, ministres adjoints, sous-secrétaires d'Etat... Et la rémunération que l'Etat verse à ceux-ci fait figure d'argent de poche par rapport à ce qu'ils touchent du privé.
Baudouin Deckers, Henri Houben, Marco Louvier, 24-03-2003
I - Gouvernement des multinationales
Dans le minuscule aperçu que nous en donnons ici, on constate que ce sont surtout deux secteurs clés de l'économie, le pétrole et l'armement, qui dominent. Ces capitalistes ont choisi de mettre en place (à force de millions de dollars, d'un système électoral biaisé et de fraudes) une équipe qui, depuis des années, s'affirme comme la plus chauvine et militariste du paysage politique US.
 
George W. Bush
Président
·              A été dirigeant dans diverses firmes pétrolières dont Harken.
·              Toute le famille Bush a des intérêts dans le secteur pétrolier, où elle a investit la fortune amassée par le grand-père de l'actuel président lorsqu'il faisait affaires avec les nazis.
Dick Cheney
Vice-président
·              PDG et actionnaire de Halliburton (pétrole, défense, construction). Rémunérations : 35,1 millions $ de salaires + 1 à 5 millions $ d'autres rétributions.
·              Directeur de Procter & Gamble (hygiène). Rémunérations : entre 0,25 et 0,5 million$.
·              Directeur de Brown and Root Saudi (construction). Rémunérations : N/A
·              Actionnaire de Anadarko Petroleum. Rémunérations : entre 0,25 et 0,5 million$.
·              Son épouse Lynn Cheney a repris sa fonction de directeur de Lockheed Martin (armement). Rémunérations : 0,5 à 1 millions$.
Donald H. Rumsfeld
Ministre de la défense
·              Directeur de Gilead Sciences (biotech). Rémunérations : jusqu'à 30 millions $ de stock option.
·              Directeur de, Asea Brown Boveri LTD (nucléaire). Rémunérations : $148 020
·              Associé commanditaire de SCF-III LP (énergie). Rémunérations : $17 000
·              Directeur de Gulfstream Aerospace (filiale de General Dynamics, armement). Rémunérations : 5 000$ .
Colin Powell
Ministre des Affaires étrangères
·              Actionnaire de General Dynamics (aéronautique, défense). Rémunérations : 1 à 5 millions de stock option.
·              Conférencier pour Carlyle Group (la banque du complexe militaro-industriel US). Rémunérations : 100 000$.
·              Honoraires perçus de Arthur Andersen (audit), GE Power Systems (hautes technologies)...
·              Rémunérations : 59 500$ chacun.
·              Directeur de Gulfstream Aerospace. Rémunérations : 5 000$.
Condoleezza Rice
Conseillère du président pour la sécurité nationale
Membre du conseil d'administration de Chevron (pétrole). Rémunérations : entre 0,25 et 0,5 million $.
Robert Zoellick
Représentant des États-Unis pour le commerce extérieur
·              Conseiller de Enron (énergie, en faillite). Rémunérations : 50 000$.
·              Directeur de Said Holdings (commerce d'armement). Rémunérations : moins de 200 000$.
Paul Wolfowitz
Ministre adjoint (n°2) à la Défense
·              Co-président de la «Nunn-Wolfowitz task force» pour Hughes Electronics. Rémunérations : 300 000$.
·              Consultant de Northrop Grumman (aéronautique, défense). Rémunérations : 6 000$.
·              Consultant de BP Amoco (pétrole). Rémunérations : 10 000$.
Dov Zakheim
Sous-secrétaire à la Défense
·              Vice-président de Systems Planning Corporation (consultance de défense). Rémunérations : 277 749$.
·              Conseiller de Northrop Grumman (aéronautique, défense). Rémunérations : 11 000$.
Douglas J. Feith
Sous-secrétaire à la Défense
·              Actionnaire de Sunoco (pétrole). Rémunérations : jusqu'à 650 000 $ de stock option.
·              Président de Feith & Zell (cabinet d'avocats ayant comme clients Loral Space and Communications Ltd et Northrop Grumman). Rémunérations : salaire de 246 045$ + 5 000$ par client.
David S.C. Chu
Sous-secrétaire
à la Défense
Vice-président de Rand Corp. (principale firme de recherche et consultance du Pentagone). Rémunérations : 226 000$.
Edward C. Aldridge Jr.
Sous-secrétaire à la Défense
·              PDG de Aerospace Corp. (recherche dans la défense). Rémunérations : 470 000$.
·              Directeur et actionnaire de United Industrial Corp. (défense). Rémunérations : 35 000$ + jusqu'à 250 000$ de stock option.
·              Directeur de AAI (défense). Rémunérations : 4 000$.
·              Vice-président de McDonell Douglas Electronics (aéronautique militaire, racheté par Boeing). Rémunérations : non connues.
Richard Armitage
Ministre adjoint des Affaires étrangères
·              Président de Armitage Assoc. LLP (consultance pour Raytheon, Boeing, Brown and Root...). Rémunérations : 246 965$.
·              Actionnaire de Coastal Corp. (défense). Rémunérations : 0,5 à 1 million$.
 
«Pourquoi mon pétrole est-il sous leur sable?» Manif à Bruxelles, 15 mars 2003. (Photo Solidaire, Salim Hellalet)

II - Quand le boss de Halliburton devient vice-président des USA...

Dick Cheney est un des exemples les plus éloquents des liens entre l'administration Bush et les plus grandes entreprises de l'armement et de l'énergie.
Avant de devenir vice-président des États Unis, Cheney a été durant cinq ans l'administrateur délégué de la société Halliburton, un des plus grands holdings américains. Ce géant aux activités très diversifiées est surtout actif dans l'industrie du pétrole et de l'armement. Aujourd'hui, Halliburton continue à verser chaque année à son ancien grand patron la modeste somme d'un million de dollars.1
A la tête de la firme, Cheney avait déjà pu doubler le montant des contrats décrochés par Halliburton auprès du gouvernement américain, atteignant 2,3 milliards$ en 2000. En tant que vice-président, il a encore mieux canalisé les commandes. La guerre contre le «terrorisme» rapporte gros à Halliburton. Ainsi, sa filiale KBR a pu construire (pour 33 millions$) le camp de concentration à Guantanamo à Cuba, où sont enfermés dans des conditions inhumaines les présumés membres d'Al Qaida.
Contrat d'après-guerre soumis avant la guerre
Plus fort: KBR a déjà décroché un contrat pour intervenir dans la guerre en Irak au cas où des puits de pétrole seraient en feu. Halliburton a aussi déjà été invité, avec quatre autres firmes US, à soumettre ses offres pour... la reconstruction de l'Irak. Vu qu'elle sera en Irak dès le début de la guerre, les analystes estiment qu'elle est la mieux placée pour décrocher ces gigantesques commandes.
Les contrats dits «préliminaires» valent à eux seuls déjà plus de 900 million $. Ils portent en autres sur la reconstruction d'hôpitaux et d'écoles! Et les véritables grands contrats doivent encore venir...
On comprendra pourquoi ces jours-ci, c'est surtout de la période d'après-guerre dont on débat à la Maison Blanche. La guerre, c'est du «big business» pour les multinationales. Plus l'agression barbare détruit, mieux se porteront des firmes comme Halliburton. On comprend mieux, ainsi, pourquoi Cheney est un fanatique de la guerre de destruction massive. (B.D.)
Note : 1 "Cheney is still paid by Pentagon contractor", Robert Bryce in Austin, Texas and Julian Borger in Washington, The Guardian, 12/03/2003. Voir aussi http://www.publicintegrity.org/cgi-bin/whoswhosearch.asp.
 

III - Le top 5 des fournisseurs du Pentagone

1. Lockheed Martin
Commandes : 17 milliards $.
Lockheed Martin, constructeur du F16 et du Joint Strike Fighter, est le premier producteur mondial d'armement. Lynn Cheney y a repris le poste de directeur qu'occupait son mari quand il a été nommé vice-président des Etats-Unis. Sont également liés à la firme: Stephen Hadley (conseiller adjoint de Bush), Peter B. Teets (assistant secrétaire de l'Air Force), Everet Beckner (responsable des programmes de défense au cabinet de l'Energie), Otta Reich (assistant du ministre des Affaires étrangères), Norman Mineta et Michael Jackson (adjoints du ministre des Transports), Larry C. Thompson (adjoints du ministre de la Justice).
Tir d'un missile Tomahawk comme ceux qui ont déjà touché Bagdad au déclenchement de la guerre. Ils sont produits par Raytheon, pour laquelle Richard Armitage, ministre adjoint des Affaires étrangères, est consultant. (Photo Defenselink)
2. Boeing
Commandes : 16,6 milliards $.
Edward C. «Pete» Aldridge Jr., sous-secrétaire à la Défense, est vice-président de McDonell Douglas Electronics, filiale de Boeing, le n°1 mondial de l'aéronautique. Karl Rove, conseiller du président Bush, est actionnaire de Boeing. La firme de Richard Armitage, ministre adjoint des Affaires étrangères, effectue des missions de consultance pour la firme.
3. Northrop Grumman
Commandes : 8,7 milliards $
Northrop Grumman est notamment le constructeur du bombardier B-2 ou du Global Hawk, avion sans pilote. Paul Wolfowitz, le n°2 de la Défense, est consultant pour la firme. Tout comme I. Lewis Libby, chef du staff du vice-président. Dov Zakheim, sous-secrétaire à la Défense, est conseiller de la société. Laquelle est cliente du cabinet juridique de Douglas J. feith, également sous-secrétaire à la Défense. Autres collaborateurs: Nelson F. Gibbs, de l'Air Force, et Sean O'Keefe, de la Nasa.
4. Raytheon
Commandes : 7 milliards $
Parmi les armes de destruction massive produites par Raytheon: les missiles Tomahawk ou les bombes anti-bunker GBU-28. La société de Richard Armitage, ministre adjoint des Affaires étrangères, effectue des travaux de consultance pour la firme. Et Sean O'Keefe, administrateur de la Nasa, est membre du conseil stratégique de Raytheon.
5. General Dynamics
Commandes : 7 milliards $
La firme est spécialisée dans les technologies de guidage pour divers types d'armes. Elle guide aussi de grosses pointures de l'administration Bush. Le ministre de la Défense Donald Rumsfeld est directeur de Gulfstream Aerospace, filiale de General Dynamics. Le ministre des Affaires étrangères Collin Powell est actionnaire de cette dernière. Michael Wynne, sous-secrétaire de Rumsfeld, en est vice-président. Et Gordon England, secrétaire à la Navy, l'a été auparavant.
 

IV - Bourse : "Achetez au son du canon"

Vieil adage boursier : «Achetez au son du canon». Les chiffres lui donnent raison, affirme L'Expansion. Les morts donnent de la vie à la Bourse.
Le journal économique L'Expansion 1 a calculé l'influence des guerres des Etats-Unis sur le Dow Jones depuis que cet indice boursier a été créé, en 1896. Si le lendemain du déclenchement des conflits, le Dow Jones baisse en moyenne de 2%, six mois plus tard, il fait par contre une progression moyenne de 6,7%, beaucoup plus qu'en temps normal (de 1896 à 2003, la progression semestrielle a été de 2,6%).
Avec ce recul de six mois, l'indice a ainsi augmenté de 18,9% après la première guerre du Golfe (1991), de 7,8% après l'intervention US en Somalie (1992), de 12,6% après l'attaque contre l'Afghanistan (2001). Ce 21 mars, au lendemain du déclenchement de la nouvelle busherie en Irak, le Dow Jones était déjà en hause de 2,76%. Car les investisseurs misent sur un conflit de courte durée. Un porte-parole de l'armée britannique n'a-t-il pas déclaré que les forces anglo-américaines arriveraient à Bagdad dans trois ou quatre jours. De surcroît, note un autre journal économique, «malgré l'incendie de quelques puits de pétrole, rien n'indique que les infrastructures pétrolières soient pour l'instant menacées». 2 Ouf, les investisseurs respirent.
La guerre doit redonner confiance aux marchés, fournir des perspectives de croissance économique aux entreprises, réaffirmer la suprématie mondiale américaine. Car dans la réalité, la situation des Etats-Unis est catastrophique. Ces dernières années, les chutes de la Bourse ont réduit le revenu disponible d'une partie des ménages américains. Mais ceux-ci ont continué à consommer en s'endettant (pas les 40% les plus pauvres qui vivent dans la misère et n'ont aucune chance de contracter un crédit). Le pays est dès lors confronté à un endettement record depuis 1945 : sa dette tourne autour de 20 000 milliards de dollars, soit le double de son PIB (richesse produite annuellement).
Avec les perspectives d'une guerre courte, la confiance se maintient donc. Mais si l'armée US venait à s'enliser, comme au Vietnam, toute la machine économique des Etats-Unis pourrait être coincée. A la débâcle politique face aux peuples du monde, viendrait s'ajouter la débâcle économique.
Notes : 1 - L'Expansion, février 2003 ; 2 - La Tribune, 21 mars 2003.

 Plus de cinquante ans de « coups tordus » : L’équipe de choc de la CIA

Hernando CALVO OSPINA
photo : John Negroponte, ex-ambassadeur et protecteur des escadrons de la mort au Honduras, ex-ambassadeur en Irak, ex-directeur du renseignement national US...
Si l’on a retenu la présence massive de Cubains de l’exil dans la tentative d’invasion de la baie des Cochons en 1961, on connaît moins leur rôle dans les opérations ultérieures de la Central Intelligence Agency (CIA). Du Chili au Nicaragua en passant par le Vietnam, à travers coups d’Etat, assassinats de dirigeants, trafics d’armes et de drogue, ils ont été l’un des instruments les plus secrets et les plus meurtriers de la politique étrangère américaine.
« Notre seul délit a été de nous donner nos propres lois, notre crime a été de les appliquer à l’United Fruit. » Elu président du Guatemala en 1951, Jacobo Arbenz, entre autres mesures progressistes, promulgue une réforme agraire. Le 4 mars 1953, il exproprie partiellement la compagnie bananière américaine United Fruit, la privant de 84 000 hectares sur 234 000. Les 17 et 18 juin 1954, une armée mercenaire venue du Nicaragua et du Honduras pénètre au Guatemala et, le 27 juin, renverse Arbenz. Le secrétaire d’Etat américain John Foster Dulles et son frère Allen, directeur de la Central Intelligence Agency (CIA), sont alors tous deux actionnaires de l’United Fruit ! L’opération — nom de code PB/Success — a bénéficié de la participation active d’une « équipe de choc » de la CIA qui va traverser les décennies.
Venant après le renversement en Iran du dirigeant nationaliste Mohammad Mossadegh, le 19 août 1953, PB/Success fait à la CIA une réputation d’invincibilité et devient un modèle pour ses opérations clandestines dans le monde entier. En mars 1960, le président Dwight Eisenhower donne son feu vert à une nouvelle action destinée, cette fois, à déstabiliser Cuba, où la révolution a triomphé le 1er janvier 1959. La plupart des agents qui ont participé au renversement d’Arbenz se retrouvent responsables du « projet Cuba ». Il s’agit notamment, et à leur tête, de Richard Bissell, numéro deux de la CIA ; de Tracy Barnes, qui assume la constitution de la Cuban Task Force ; de David Atlee Phillips, responsable de la guerre psychologique ; de Howard Hunt, chargé de former le « gouvernement cubain provisoire ». Deux jeunes gens se joignent au groupe : M. Porter Goss, officier du contre-espionnage de l’armée, et M. George Herbert Walker Bush (1). Ce dernier aide à « recruter des exilés cubains pour l’armée d’invasion de la CIA (2) ».
Le 17 avril 1961, les quelque mille cinq cents hommes de cette armée, la brigade 2506, débarquent dans la baie des Cochons. Après leur défaite, en moins de soixante-dix heures, les numéros un et deux de la CIA, Dulles et Bissell, doivent démissionner.
Ulcéré par cette déroute, le président John F. Kennedy octroie un pouvoir exorbitant à l’Agence, décision qui affectera les affaires du monde pendant longtemps (3). Ministre de la justice et frère du président, Robert Kennedy supervise une nouvelle agression contre Cuba. Miami devient l’épicentre de la plus grande opération paramilitaire — JM/WAVE — jamais montée sur le sol américain. A sa tête, Theodore « Ted » Shackley et M. Thomas « Tom » Clines. Le groupe reçoit notamment le renfort du général Edward Lansdale, arrivé d’Indochine, où il a travaillé avec les services secrets français impliqués dans la guerre coloniale ; de M. Richard Secord, officier de l’US Air Force ; et de David Sánchez Morales, officier du contre-espionnage de l’armée.
Formés à la contre-guérilla
Lorsque, le 14 octobre 1962, éclate la « crise des fusées », Washington exige que les missiles balistiques installés par l’Union soviétique à Cuba soient retirés. Moscou cède, à condition que les Etats-Unis s’engagent à ne pas envahir l’île (et à renoncer à leurs propres missiles en Turquie). Kennedy accepte et ordonne de démanteler JM/WAVE.
La révolution cubaine n’en amène pas moins Washington à modifier radicalement sa stratégie de sécurité régionale. La restructuration des armées latino-américaines commence, et un centre d’entraînement et d’endoctrinement — l’Ecole des Amériques — voit le jour dans la zone américaine du canal de Panamá. Lorsque Kennedy est assassiné, le 22 novembre 1963, à Dallas (Texas), sa doctrine de sécurité nationale est déjà en place. Le renversement du président brésilien João Goulart, le 31 mars 1964, donne le signal d’une série de coups d’Etat et marque le début des disparitions et tortures d’opposants politiques, de façon massive et sophistiquée.
Cette nouvelle stratégie ne peut négliger l’expérience des agents cubains de la JM/WAVE, ni celle de certains des mille cent quatre-vingt-neuf hommes capturés lors de la tentative d’invasion de la baie des Cochons et de retour aux Etats-Unis en décembre 1962 (4). Environ trois cents d’entre eux, quasiment tous cubains (puis, dans la plupart des cas, cubano-américains par l’obtention de la nationalité du pays d’accueil), reçoivent une formation d’officier dans les académies d’opérations spéciales de Fort Benning (Georgie), Fort Mayers (Floride), Fort Peary (Virginie), etc. D’autres sont envoyés à Fort Gulick (Ecole des Amériques), pour être formés à la contre-guérilla. Ils s’appellent José Basulto, Jorge Mas Canosa (5), Francisco « Pepe » Hernández (6), Luis Posada Carriles, Félix Rodríguez Mendigutía, etc. Censés ne jamais émerger de l’anonymat, leurs noms défraieront bientôt régulièrement la chronique. « L’Amérique du Sud sera le “Far West” où ils tiendront le rôle de pionniers (7) » ; et, par leurs actions clandestines, ils « brilleront » même bien au-delà.
Par exemple, dans l’ex-colonie belge du Congo. Ils y débarquent fin 1962 pour fournir, entre autres, un soutien aérien aux forces du futur dictateur Joseph-Désiré Mobutu. Les avions appartiennent à Air America, compagnie récemment constituée et propriété de la CIA. Au sol, les hommes constituent la compagnie 58, chargée de pister et de poursuivre, sans succès, Ernesto Che Guevara et un petit groupe de révolutionnaires cubains. A la demande de Laurent-Désiré Kabila, le Che est en effet arrivé fin avril pour conseiller en techniques de guérilla ceux qui combattaient Mobutu (8).
Cette équipe de choc se renforce définitivement au Vietnam. Elle reprend et développe les méthodes des forces spéciales françaises vaincues, en finançant des opérations sales avec l’argent du trafic d’opium laotien et birman (là encore avec les avions d’Air America). On retrouve les hommes de JM/WAVE : Shackley, Clines, Sánchez Morales, Secord, « Ed » Dearborn, Rodríguez Mendigutía, en compagnie de M. Donald Gregg, inspecteur des agents de la CIA ; de M. John Dimitri Negroponte, « conseiller politique » de toute l’opération ; du général John Singlaub, ancien chef de la CIA en Corée ; de Lansdale, chargé des opérations depuis le Pentagone ; et de M. Oliver North, du service de renseignement de l’US Navy. En 1968, William (« Bill ») Colby est envoyé sur place pour diriger l’Accelerated Pacification Campaign (nom de code : Phoenix). Objectif : terroriser la population civile afin de neutraliser la résistance vietnamienne. En presque quatre ans, environ quarante mille suspects seront tués.
C’est toutefois sur un autre continent que l’équipe va connaître son succès le plus spectaculaire. En mars 1967, parmi la vingtaine d’hommes des forces spéciales américaines qui débarquent en Bolivie pour poursuivre Che Guevara, figure le Cubain Rodríguez Mendigutía. Lorsque le Che, blessé, est capturé le 8 octobre 1967, c’est lui qui transmet l’ordre de le tuer.
Trois ans plus tard néanmoins, la CIA ne peut éviter l’élection du socialiste Salvador Allende à la présidence du Chili. Richard Nixon ordonne à l’Agence d’empêcher son entrée en fonctions. L’équipe envoyée sur place échoue, mais parvient à assassiner le commandant en chef des forces armées, le général René Schneider, loyal à Allende. Son successeur s’appellera Augusto Pinochet. De nouveau, Phillips et Sánchez Morales figurent parmi les responsables des opérations sur le terrain. Devenu chef de la direction de l’Hémisphère occidental de la CIA grâce à son travail sur Cuba et au Vietnam, Shackley est chargé de la déstabilisation du gouvernement. Il nomme Clines pour qu’il se concentre sur le « cas Allende (9) ». Sous-directeur des opérations spéciales, Colby chapeaute l’ensemble. L’organisation de la campagne internationale de diffamation contre le gouvernement Allende incombe à l’ambassadeur américain auprès de l’Organisation des Nations unies (ONU) : M. Bush.
Allende éliminé en septembre 1973, Pinochet au pouvoir, tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si... La CIA devient un objet de scandale et voit ses ailes rognées, une bonne partie de ses crimes étant révélée par la presse et par les commissions d’enquête parlementaires Church (10) et Rockefeller (11). Qu’à cela ne tienne. L’Agence « délègue » une bonne partie de ses actions aux services avec lesquels elle collabore dans le cadre de l’opération « Condor » (12) et à ses agents cubains du Commando d’organisations révolutionnaires unies (CORU). Celui-ci a été fondé en République dominicaine, en mai 1976, sur instructions de la CIA, dirigée du 30 janvier 1976 au 20 janvier 1977 par M. Bush.
A la tête du CORU, dont le financement provient surtout du trafic de drogue (13), se trouvent MM. Orlando Bosch et Posada Carriles. Depuis Caracas (Venezuela), ils organisent l’attentat qui, le 6 octobre 1976, détruit en vol un avion de la Cubana de Aviación (soixante-treize morts). Mais, peut-être parce qu’il a été commis en plein Washington, le crime du binôme Condor-CORU qui causera le plus d’émoi sera, le 21 septembre, l’assassinat de l’ex-ministre des affaires étrangères d’Allende, Orlando Letelier.
Parmi les cinq hommes ultérieurement détenus figurent trois vétérans du « projet Cuba ». La CIA de M. Bush fait son possible pour entraver l’enquête et occulter les preuves. Devenu président, le même Bush amnistiera les coupables, lesquels n’auront passé que quelques années en prison. L’un d’entre eux, M. Guillermo Novo Sampol, sera arrêté au Panamá, le 17 novembre 2000, en compagnie de M. Posada Carriles, alors qu’ils préparent un attentat à la bombe contre M. Fidel Castro, en visite dans ce pays. Condamnés à huit ans de prison le 20 avril 2004, ils seront amnistiés le 25 août suivant par la présidente panaméenne Mireya Moscoso, grande amie des Etats-Unis.
Drogue contre armes
Entre-temps, la guerre de basse intensité de Washington contre le Nicaragua a réuni la plupart de ces agents. Le vice-président Bush supervise les opérations, tandis que MM. Gregg et North, ancien du Vietnam, dirigent le complot. Ambassadeur des Etats-Unis au Honduras — on l’y appelle « le proconsul » —, M. Negroponte transforme ce pays en une plate-forme militaire d’agression, tandis que les escadrons de la mort de l’armée hondurienne — le bataillon 3-16 — répriment l’opposition. Passé de la Bolivie aux rizières asiatiques puis au Salvador, M. Rodríguez Mendigutía ravitaille les contre-révolutionnaires nicaraguayens (la contra) — assisté par M. Posada Carriles (et par M. Basulto en territoire nicaraguayen). Pour lui confier cette mission, la CIA et les milieux anticastristes de Miami ont organisé l’évasion (août 1985) de M. Posada Carriles de la prison vénézuélienne où il avait été incarcéré après l’attentat contre l’appareil de la Cubana de Aviación.
Tout soutien financier aux contras ayant été interdit par le Congrès américain, le vice-président Bush récolte des fonds tous azimuts et par tous les moyens. La vente illégale d’armes à l’Iran, par l’intermédiaire d’Israël, débouchera en 1986 sur le scandale de l’« Iran-contragate ». M. Bush devenu président, la commission du Sénat dirigée par M. John Kerry démontrera l’existence d’une alliance entre la CIA et la mafia colombienne (14). Au Costa Rica, en juillet 1989, MM. North et Secord, entre autres membres des cercles du pouvoir américain, seront formellement accusés d’être responsables du réseau « drogue contre armes » organisé dans ce pays pendant la guerre antisandiniste…
Epurée par le président James Carter à la mi-août 1978, régulièrement mise en cause par des commissions d’enquête officielles ou la déclassification de ses archives (en particulier sous l’administration de M. William Clinton), la CIA, depuis sa naissance en juillet 1947, a certes connu des hauts et des bas. Toutefois, tous ceux qui ont participé aux actions clandestines du groupe de choc constitué en 1954 et élargi au fil des années ont bénéficié d’une constante : l’impunité. Pour n’en citer que quelques-uns, MM. Posada Carriles et Bosch vivent en liberté à Miami. M. Rodríguez Mendigutía, qui fit exécuter le Che, réside dans cette même ville, où il dirige une entreprise de conseil en sécurité. Après avoir été le premier ambassadeur des Etats-Unis en « Irak libéré », puis avoir passé vingt mois comme super-patron des services de renseignement américains, M. Negroponte est devenu numéro deux du département d’Etat en janvier 2007. Quant à M. Porter Goss, présent dans le « projet Cuba » dès 1960, il fut directeur de la CIA de septembre 2004 à mai 2006.
HERNANDO CALVO OSPINA.
Journaliste. Auteur de Sur un air de Cuba, Le Temps des cerises, Pantin, 2005, de Rhum Bacardi. CIA, Cuba et mondialisation, EPO, Bruxelles, 2000, et de Colombie. Derrière le rideau de fumée. Histoire du terrorisme d’Etat, Le Temps des cerises, Pantin, 2008.
(1)  Il ne sera question dans cet article que de M. George Bush père
Pendant la guerre froide, pour contenir l’influence des Soviétiques, la CIA avait créé Radio Free Europe qui émettait en direction des pays de l’Est.
Parmi les promoteurs de cette radio, on trouvait un certain Frank Altschul.
Parallèlement, afin de préparer son opinion publique à une éventuelle intervention contre le bloc socialiste européen, l’Administration états-unienne avait organisé une opération d’intoxication médiatique sur son propre territoire. Une organisation prétendument formée de citoyens apolitiques (The Committee on the Present Danger) fut créée à cet effet.
Parmi ses principaux animateurs, figuraient Frank Altschul et William J. Donovan.
Qui est William J. Donovan ? Un officier états-unien qui, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, avait fondé l’OSS (Office of Strategic Services) l’ancêtre de la CIA (Central Intelligence Agency). Pendant la guerre, il dirigea les services secrets US.
L’OSS forma les futurs directeurs de la CIA. Parmi eux : William Casey. C’est sur recommandation de ce William Casey que la NED (National Endowment for Democracy) a été fondée par l’Administration Reagan au début des années 1980. La NED avait pour objectif de masquer la CIA en faisant écran entre cette dernière et les récipiendaires. « Beaucoup de ce que nous faisons aujourd’hui, était fait secrètement par la CIA il y a 25 ans. » a concédé au Washington Post (22 septembre 1991) Allen Weinstein, le premier président de la NED.
Mais revenons un instant sur ce Frank Altschul qui travailla à Radio Free Europe pour la CIA avec William Donovan, futur chef des services secrets US et fondateur de l’OSS, l’ancêtre de cette CIA dont un directeur fut William Casey, instigateur de la NED, paravent de la CIA. Frank Altschul est aussi le fondateur d’« Overbrook Fondation ».
« Overbrook Fondation » est une association US qui s’ajoute depuis 2007(1) à la NED pour financer Reporters sans frontières.
Excellente nouvelle pour ceux qui croyaient que RSF n’avait d’autres ressources que la vente de Tee-shirts anti-JO (2).
Maxime Vivas
1) Lu sur le site RSF, juillet 2008, à la rubrique « Comptes 2007 », « Mécénat » : « Les entreprises qui aident Reporters sans frontières sont principalement sanofi aventis et la CFAO, tandis que la liste des fondations privées contient la Fondation Soros, le Center for a Free Cuba, la National Endowment for Democracy, le Sigrid Rausing Trust, la Overbrook Foundation et la Fondation de France ».
Le montant des versements par sponsor est tenu secret. RSF refuse de le communiquer.
La rubrique « Comptes »nous apprend aussi que RSF est désormais sponsorisée par la « Taiwan Foundation for Democracy » Elle ne nous dit pas que l’argent reçu (100 000 dollars, d’après la presse de Taiwan) a servi à créer un centre de propagande qui joue, via Internet et contre la Chine, le rôle que jouait la CIA avec Radio Free Europe contre l’URSS.
(2) De temps à autres, RSF rappelle qu’elle ne s’occupe que de liberté de la presse. Les événements qu’elle a organisés en avril à Paris lors du passage de la flamme olympique en font douter. Il y a surtout été question de l’indépendance du Tibet et des mérites du Dalaï Lama. En outre, RSF jure et qu’elle n’est pas anti-JO, mais anti-cérémonie d’ouverture. Hélas, il suffit d’aller sur le site www.rsf.org/ pour lire ce titre en forme de lapsus freudien : « Pourquoi nous boycottons Pékin 2008 ».
L’Empire yankee et l’Agence Centrale d’Intelligence (CIA), l’USAID, l’Institut Républicain International (IRI), l’Institut Démocratique National (NDI) et d’autres institutions nord-américaines spécialisées dans la subversion, actions séparatistes et déstabilisation de gouvernements cohabitent publiquement pour conspirer avec les oligarchies boliviennes et leurs organisations de droite fascistes comme le Comité Civique et l’Union Juvénile de santa Cruz, afin de renverser le gouvernement de Evo Morales et créer ainsi des petites républiques in-dépendantes qui serviraient les classes dominantes et les intérêts géopolitiques des États-Unis et les transnationales qui ont pillé les ressources naturelles des Départements de Santa Cruz de la Sierra, Beni, Pando, Tarija et Cochabamba.
L’obscure CIA qui cherche l’anti patrie, la trouve chez les oligarchies et dans les grandes entreprises de communication sociale, leurs alliés naturels pour renverser les gouvernements progressistes et démocratiques qui sont dangereux pour les objectifs de domination impériale. En Bolivie. La CIA est entrée dans l’étape finale de « l’Opération Demi Lune » qui a comme objectif final de concrétiser les plans séparatistes qui veulent achever d’étouffer le gouvernement d’Evo Morales.
Les plans de la CIA et des autres entités états-uniennes sont exécutés, à La Paz, sous le contrôle direct de l’Ambassadeur Philip Goldberg, qui s’est spécialisé dans les affaires de déstabilisations dont il a acquit une longue et extraordinaire expérience lors de la séparation et l’éclatement de la Yougoslavie et dans la proclamation du Kosovo comme nouvel État qui est devenu une immense base militaire et politique des Etats-Unis, dans la zone conflictuelle et stratégique des Balkans. Pour son « travail » en Bolivie, Goldberg a été proposé à la récompense du prix « Diplomatie pour la Liberté » qui est offert par le Département d’État aux fonctionnaires qui ont accompli avec succès les projets dessinés par la Maison Blanche, le Secrétariat de la Sécurité Nationale, le Pentagone et la CIA.
« L’Opération Demi Lune » a pour but de renverser Evo Morales, premier Président indigène de Bolivie. En référence a l’accusation de Pablo Estefanía, fondée sur les déclarations d’une personne de l’opposition « déçue » et des plans de déstabilisation de la CIA contre la Bolivie. L’informateur affirme que la CIA a établi des alliances économiques et politiques avec les oligarchies et l’opposition radicale dans les droites, parmi lesquelles certaines sont d’essence fasciste. Dans leurs plans, la CIA n’est pas embarrassée qu’il advienne des actions violentes et qu’elles puissent causer la mort de centaines de boliviens indiens, la mort n’a pas d’importance parce que le séparatisme dirigé par les « blancs » a des racines profondes dans la discrimination raciale qui a stimulé la haine pathologique vers tout ce qui se rapporte à l’indien.
La CIA avait débuté ses activités déstabilisatrices et séparatistes avec une étude détaillée large et profonde, de la situation politique bolivienne et s’était infiltrée dans les partis et les mouvements sociaux qui appuient Evo Morales, ensuite elle s’est concentrée dans les oligarchies et les partis politiques de l’opposition. Dans la première phase, elle a recouru, également, aux moyens de communication sociale afin de provoquer une guerre médiatique contre le Gouvernement légitimement constitué. À travers les entreprises de communication dans les mains des secteurs dominants, grâce à des techniques de guerre psychologiques, elle a effectué une guerre sale en diffusant toute sorte de rumeurs, de mensonges, d’exagérations et des dommages au moyen de manipulation, déformation et désinformation. Elle a visé ainsi à tromper la population indigène et blanche-métisse qui soutient Evo Morales.
Dans la seconde étape, la CIA s’est concentrée profondément dans les secteurs de l’opposition et dans les oligarchies. Elle avait organisé des liens très forts avec chaque secteur afin d’attiser la haine envers l’indien Président, et exaspérer les classes dominantes qui furent persuadées que seul, leur profil, correspondait pour gouverner la Bolivie. Dans cette phase, la CIA a eu recours à l’USAID et à d’autres institutions états-uniennes comme le IRI et le NDI afin qu’avec leurs programmes elles convergent vers les plans séparatistes et déstabilisateurs, dans lesquels elles possèdent une grande spécialisation. Dans cette étape, l’USAID a financé le voyage aux Etats-Unis, des Préfets de Santa Cruz, Tarija, Cochabamba et Beni. À travers les institutions états-uniennes, spécialement l’USAID, la CIA a obtenu toutes sortes d’appuis et, particulièrement, financier, aux processus d’autonomie séparatiste des Départements pour lesquels les préfets ont menés campagne tous frais payés.
L’ingérence de l’empire dans les affaires intérieures de la Bolivie, atteint un cynisme et une impudence jamais égalés. En collaboration avec la grand presse et ses agences internationales attelées au capital transnational, ils provoquent le mouvement séparatiste et recourent au fur et à mesure à d’autres organisations étrangères comme c’est le cas pour la « colonie croate en Bolivie » qui représente un secteur blanc – élitiste empreint d’une tendance fasciste et, par conséquent, des politiques de l’extrême droite qui s’expriment dans une féroce opposition à Morales. Le groupe croate est composé, entre autres, par les séparatistes Marincovich, Radich, Culhis, Tadich, Acaminivich, Matcovich, Petrachevich, Sitich. Ces secteurs croates avaient été expulsés de la Yougoslavie et recrutés par la CIA qui les aida à s’insérer en Bolivie, par le biais de résolutions des dictateurs boliviens au service de Washington.
La nation camba
Les croates, unis à des immigrants espagnols, allemands et même libanais forment ce que l’on nomme la « nation camba » qui est un paradis pour les droites extrémistes et les fascistes blancs. Les dictateurs avaient protégé ces criminels nazis qui arrivèrent en Bolivie, de même que la mafia italienne, dont les descendants sont maintenant les leaders du séparatisme qui, s’il triomphait, leurs procurerait d’immenses fortunes, s’accaparant les terres et les riches commerces des hydrocarbures. Le sénateur vénézuélien Carlos Wimmer a affirmé que ces secteurs sont ceux qui « nourrissent en armement ces groupes fascistes, comme l’Union Juvénile de Santa Cruz, coordonnée par des groupes nazis qui se constituent en paramilitaires ».
La grand presse bolivienne, états-unienne et internationale, en hommage à la liberté d’expression de la pensée et du droit à l’information des peuples, taisent et occultent la présence effective de militaires séparatistes qui bénéficient de conseil, d’entrainement et d’appui direct de militaires professionnels du Brésil et de Colombie. Ainsi, le séparatiste Comité Civique de Santa Cruz, dirigé par le croate Branco Marincovich compte sur l’appui de l’empire de Bush, de la CIA, des néonazis, des mafiosi et des transnationales parmi lesquelles : Repsol, Chaco, Andina, Transredes.
La CIA fut spécialement prudente au moment d’établir des liens avec la jeunesse oligarchique de Santa Cruz et des autres Départements séparatistes. Au moyen de l’USAID, elle offrit l’aide et la collaboration a un Centre de l’Université San Xavier, programmé pour diriger les manœuvres pour la prise des terres et des ressources naturelles, elle finança et dirigea l’entrainement et la formation des groupes juvéniles de Santa Cruz qui créèrent ensuite l’Union Juvénile Cruceñista [de Santa Cruz], groupe paramilitaire fasciste qui le 4 mai, le jour du référendum séparatiste, avait organisé plusieurs affrontements violents contre les secteurs populaires comme le Plan Tres Mil de Santa Cruz, opposé au processus oligarchique. Ce groupe de l’Union Juvénile utilise les symboles et les couleurs de l’Allemagne fasciste d’Hitler et a été entrainé à des stratégies et des tactiques militaires. L’empire et la CIA, n’auront apparemment aucun scrupule éthique pour liquider le gouvernement socialiste d’Evo Morales.
La CIA achève ses travaux en couverture. Dans la phase suivante de « l’Opération Demi Lune » elle a travaillé intensément sur une série d’opérations psychologiques destinées à saturer le pays de propagande négative, exécuter la guerre médiatique pour exacerber les sentiments séparatistes fondés sur la plus aberrante haine raciale. Le comble du cynisme fut atteint par le recrutement d’un étudiant de la Fondation Fullbright afin qu’il localise les cubains et les vénézuéliens en Bolivie. Le jeune dénonça ce fait et l’Ambassadeur Goldberg dut faire des excuses au gouvernement d’Evo Morales. La CIA entrera en phase finale par le recrutement d’officiers des Forces Armées et de la Police de Bolivie pour qu’ils prennent la tête d’un soulèvement armé qui destituera Evo Morales.
La CIA coordonne les activités opposées à Evo Morales à l’intérieur de la Bolivie et à l’étranger. Ainsi la Chambre Bolivienne-Américaine de Commerce dont le siège est New York finance une partie des projets séparatistes des Préfets de Santa Cruz, Beni, Pando, Cochabamba et Tarija. « L’Opération Demi Lune » doit se conclure avec succès au mois de juin de cette année, mais elle pourrait aller jusqu’au mois d’août, mois où va s’effectuer le référendum révocatoire. Dans ce processus la guerre médiatique va se poursuivre avec l’usage intensif de toutes les stratégies et techniques de la guerre psychologique dont la CIA est spécialiste et qui est souvent utilisée dans tous les coins du monde. L’autre stratégie utilisée par la CIA dans ses opérations cachées est celle de « diviser pour régner. Actuellement elle se donne du mal pour créer des divisions entre les Forces Armées et Policières loyales envers le Gouvernement d’Evo Morales.
Dans le secteur civil, en plus des référendums, la CIA prépare le terrain pour provoquer le mécontentement populaire si elle parvient au succès de ses plans de déstabilisation économique, qui créeront le chaos et provoqueront la paralysie du pays avec l’aide des grèves, chômage, manifestations de protestation et d’appui, des marches, des blocages de routes et l’occupation de terres par des indigènes pauvres. Tout le plan est financé par les oligarchies et l’Ambassade des Etats-Unis en Bolivie, au point qu’Ammy Webber, citoyenne yankee, n’a pas caché sa participation comme conseillère de l’opposition à Santa Cruz de la Sierra. La tête visible de l’opposition séparatiste est composée par Manuel Jesús Suárez Ávila qui a été secrétaire particulier de Sánchez de Lozada, le fatidique Goni, Juan Manuel Arias, représentant de l’oligarchie de Santa Cruz, le Président du Sénat majoritaire à l’opposition, Oscar Ortiz et rien de moins que cet autre états-unien : James Carville, le fameux publiciste.
La CIA est à son comble et elle se promène en Bolivie malgré qu’Evo Morales avait dénoncé publiquement qu’il avait démantelé en 2006, une agence maintenue par la CIA dans le propre Palais du Gouvernement. Le Président Evo Morales avait dit : « Après deux ou trois mois (d’avoir assumé la Présidence) nous nous apercevons que dans le Palais il y avait une agence de la CIA à la charge d’un ex général de la Police ». La CIA est audacieuse et la CIA ne pardonne pas, d’où ses efforts désespérés d’en finir avec le Président Morales, seulement cette fois-ci, les plans de la CIA sont condamnés à l’échec parce que la Bolivie et Morales comptent avec l’appui de la majorité du peuple bolivien et avec la solidarité combative de l’immense majorité des peuples latino-américains.
La conjuration oligarchique
La sécession, le séparatisme, l’autonomie ne méritent seulement que répudiation de la part de tous les peuples libres et démocratiques de notre Patria Grande : l’Amérique Latine. Dans le document Bolivie : la conjuration oligarchique, diffusée dans Rebelión et le Réseau Voltaire, il est affirmé : « Sous le caractère de l’illégalité, et à travers des recours frauduleux et antidémocratiques, les autorités oligarchiques de la province de Santa Cruz de la Sierra, Bolivie, ont réalisé un référendum pour faire approuver un « statut autonomique » aberrant, qui stipule que le gouvernement central devrait transférer ses facultés souveraines à l’administration locale : parmi les 44 compétences que les gouvernants de Santa Cruz voudraient s’approprier, on souligne l’administration des ressources naturelles, la gestion fiscale, la répartition agraire, le contrôle du transport routier, ferroviaire, aérien et fluvial, la direction des télécommunications et jusqu’au contrôle aérien au moyen de radars, ainsi que la sécurité de l’ordre public, qui dans le droit constitutionnel bolivien est dépendant du gouvernement central. Pour le dire brièvement, le projet des oligarques de Santa Cruz n’est pas autonomique mais sécessionniste, et il implique un processus de désintégration de la nation, comme aucun autre statut d’autonomie dans le monde ne l’a planifié, sauf peut-être ceux qui ont été réalisés par les régions irakiennes kurdes et chiites sous l’occupation militaire des Etats-Unis.
Le président Evo Morales a hautement rejeté le référendum oligarchique de Santa Cruz et a été emphatique en soutenant que c’est le gouvernement états-unien qui est à la tête de la conspiration, on s’est rendu compte que c’est à partir de Washington qu’est venu l’encouragement du prétendu statut autonomique de Santa Cruz, afin de négocier avec l’oligarchie locale l’accès aux gisements de pétrole, de gaz et des ressources hydriques de la région.
De son côté, Emir Sader, soutient : « Aujourd’hui, une des modalités qui renferme le racisme, c’est le séparatisme, les tentatives de délimiter les territoires de la race blanche, en s’appropriant et privatisant les richesses qui appartiennent à la nation et à son peuple. Nous connaissions déjà ces intentions sous la forme des quartiers riches qui cherchaient à se définir en tant que municipalités, afin que la part des impôts prélevée obligatoirement de leurs immenses richesses, reste dans leur escarcelle pour augmenter les bénéfices de leurs quartiers retranchés, derrière lesquels ils cherchaient à isoler et défendre avec une sécurité privée, évidemment, leurs styles de vie privilégiés ».Sader dénonce que le référendum séparatiste est une expression oligarchique, raciste et économique car ils veulent garder l’usufruit des richesses de Santa Cruz pour leur propre bénéfice et parce que les oligarques veulent, en plus, empêcher que le gouvernement d’Evo Morales poursuive son processus de réforme agraire et qu’il l’étende à tout le pays. L’oligarchie des propriétaires terriens, cherche à se réserver le droit de disposer de la concentration des terres dans leurs provinces, pour continuer d’exporter du soja transgénique et pour accumuler les richesses, non pas pour le pays et le peuple bolivien, mais seulement pour elle seule. Il soutient que le projet d’autonomie est raciste parce que leur presse oligopole ne cache pas leurs préjugés contre les indigènes, contre Evo Morales. Elle ne laisse pas opposer à sa race blanche la grande majorité du peuple bolivien, celui qui a été séculairement exploité, discriminé, opprimé, humilié.
On peut évaluer qu’entre 55% et 60% de la population de la Bolivie est indigène : quechuas et aymarás sont une majorité d’un conglomérat où vivent d’autres groupes comme les chiquitanos, guaraníes, ayoreos, guarayos, pausernas, chiriguanos et d’autres minorités ethniques. Malgré la majorité indigène, se sont les blancs et les blancs-métis qui ont dominé pendant 500 ans, ceux-là mêmes qui, naturellement, n’aiment pas qu’un indigène soit Président de la République et encore moins que se soit un indigène qui ait commencé à arracher les privilèges ataviques. C’est dans cette réalité que se trouve la genèse de la haine du blanc-métis envers l’indigène Président, de même que dans la situation économique qui change radicalement avec la nationalisation des hydrocarbures et des ressources naturelles. Les oligarchies boliviennes, fidèles à leurs commerces avec les transnationales veulent des républiques qui leur soient propres, afin que les riches ressources des hydrocarbures, du bois et de la métallurgie soient dans leur propriété privée et non dans la propriété du peuple dans son ensemble.
À ce sujet, Fernando Bossi, haut dirigeant du Mouvement Bolivien des Peuples soutient : « En premier l’argent, ensuite l’étain, plus tard le gaz et le pétrole, les ressources naturelles ont toujours été pillées, durant 500 ans par l’oligarchie en complicité tour à tour avec les empires (Espagne, Angleterre et Etats-Unis). C’est sur ce chemin de l’exploitation et de la violation, devant la poussée féroce de l’oligarchie chilienne que la Bolivie perdit sa sortie vers la mer. Ensuite ce fut une guerre sanglante contre le Paraguay, guerre inventée par les entreprises pétrolières Standard Oil (l’actuelle Exxon des Etats-Unis) et la Shell (Angleterre). Plus de 200.000 morts entre paraguayens et boliviens ont faits couler leur sang sur le territoire inhospitalier du Chaco, où les entreprises impérialistes pensaient trouver du pétrole ».
Le pétrole a toujours été la cause originelle de l’empire et des oligarchies. C’est pour cela qu’elles ont choisi Santa Cruz comme base de leurs opérations contre le gouvernement d’Evo Morales. Santa Cruz de la Sierra qui avec les départements de Tarija, Pando et Beni forment la Media Luna [Demi Lune] limitrophe avec le Paraguay. C’est le nom qu’a choisi la CIA pour développer son opération de déstabilisation et séparatiste, parce que cette Demi Lune concentre toute la richesse du pays : hydrocarbures, élevage, agriculture et bois. 44% du PIB de toute la Bolivie est réalisé dans cette région, selon Bossi.
« Le prétexte pour renverser le gouvernement d’Evo, est alors, le thème des autonomies, ce qui veut dire : ne pas se laisser gouverner par les indiens de l’ouest. Si le pays n’est plus à nous – analysent-ils – nous nous séparons et construisons notre propre pays, L’Altiplano [les hauts plateaux] pauvre à l’Ouest pour les indiens, et pour nous l’Est riche et vigoureux. Cette idée est étayée en permanence à partir de l’Ambassade des Etats-Unis et de la Confédération Internationale pour l’Autonomie Régionale, CONFILAR, une espèce d’internationale latino-américaine qui noyaute les principaux représentants des oligarchies, de Zulia au Venezuela, de Guayaquil en Équateur et de Santa Cruz en Bolivie » informe Fernando Bossi dans son essai sur la situation autonomique de Santa Cruz.
Le président Evo Morales a exprimé dans ses courageuses dénonciations, que devant l’OEA, l’Ambassadeur des Etats-Unis se fait le défenseur de la séparation des départements boliviens. Les Etats-Unis dirigent la conspiration, et devant l’OEA l’Ambassadeur a été ravi de la division de la Bolivie. Evo avait dénoncé également, que l’Ambassadeur a célébré les manœuvres anticonstitutionnelles et a aidé les groupes de pouvoir qui ne veulent pas l’égalité pour nos peuples.
Le Président de la République de Bolivie, Evo Morales, a exprimé avec patience et sagesse : « Parlons d’autonomie, non pas pour l’oligarchie, mais pour les peuples avec qui nous luttons. Ces groupes (séparatistes) qui viennent de perdre leurs privilèges, ont été depuis longtemps dans le Palais, ils ont gouverné et ont permis que l’on pille notre pays, nos ressources naturelles, y compris les ressources de base, de même que la privatisation de nos entreprises, et maintenant ils envisagent de nouveau ce système qui démontre son véritable intérêt : Le contrôle économique ».

Comment les États-Unis financent des organes de la presse mondiale pour acheter une influence médiatique.

Jeremy BIGWOOD
Les campagnes domestiques de propagande comme « le fiasco des gourous du Pentagone » ont été exposées et décriées. Les grands médias ont employé des officiers militaires de haut rang pour fournir « une analyse » sur la guerre en Irak. Mais on a découvert qu’ils avaient des liens avec des entreprises travaillant pour le Pentagone qui avaient un réel intérêt à ce que la guerre continue.
Sous le manteau, un autre scandale du journalisme couve : le gouvernement des États-Unis finance secrètement des médias et des journalistes étrangers. Des administrations publiques comme le département d’État, le département de la Défense, l’Agence des États-Unis pour le Développement International (US Agency for International Development, USAID), le Fonds National pour la Démocratie (National Endowment for Democracy, NED), le Conseil Supérieur de la Radiodiffusion (Broadcasting Board of Governors, BBG) et l’Institut des États-Unis pour la Paix (US Institute for Peace, USIP), financent le développement des médias dans plus de 70 pays. La revue In These Times a découvert que ces programmes concernent des centaines d’organisations non gouvernementales étrangères (ONGs), journalistes, hommes politiques, associations de journalistes, médias, instituts de formation et écoles de journalisme. Le montant des soutiens va de quelques milliers à des millions de dollars.
« Le sujet que nous enseignons est la mécanique du journalisme, qu’il s’agisse de la presse écrite, télévision ou radio », a expliqué Paul Koscak, porte-parole d’USAID. « Comment bâtir une histoire, comment l’écrire de façon équilibrée..., tout ce type de chose que vous attendez d’un professionnel de la presse ».
Mais quelques personnes, spécialement en dehors des États-Unis, ont un différent point de vue.
« Nous pensons que la vraie intention occulte de ces programmes de développement des médias ce sont les objectifs de la politique extérieure [étasunienne] », a déclaré un diplomate vénézuélien de haut niveau qui a demandé de ne pas être nommé. « Quand l’objectif est de changer un régime, ces programmes ont prouvé être des instruments pour déstabiliser les gouvernements démocratiques élus que les États-Unis ne soutiennent pas ».
Isabelle MacDonald, directrice de la communication de Fairness and Accuracy in Reporting (FAIR) - un observatoire à but non lucratif des médias basé à New-York , a aussi une vision critique. « C’est est un système qui, en dépit de son adhésion affichée aux normes de l’objectivité, travaille souvent contre la vraie démocratie » - a-t-elle dit - « en appuyant la dissension et en aidant le gouvernement US à répandre la fausse information utile aux objectifs de la politique extérieure des Etats-Unis ».
Montrez-moi l’agence...
Il semble difficile de mesurer la taille et la portée du développement de ces médias « indépendants » parce que des programmes similaires existent sous diverses rubriques. Quelques agences considèrent que le « développement des médias » appartient à leur propre domaine, tandis que d’autres le classe comme « une diplomatie publique » ou « des opérations psychologiques ». Ainsi, il semble difficile de chiffrer combien d’argent va à ces programmes.
En décembre 2007, le Centre pour l’Aide Internationale aux Médias, (Center for International Media Assístance, CIMA), une officine du Département d’État financée par le NED, a rapporté qu’en 2006 l’USAID a distribué presque 53 millions de dollars pour des activités de développement de médias étrangers. Selon l’étude du CIMA, le Département d’État a estimé à 15 millions de dollars les subvention à de tels programmes. Le budget du NED pour les projets des médias s’élève à 11 millions supplémentaires. Et le petit Institut de la Paix des États-Unis (USIP), dont le siège est à Washington, a pu avoir contribué avec 1,4 millions supplémentaires, selon le rapport qui n’a pas examiné le financement qu’octroient aux médias le Département de la Défense ni la CIA.
Le gouvernement des États-Unis est de loin le plus grand fournisseur de fonds pour le développement des médias dans le monde, distribuant plus de 82 millions de dollars en 2006, sans inclure l’argent du Pentagone, de la CIA ou des ambassades des États-Unis dans les pays récepteurs. Pour compliquer le tableau, beaucoup d’ONGs étrangères et de journalistes reçoivent des fonds pour le développement des médias d’autres sources de financement du gouvernement des États-Unis. Certains reçoivent de l’argent de quelques sous-traitants des États-Unis et d’ « organisations internationales indépendantes à but non lucratif », tandis que les autres reçoivent de l’argent directement de l’ambassade des États-Unis dans leur pays.
Trois journalistes étrangers qui reçoivent un financement pour le développement des médias de la part des États-Unis nous informe que tels cadeaux n’affectent pas leur comportement ni ne modifient leur ligne éditoriale. Et ils nient pratiquer l’autocensure. Cependant, aucun ne le dirait publiquement.
Gustavo Guzmán, un ex-journaliste et maintenant ambassadeur bolivien aux États-Unis, a dit : « un journaliste qui reçoit de tels cadeaux n’est pas vraiment un journaliste, mais un mercenaire ».
Une histoire tordue
Le financement de médias étrangers par le gouvernement des États-Unis est une longue histoire. Vers le milieu des années 70, deux enquêtes du Congrès dérivées du scandale de Watergate, - les commissions « Church et Pike », du sénateur Frank Church (D-Idaho) et du représentant Otis Pike (D-NY) -, ont révélé les activités clandestines du gouvernement des États-Unis dans d’autres pays. Les deux commissions ont confirmé que, en plus de journalistes financés par la CIA (étrangers et étasuniens), le gouvernement de Washington a aussi subventionné la presse écrite étrangère, des radios et des chaînes de télévision - chose que les soviétiques faisaient aussi.
Par exemple, Encounter (Lire le livre de Frances Stonor Saunders : La CIA et la guerre froide culturelle), une revue littéraire une anticommuniste publiée en Angleterre entre 1953 et 1990, a été démasquée en 1967 comme une opération de la CIA. Et, comme c’est aujourd’hui le cas d’organisations au nom inoffensif tel que le « Congrès pour la Liberté de la Culture/ Congress for cultural fredom », ont aussi été des façades de la CIA.
Les enquêtes du Congrès ont établi que le financement clandestin des États-Unis à des médias étrangers a souvent occupé un rôle décisif dans la politique extérieure, mais nulle part autant qu’au Chili au début des années 70.
« La principale opération de propagande de la CIA, à travers le journal [conservateur] de l’opposition El Mercurio, a probablement participé le plus directement possible au sanglant renversement du gouvernement d’Allende et de la démocratie au Chili », a dit Peter Kornbluh, analyste du National Security Archive, un institut de recherche [universitaire] indépendant non gouvernemental.
In These Times a demandé à l’agence si elle finance encore des journalistes étrangers. Le porte-parole de la CIA Paul Gimigliano a répondu : « La CIA, d’ordinaire, ne confirme ni ne nie ce genre d’allégations ».
Les Ennemis du Département d’État ?
Le 19 août 2002, l’ambassade des États-Unis à Caracas, Venezuela, a envoyé le télégramme suivant à Washington :
« Nous attendons à ce que la participation de M. Lacayo à « Grant IV » soit reflétée directement dans son reportage sur les sujets politiques et internationaux. Alors que sa carrière progresse, nos liens plus étroits avec lui signifient que nous gagnerons un ami potentiellement important en position d’influence éditoriale ». [Note de l’éditeur : Le nom de M. Lacayo a été changé pour protéger son identité].
Le département d’État avait choisi un journaliste vénézuélien pour visiter les États-Unis sous le projet connu de "Grant IV", un programme d’échange culturel commencé en 1961. L’année dernière, le département a amené environ 467 journalistes aux États-Unis, pour un coût proche de 10 millions de dollars, selon un fonctionnaire du département d’État qui a demandé l’anonymat.
MacDonald, de FAIR, a dit que les « visites servent à construire des liens entre les journalistes étrangers en visite et les institutions à condition qu’... ils soient extrêmement acritiques sur la politique extérieure des États-Unis et les intérêts corporatifs qu’elle sert ».
Le Département d’État finance le développement des médias à travers plusieurs de ses bureaux, y compris le Bureau des Affaires Educatives et Culturelles (Bureau of Educational and Culturel Affairs), le Bureau de Renseignement et de Recherche (Bureau of Intelligence and Research, INR) et le Bureau de la Démocratie, des Droits de l’Homme et du Travail (DRL) (Bureau of Democracy, Human Rights, and Labor, DRL), et aussi directement à partir de ses bureaux et ambassades dans le monde entier. Il finance aussi des journalistes étrangers à travers une autre section, le soi-disant « Bureau de Diplomatie Publique et des affaires Publiques, OPDPA », (Office of Public Diplomacy and Public Affaire, OPDPA). Plus important, le Département d’État décide en général quelles autres agences, tels USAID et NED, doivent investir leurs fonds dans un programme de développement des médias.
(Le Département d’État n’a pas répondu aux demandes d’information d’In These Times à propos de son budget pour le développement des médias, mais l’étude du CIMA 2007 a démontré, par exemple, que le DRL a reçu en 2006 presque 12 millions de dollars pour le seul développement des médias).
Le cas de la Bolivie est un exemple révélateur d’un pays dans le quel les États-Unis finançaient le développement des médias. Selon le site Web du DRL [Bureau de la Démocratie, des Droits de l’homme et du Travail], en 2006 ce bureau a sponsorisé en Bolivie 15 ateliers sur la liberté de la presse et d’expression. « Les journalistes de ce pays et les étudiants en journalisme ont discuté de l’éthique professionnelle, des bonnes pratiques de diffusion de nouvelles et du rôle des médias dans une démocratie », informe leur site. « Ces programmes ont été envoyés à 200 stations de radio dans des régions lointaines à travers du pays ».
En 2006, la Bolivie a élu Evo Morales, son premier président indigène, dont les États-Unis et les grands médias boliviens ont tenté à plusieurs reprises d’empêcher l’arrivée au pouvoir. Morales et ses partisans affirment que le gouvernement étasunien est derrière le mouvement séparatiste dans les provinces de l’est de la Bolivie, riches en gaz, et affirment que cet appui caché se traduit dans des réunions pour le développement des médias, selon le journaliste et ex porte-parole du président sortant, Alex Contreras. Koscak, de l’USAID, a nié les accusations.
C’est le BBG.
« Le Conseil supérieur de la communication audiovisuelle (BBG) est plus connu comme le financier de la Voice of America. Selon son site Internet, BBG est responsable de toute émission internationale, non militaire, sponsorisée par le gouvernement étasunien », qui transmet des nouvelles et des informations en 60 langues et dans le monde entier.
En 1999, le BBG, est devenu une agence fédérale indépendante. Jusqu’en 2006, elle a reçu un budget de 650 millions de dollars, selon les estimations du CIMA, dont près de 1,5 million de dollars destinés au développement des médias et à la formation de journalistes en Argentine, Bolivie, Kenya, Mozambique, Nigeria et Pakistan.
En plus de la Voix de l’Amérique, le BBG gère aussi quelques autres stations radios et TV. La station de télévision Alhurra, dont le siège est à Springfield, Virginie, « est un réseau commercial libre de télévision par satellite en langue arabe pour le Moyen-Orient, consacré surtout à des news et à l’information », selon son site Web. Alhurra, « libre » en arabe, a été décrit par le Washington Post comme « le plus grand et le plus coûteux effort du gouvernement des États-Unis pour secouer l’opinion publique étrangère via des ondes depuis la création de la Voix de l’Amérique en 1942 ».
BBG finance aussi la Radio Sawa (pour la jeunesse arabe, avec une présence en Égypte, dans le Golfe Persique, Irak, Liban, Maroc et Soudan), Radio Farda (pour l’Iran) et Radio Free Asia (avec une programmation régionale pour l’Asie). Le BBG finance aussi des transmissions à travers Radio y TV Martí, dont lle coût s’élèverait à presque 39 millions de dollars en 2008, selon le Budget pour les Opérations Étrangères du Congrès (Foreign Operations Congressional Budget Justification).
Les RP du Pentagone
Le Département de la Défense (DOD) a refusé de répondre à In These Times au sujet de ses programmes de développement des médias. Selon un article de Jeff Gerth, Military’s Information War Is Vast and Often Secretive (la guerre d’information de l’armée est vaste et souvent secrète - ndt), publié dans le The New York Times le 11 décembre 2005, « les militaires gèrent des stations d’émission et des journaux [en Irak et en Afghanistan] mais ne font pas connaître leurs liens étasuniens ».
Le travail de développement des médias en Irak « a été confié au Département de la Défense, dont les principaux fournisseurs avaient peu ou aucune expérience valable », selon un rapport de l’USIP d’octobre 2007.
Une étude de 2007 du Centre d’Études Globales de Communication de l’École Annenberg pour la Communication, de l’Université de la Pennsylvanie (Center for Global Communication Studies at the University of Pennsylvania’s Annenberg School for Communication), a découvert que Science Applications International Corp. (SAIC), un sous-traitant du Département de la Défense, a reçu un contrat initial de 80 millions de dollars par un an pour transformer en "indépendant" un système de médias dirigé par le gouvernement, grâce à un style similaire à celui du service de nouvelles nationales de la BBC, pour compenser en partie l’influence d’Al Jazeera sur la région.
« La SAIC était un bureau du DOD qui s’est spécialisé dans les opérations de guerre psychologique, et plusieurs croient qu’il a contribué à forger l’opinion des Irakiens sur le fait que le Réseau de Médias d’Irak (IMN) n’était principalement qu’un appendice de l’Autorité Provisoire de la Coalition (Coalition Provisional Authority) », est-il expliqué dans le rapport de l’USIP. « Le fonctionnement de la SAIC en Irak a été considéré comme coûteux, non professionnel et raté pour ce qui est d’établir l’objectivité et l’indépendance de l’IMN ». Par hasard, la SAIC a perdu le contrat au profit d’une autre compagnie, l’Harris Corp.
SAIC n’a pas été le seul sous-traitant de médias du Pentagone qui a massivement échoué. Peter Eisler, dans son article Pentagon launches foreign news websites (le Pentagone lance des sites internet d’information à l’étranger) du 30 avril dans le magazine USA Today, a affirmé que le site Web irakien d’information Mawtani.com est un de ces média d’information financé par le Pentagone.
USAID : « de la part des étasuniens »
Le président John F. Kennedy a créé l’Agence des États-Unis pour le Développement International (USAID) en novembre 1961 pour administrer une aide humanitaire et le développement économique dans le monde entier. Mais tandis que l’USAID professe la transparence pour d’autres nations, elle-même est très peu transparente. C’est particulièrement vrai pour ses programmes de développement des médias.
« Dans de nombreux pays, y compris au Venezuela et en Bolivie, l’USAID agit plus comme une agence impliquée dans une opération de renseignement, comme la CIA, que comme une agence d’aide ou de développement », a dit Mark Weisbrot, un économiste du Centre pour la Recherche Économique et Politique (Center for Economic and Policy Research), un « think-tank » basé à Washington.
En fait, tandis que les enquêteurs ont pu obtenir les budgets des programmes globaux d’USAID en recourant au Freedom of Information Act, ainsi que les noms des pays ou des régions géographiques où a été versé l’argent, les noms des organisations étrangères spécifiques qui reçoivent ces fonds, en revanche, sont classés secret d’Etat, exactement comment dans le cas de la CIA.
Et dans le cas où les noms des organisations récipiendaires sont connues et qu’on demande de l’information sur elles, l’USAID répond qu’il ne peut « ni confirmer ni nier l’existence de ces faits », utilisant le même langage que la CIA. (Note de l’auteur : En 2006, j’ai perdu un procès contre l’USAID, dans une tentative pour identifier les organisations qu’elle finance à l’extérieur).
USAID finance trois opérations importantes de développement des médias : l’International Research et Exchanges Board, plus connu comme IREX, le réseau Internews Network et Search for Common Ground, financé en grande partie par des fonds privés. Pour compliquer le tableau, ces trois opérations ont aussi reçu un financement du département d’État, de la Middle East Partnership Initiative, MEPI, du Bureau de Renseignement et de Recherche (Bureau of Intelligence and Research) et du Bureau Démocracie, de Droits de l’homme et du Travail.
Selon sa plaquette, l’IREX est une organisation internationale à but non lucratif qui « travaille avec des associés locaux pour améliorer le professionnalisme et le développement économique à long terme de journaux, de stations de radio et de télévision et les médias ’Internet’. La déclaration d’impôts ’990’ pour 2006 de l’IREX a indiqué que ses activités avec les médias incluent « de petites bourses accordées à plus de 100 journalistes et organisations de médias ; une formation pour des centaines de journalistes et d’entreprises de médias » et compte plus de 400 employés qu’ils conseillent et envoient des programmes à plus de 50 pays.
Le réseau Internews Network, appelé communément « Internews », reçoit seulement quelque chose comme la moitié du budget de l’IREX mais il est plus connu. Fondée en 1982, la majorité du financement d’Internews provient de l’USAID, bien qu’il reçoive aussi des fonds du NED et du département d’État. Internews est l’une des plus grandes opérations dans le domaine du développement indépendant des médias, finançant des douzaines d’ONGs, de journalistes, associations de journalistes, instituts de formation continue et des universités de journalisme dans des douzaines de pays à travers le monde.
Les opérations d’Internews ont été stoppées dans des pays tels que la Biélorussie, Russie et Ouzbékistan, où elle a été accusée de miner les administrations locales et de promouvoir les agendas des États-Unis. Dans un discours à Washington DC en mai 2003, Andrew Natsios, ex-administrateur d’USAID, a décrit les entrepreneurs privés financés par l’Agence comme « un bras du gouvernement des Etats-Unis ».
L’autre plus grand récepteur de fonds d’USAID pour le développement des médias, Search for Common Ground, reçoit plus d’argent du secteur privé que du gouvernement des États-Unis, dans la plupart des cas pour la « résolution de conflits », selon le rapport du CIMA.
Cuba et Iran sont deux cibles importantes de l’USAID pour le développement et l’assistance des médias. Le budget USAID pour la « Liberté des Médias et la Liberté d’Information » (Media Freedom and Freedom of Information) - pour la « transition » de Cuba sous la Commission d’Assistance pour un Cuba Libre II (Commission for Assistance to à Free la Cuba II, CAFC II) - totalise 14 millions de dollars. Cela représente une augmentation de 10,5 millions par rapport au montant dédié en 2006. Pour l’Iran, l’USAID a prévue un budget d’environ 25 millions de dollars pour le développement des médias en 2008. Cela fait partie d’un paquet de 75 millions destinés à ce que l’USAID appelle « une diplomatie transformationnelle » dans ce pays.
Finançant la "démocratie" à la sauce USA
« Beaucoup de ce que nous faisons aujourd’hui a été fait secrètement fait par la CIA pendant 25 ans », a dit Allen Weinstein, l’un des fondateurs du National Endowment for Democracy, dans un article publié en 1991 par The Washington Post.
Crée au début des années 80, le NED « est gouverné par une équipe de direction indépendante, non partisane ». Son objectif est d’appuyer des organisations favorables à la démocratie dans le monde. Cependant, historiquement, son agenda a été défini par les objectifs de la politique extérieure de Washington.
« Quand la rhétorique de la démocratie est laissée de côté, le NED est un outil hautement spécialisé pour pénétrer la société civile d’origine populaire d’autres pays » pour atteindre les buts de la politique extérieure des États-Unis, a écrit le professeur William Robinson, de l’Université Santa Barbara, de Californie, dans son livre A Faustian Bargain. Robinson a été au Nicaragua à la fin des années 80 et il a observé comment le travail du NED avec l’opposition nicaraguayenne appuyée par les Etats-Unis affaiblissait l’influence des sandinistes (de gauche) pendant les élections de 1990.
Le NED a aussi été derrière un grand scrutin public au Venezuela, où il a été dénoncé pour le financement du camp anti-Chavez. Dans son livre El Código Chávez (Le Code Chavez), l’avocate vénézuélo-étasunienne Èva Golinger a écrit que les bénéficiaires du NED (et de l’USAID) furent impliqués dans la tentative de coup d’Etat contre le président vénézuélien Hugo Chávez en 2002, et de la même manière dans la conduite des « grèves de travailleurs » contre l’industrie pétrolière du pays. Golinger a aussi observé que le NED a financé Súmate, une ONG vénézuélienne dont l’objectif est de promouvoir l’exercice libre des droits politiques des citoyens, et qui a orchestré le référendum révocatoire raté contre Chavez en 2004.
Dépendance et obligation
Le concept de la séparation des pleins pouvoirs entre la presse et le gouvernement n’est pas seulement un principe de base du système politique des États-Unis, mais aussi de l’article 19 de la Déclaration Universelle de Droits de l’Homme. Le financement par le gouvernement des États-Unis d’organes de presses risque d’établir une relation client-fournisseur qui empêche de considérer un média comme indépendant.
« Toute donation d’équipement du gouvernement des États-Unis, comme des ordinateurs et des graveurs, affecte le travail des journalistes et des organisations journalistiques », a déclaré le journaliste bolivien Contreras, « parce cela crée une dépendance et une obligation aux agendas souterrains des institutions des États-Unis ».

Les 114 000 liens entre la CIA et une ONG française.

Maxime VIVAS
Bonne nouvelle pour : tous les allergiques aux manigances de la CIA, les contribuables français qui veulent savoir où passent leurs impôts, les journalistes, les reporters sur les champs de bataille, les amoureux de la-presse-libre-de-dire-la-vérité, les syndicats de journalistes, les consommateurs de médias et, globalement, tous les braves gens fatigués d’être enfumés par une fausse ONG qui lape dans les abreuvoirs de l’Oncle Sam.
Dans la première semaine de septembre 2009, RSF a (enfin !) publié ses comptes 2008. Et les indicateurs sont au rouge.
En effet, malgré le renfort financier de deux nouveaux sponsors US dont le pâle vernis laisse transparaître le sigle CIA, c’est le recul, voire la dégringolade.
Seule la vente de tee-shirts anti-chinois a permis d’éviter un méchant déficit. Mais RSF peut-elle décemment réclamer une organisation annuelle des J.O. à Beijing ? Les Chinois accepteraient-ils d’offrir tous les ans à la meute chauffée à blanc par Robert Ménard une jeune handicapée protégeant la flamme olympique ? (1) Et cela, pour que RSF puisse continuer à financer ses luxueux locaux parisiens, pourvoir à son ruineux fonctionnement et au train de vie de ses cadres ?
On peut en douter.
D’où l’on conclura que les comptes 2008 de RSF amorcent ce qui n’est que le début d’une déconfiture due à ce que fut RSF de Robert Ménard. Compte tenu de ce qu’elle est (de terriblement ressemblant) avec son nouveau patron, Jean-François Julliard, la décrue ne pourra que se poursuivre.
L’heure de payer l’addition est arrivée.
Dans son livre « Des libertés et autres chinoiseries » (2008, Robert Laffont) Ménard se plaint : « Si vous tapez sur Google : « Robert Ménard + CIA », le site de recherche vous propose … 114 000 liens ». Vérification faite ce jour (toujours vérifier ce que dit Ménard, c’est la règle N° 1 du chasseur de mensonges), le chiffre est inférieur, mais très élevé cependant).
Ce déferlement qui aurait dû alerter RSF avant d’atteindre un tel niveau ne saurait tarir. En effet, depuis ce constat, dans une folle fuite en avant visant à compenser les défections nationales, RSF est passée de quatre à six entreprises financées par des officines liées à la CIA, parfois en osmose fusionnelle puisqu’on a vu certains des dirigeants de ces paravents ajourés diriger directement la fameuse agence de renseignement états-unienne que personne ne peut qualifier de philanthropique.
Quelques chiffres du budget de 2008.
• Le total des recettes qui était, en 2007, de 5 842 326 euros, chute en 2008 à 4 874 443 euros, soit près d’un million de moins (967 883 euros exactement), soit moins 16,55 %.
• L’engouement du public pour les calendriers et les trois albums de RSF a faibli. Les chiffres totaux des ventes tombent à 160 000 exemplaires contre 225 000 en 2007. Perte de recette : 24 %.
• Les recettes publicitaires des albums ont chuté de 30%.
• Le mécénat a diminué du fait de « l’absence de recettes non récurrentes » (sic). Du coup, les rentrées à ce poste-là sont passées de 20 % à 10%.
• La part de nos impôts que RSF a reçue et qu’elle appelle « financements publics » (ministères et Office français pour la francophonie) a baissé d’un tiers en passant de 9% de son budget à 6 %.
• Quant à la part de cotisations par ses maigres troupes adhérentes (moins de 1500), elle est si faible que RSF ne la fait pas apparaître dans ses bilans.
Des locaux luxueux à payer.
Or, RSF doit payer l’acquisition en 2007 de son superbe siège social à Paris, ce qui a impacté cette année son budget « à hauteur de 285 K€ » (285 000 euros, mais RSF écrit 285 K€, c’est mieux pour minimiser) avec prévision du même coût pour les années à venir.
Par bonheur, « la vente de milliers de tee-shirts » et la redevance de la licence de RSF ( ?) sont venues abonder de 41% les recettes propres de RSF.
Quoi qu’il en soit, si les gogos ont acheté des tee-shirts, les « décideurs » n’ont pas aimé cette agitation. En terme d’image de marque, cette campagne anti-chinoise a donc été coûteuse pour RSF et on ne fait que commencer à en voir les effets.
L’un d’eux est que Robert Ménard a été démissionné, prié de l’annoncer un vendredi, de vider son bureau le lundi et de se tenir au large. Auparavant, et en quelques mois, il avait créé un schisme profond entre la France et la Chine (pour la plus grande joie de Bush qui se pavana près d’une semaine à Pékin pendant les J.O.), il avait dénoncé la « lâcheté » de l’UNESCO, regretté que cette organisation internationale se soit « déculottée », remarqué que le président du Comité international olympique (CIO), Jacques Rogge, est un « lâche et un salopard » et accusé Nicolas Sarkozy, pour qui il dit avoir voté, de participer à une « coalition de lâches » dans laquelle nul n’a remarqué qu’il incluait le locataire de la Maison Blanche d’alors, bourreau de l’Irak et de l’Afghanistan, chef des tortionnaires de Guantanamo.
Sur ces mâles paroles, il a filé vendre sa force de travail humaniste au Qatar, une dictature où la presse n’a pas le droit de critiquer le monarque, ses femmes, sa famille, sa politique, les pratiques de la flagellation et de la torture, le quasi-esclavage des immigrés, etc.
Là-bas, grassement payé de son propre aveu, il s’est trouvé à la tête d’un budget de 3, puis 4 millions de dollars pour faire fonctionner un prétendu Centre d’hébergement de journalistes exilés. Dans ce havre de liberté, qui resta d’ailleurs quasiment vide, il était interdit aux hommes et aux femmes de se rencontrer, ce qui obligea à créer en vérité deux lieux distincts.
Le caractère autoritaire de Ménard (« dictatorial », dit Rony Brauman) et sa prétention à gérer seul l’argent offert par l’émir firent monter la tension. Le monarque qatarie prétendait qu’un de ses parents, membre du conseil d’administration du Centre ménardo-misogyne devait aussi regarder où passait l’argent. Echouant à devenir là-bas ce qu’il avait été à Paris, c’est-à-dire le seul maître à bord, Ménard s’est tardivement aperçu que le Qatar n’était pas une démocratie et que la presse était brimée.
Il est alors parti en fustigeant les défauts liberticides de son ex-maître et en oubliant (et tous nos médias avec) les propos flatteurs qu’il tenait quelques mois auparavant sur le « seul pays arabe où l’on peut créer un tel Centre pour la liberté ».
La presse courbée en a fait ses titres virils : « Robert Ménard claque la porte du Qatar ». Sur les raisons qui le poussèrent à aller offrir ses services à cette dictature liberticide où les journalistes ont intérêt à la fermer, nos médias eurent la discrète élégance de ne pas questionner le planétaire donneur de leçon. Ce qui laisse à la grande âme qui a caressé un moment l’espoir de devenir député européen sur une liste du MODEM (Bayrou, alerté par ses conseillers, l’a éconduit) du temps pour préparer le point de chute dont il rêve tous les matins en se rasant : la mairie de Béziers.
Mais partout, le doute est né sur RSF et son co-fondateur.
Qui finance ou aide encore RSF en France ?
Qui finance ? Nous tous, que cela nous plaise ou non, par une partie de nos impôts et de l’argent que nous donnons à des entreprises privées en faisant nos achats. Le tout va renflouer RSF et ralentir son nécessaire déclin.
On a vu que les sponsors privés de RSF deviennent plus pingres. Toujours adepte du camouflage, RSF écrit dans sa rubrique « Comptes 208 » : « Les entreprises qui ont aidé Reporters sans frontières en 2008 sont principalement ... ». Le « principalement » indique qu’elles ne sont pas toutes listées là où nous les cherchons. Tiens, pourquoi ?
Les entreprises françaises dont le nom est présent dans le bilan comptable sont : la Fnac, Carrefour, Casino, Monoprix, Cora, les sites Internet alapage.com, fnac.com, amazon.fr, A2Presse et plus de 300 librairies qui continuent à proposer la camelote de l’épicerie compassionnelle à leurs clients.
Un complément à la liste des entreprises et partenaires qui ne figurent pas dans la rubrique « Qui sommes-nous ? » sous rubrique « Comptes 2008 » est discrètement entreposé dans la rubrique « Agir avec nous », sous-rubrique « Etre partenaire ».
Rubrique « Agir avec nous. Etre partenaire ».
1. Entreprises qui aident à renflouer les caisse de RSF avec les albums de photographies : les NMPP, le SNDP, l’UNDP, Relay, la Maison de la presse, Mag Presse, Intermarché, Auchan, la Fnac, CFAO, France Loisirs, A2Presse, Métrobus, AAP, PROMAP, SEDDIF et Interforum Editis qui diffuse gracieusement les albums à la Fnac, chez Virgin, Cultura, Carrefour, Casino, Monoprix, Intermarché et Auchan, sur une quarantaine d’e-librairies dont Amazon.fr, Fnac.com, Chapitre.com et Cultura.com et « dans près de 600 librairies » (ce dernier chiffre s’envole d’une page à l’autre chez RSF : dans la rubrique « Comptes 2008 » elles étaient « plus de 300 ». Ô Rigueur comptable !
2. Entreprises partenaires des campagnes politiques de RSF : AFP, Air France, American Express, Arte, Baume & Mercier, Veronica Magazine, la Caisse des dépôts et consignations, Digit Access, Soleil Production, Oxford (Société Lecas), le Cabinet d’avocat Jean Martin, Datapresse, Leica Camera, Radio France, Sanyo, Solidaripresse.
Et Saatchi & Saatchi, une agence basée aux USA. Elle compte 7 000 employés et 138 bureaux dans 82 pays. Elle travaille pour 60 des 100 plus importants annonceurs du monde. Jusqu’en octobre 2004 (forum du Nouvel-Observateur), RSF a prétendu que RSF payait ses prestations. Nous lisons aujourd’hui sur le site RSF : « Depuis 2002, Saatchi & Saatchi réalise gracieusement toutes les campagnes de communication de Reporters sans frontières »). Ô, amour du vrai !
3. Ville et festival : la ville de Bayeux, le festival Visa pour image.
4. Fondations (sic) : la Fondation EDF Diversiterre, la Fondation Ford, National Endowment for Democracy, Open Society Institute, Sigrid Rausing Trust. Ici RSF oublie le Center for a free Cuba et la Overbrook Foundation, cachés ailleurs.
5. Partenaires qui distribuent nos impôts à RSF : le ministère français des Affaires étrangères, l’Organisation internationale de la Francophonie, le Premier ministre français.
6. Autre : l’UNESCO, qu’on est surpris de voir là. On se rappelle en effet que les formes de la campagne anti-chinoise de RSF au printemps 2008 ont conduit l’UNESCO à une rupture spectaculaire avec RSF. Des sources diplomatiques de l’UNESCO avaient alors informé l’agence de presse Prensa Latina que « la décision avait été prise en raison des fautes réitérées d’éthique commises par RSF dans le seul but de discréditer un certain nombre de pays ».
«  Les agissements de RSF ne répondent ni aux critères ni aux objectifs de l’UNESCO et montrent une fois de plus qu’il ne poursuit que le sensationnalisme en voulant s’ériger en grand inquisiteur des nations en voie de développement, relèvent les médias consultés » ajoutait l’agence de presse avant de conclure : « Pour cette raison et d’autres antécédents, l’UNESCO a choisi de rompre ses relations avec RSF et de l’exclure de toute forme de coopération dans l’avenir ».
Qui finance RSF de l’étranger ?
Rubrique « Comptes 2008 ».
« Les entreprises qui ont aidé Reporters sans frontières en 2008 sont principalement Sanofi Aventis et le CFAO, tandis que la liste des fondations privées contient le Center for a Free Cuba, la National Endowment for Democracy, le Sigrid Rausing Trust, la Overbrook Foundation ». Ici, ce sont l’Open Society Institute et la Fondation Ford qui ont été oubliés mais que nous avons remarqués plus haut, ce qui permet de faire un total.
Sous le règne de Robert Ménard, c’étaient quatre sociétés écrans de la CIA qui mêlaient leur argent aux entreprises françaises. Sous le règne de son successeur, elles sont six. Le nouveau patron de RSF, J.F Julliard, fonctionne donc comme son ancien patron, mais en pire. Ce qu’on croyait impossible.
Examinons les six mécènes qui camouflent (si mal !) la CIA.
1 - Le Center for a free Cuba (CFC). Pendant des années, RSF a touché de l’argent du CFC sans le faire apparaître dans ses comptes. Motus et comptes cousus (de fil blanc). Le CFC a pour unique mission d’aider à la réalisation du vieux rêve du gouvernement états-unien et de la maffia cubano-états-unienne de Miami : renverser le gouvernement cubain, reprendre tous les biens qui étaient les leurs avant la révolution (en gros : l’essentiel des terres, usines, minerais, logements, hôtels, commerces, etc.).
2 - La National Endowment for democracy (NED), omiprésente partout où l’on peut écarter du pouvoir ceux qui servent leur pays et non les intérêts de l’Empire. Au Venezuela, son budget a été multiplié par quatre à la veille du coup d’Etat d’avril 2002. Un rédacteur de ses statuts, un de ses vice-présidents, le New York Times, ont avoué que la NED était un paravent de la CIA (2). Plusieurs dirigeants de la CIA ont d’ailleurs siégé au CA de la NED.
3 - L’Open Society Institute de George Soros, partenaire du célèbre Carlyle Group, nid de Républicains et d’anciens membres de la CIA, dont l’un, Frank Carlucci, en fut le sous-directeur. Soros a sauvé George W. Bush de la faillite quand ce dernier dirigeait une société de prospection pétrolière. On ne compte plus les pays où l’Open Society Institute est intervenu en Amérique latine et en Europe de l’Est, pour favoriser la mise en place des dirigeants pro-états-uniens.
4 - Sigrid Rausing Trust (nouveau sponsor) : Société de lobbying. Dans son conseil d’administration, on remarque la journaliste Christine Ockrent, membre du conseil d’Administration de RSF et épouse de Bernard Kouchner qui est à l’origine de la honteuse décoration de Robert Ménard (Légion d’Honneur). Décoration dont Ménard avoue naïvement qu’elle ne lui fut pas accordée sans réticence : "... C’est Bernard Kouchner qui a proposé mon nom. Il a même dû insister me racontera-t-il." (« Des liberté et autres chinoiseries »).
Sigrid Rausing Trust est associée au financement d’organismes comme International Crisis Group, une ONG fondée en 1994 par… George Soros.
5 - L’overbrook Foundation : son fondateur, Frank Altschul travailla à Radio Free Europe pour la CIA avec William Donovan, fondateur de l’OSS, l’ancêtre de cette CIA dont un directeur fut William Casey, instigateur de la NED, ce sponsor de RSF et paravent de la CIA.
6 - La Fondation Ford (nouveau sponsor). Raymond Aron, le philosophe ennemi intime de Jean-Paul Sartre, a écrit dans ses mémoires qu’il a découvert à la fin des années 60, que le « Congrès pour la liberté de la culture » qu’il animait, était financé par la CIA via la fondation Ford.
Qui s’étonnera encore des milliers de liens Internet qui relient RSF à la CIA ?
Où va l’argent ?
A la rubrique « Consultation des comptes : comptes annuels au 31/12/2008 », le lien « Utilisation des fonds » renvoie à « Aide financière de Reporters sans frontières aux journalistes et médias en danger ».
Et là, RSF enfume les citoyens de belle manière. L’épicerie de luxe se livre à une lourdingue diversion par une longue énumération des aides dont le détail, non chiffré, est destiné à masquer la maigreur.
Pitoyable astuce ! Après avoir fait traîner la publication de ses comptes 2008 jusqu’en septembre 2009, l’organisation nous livre ses aides aux journalistes pour l’année 2008 ET pour 2009 (de janvier à mai). Au passage, notons que la date d’arrêt des comptes de RSF est ainsi indiquée (mai 2009). On se demande pourquoi ils n’ont été publiés qu’en septembre au lieu de juin, comme l’année précédente. Il semblerait que quatre mois ont été nécessaires pour les rendre présentables au public. Présentables étant ici synonyme d’opaques. C’est-à-dire, aussi globaux que possibles.
En 2009 (janvier à mai). RSF a dépensé notre argent ainsi (pas de chiffres donnés par RSF pour cette énumération) : attributions de bourses à des journalistes, aide à la scolarisation d’enfants de journalistes, aide à un jeune blogueur, soutiens financiers, bourses d’assistances, accueil à Paris de journalistes, aide financière et administrative, prise en charge de frais d’avocat, achat de matériel informatique pour un journal, aide financière aux familles de journalistes en prison.
En 2008, outre le même type de prestations (toujours non chiffrées), RSF a aidé des journalistes à obtenir des logements en France, financé un rapatriement, versé une allocation pour aider à l’enregistrement d’un concert commémoratif de l’assassinat de journalistes, aidé un journaliste à retrouver sa famille, contribué à la préparation d’une conférence au Maghreb, payé les frais d’hospitalisation à Damas d’une journaliste, contribué aux frais d’hospitalisation d’un journaliste à Dubaï.
Camouflage et poudre aux yeux.
Le gogo dira : c’est beaucoup. Le lecteur attentif rétorquera : attrape-nigaud, tour de passe-passe, mystification.
Voici comment RSF cache que seules des miettes de son budget vont aux journalistes : 1- Le montant total des sommes versées aux journalistes en 2008 n’est pas divulgué (on va comprendre pourquoi).
2- la longue énumération des aides 2008, gonflée par celle de 2009, masque une réalité : la plupart de ces aides ne dépassent pas quelques dizaines d’euros.
3- Chaque fois que le montant dépasse 100 euros (et dans ces cas-là seulement) RSF donne fièrement le chiffre, pariant sur le phénomène dit « effet de halo » qui incitera le lecteur à déduire que les dépenses non chiffrées sont de la même hauteur que celles qui le sont.
Voyons donc les quelques chiffres divulgués :
Si l’on n’oublie pas que, en 2008, des organismes publics et privés ont alloué à RSF (ou aidé RSF à recueillir) presque cinq millions d’euros pour secourir des journalistes, on sera atterré par le faible montant des sommes qui sont reversées et par l’affligeante tentative d’en dissimuler le total.
En 2009 (janvier à mai), Reporters sans frontières a octroyé une bourse de 500 euros, à un journaliste et poète azerbaïdjanais, 500 euros à un jeune blogueur égyptien, 400 euros à un journaliste iranien.
Si l’on fait le total des sommes annoncées (les plus grosses, donc) on obtient 1400 euros.
En 2008, 400 euros ont été versés à un journaliste iranien, 600 euros à un journaliste éthiopien, 1000 euros à une fondation, 1500 euros aux familles de journalistes géorgiens, 600 euros à une journaliste russe, 700 euros à un caricaturiste bangladeshi, 1000 euros à l’épouse d’un journaliste en prison au Niger, 600 euros à un journaliste colombien, 4000 euros aux journalistes et à leurs familles affectés par un cyclone en Birmanie, 2000 au Working Group on Press Freedom and Free Expression (WGFENA), organisateur d’une conférence, 1000 euros à un journaliste chinois, 1200 euros pour la parution d’un journal au Tchad.
Le total affiché est de 14 600 euros.
En pourcentage du budget de RSF, le montant total avoué des sommes reversées aux journalistes en 2008 stagne à moins de 0,3% du budget (1400 euros sur 4 874 443). Pour espérer faire grimper à 1% du budget de RSF le chiffre des sommes reversées aux journalistes, il faudrait y ajouter la cinquantaine de versements minimes dont le montant n’est pas révélé. Or, à regarder la nature des contributions ou aides dans des pays du tiers monde où les salaires mensuels dépassent rarement les quelques dizaines d’euros, on comprend le timide silence de RSF qui ne peut décemment pas écrire : « Nous avons versé 20 ou 50 euros à tel journaliste du tiers monde et il est bien content : avec ça, il vit un mois en famille, ou il paie son avocat, ou il scolarise son fils ou tout ça à la fois… ».
Les braves gens qui croient aider les journalistes en finançant RSF ignorent que les frais de fonctionnement de cette boutique se montent à 33% de son budget (ils varient entre 5 et 10% pour d’autres ONG).
En 2003, 93 % du budget de RSF étaient absorbés par les frais de fonctionnement, de propagande et les salaires, ne laissant que 7% pour accomplir la mission première : l’aide directe aux journalistes. Les restitutions ultérieures des comptes ne donnent plus ce « détail ». On imagine donc que le pourcentage versé aux journalistes a encore baissé. Les extrapolations ci-dessus accréditent cette hypothèse, sans pour autant la confirmer irréfutablement. Il appartient donc à RSF de la démentir, chiffres à l’appui, si elle le peut.
L’obsession de l’argent.
Cette répugnance à laisser sortir de l’argent hors du circuit de RSF va de pair avec l’obsession d’en faire entrer par tous les moyens.
En quelques clics sur la première page du site de RSF vous saurez comment faire un don, vous abonner à leurs revues, acheter des albums, B.D., calendriers, sacs à appareils photos, Tee-shirts, comment verser une cotisation, leur offrir votre assurance-vie, faire une donation et même un « legs universel » par lequel vous donnez à RSF la totalité de vos biens, comme à une secte dont le gourou vous aurait subjugué.
Gageons que quelques pauvres hères s’y laisseront prendre encore quelque temps. Mais en faisant connaître autour de nous cette face cachée de cette drôle d’ONG, nous pouvons sonner le glas de l’imposture.
Maxime VIVAS
PS. RSF est une « organisation reconnue d’utilité publique » qui reçoit à ce titre des subsides publics. En contrepartie, elle est tenue de fournir à qui les demande les informations sur, par exemple, le détail des sommes reçues des USA, le détail des sommes versées aux journalistes, le détail des frais de fonctionnement, la composition de son conseil d’administration, le coût de son siège, les salaires, etc. Le lecteur curieux pourra donc se renseigner par mail ou courrier.
(1) Il m’est difficile, et vous me le pardonnerez, de ne pas citer chaque fois que possible, la croustillante anecdote suivante : dans les mêmes jours où RSF ameutait l’opinion sur la liberté d’expression en Chine, son responsable parisien du « bureau Asie » intervenait en vain auprès de la Sorbonne pour faire supprimer mon nom et toute référence à mon livre (« La face cachée de RSF ») qui figuraient dans une étude universitaire.
(2) Pour plus de détails, voir mon livre « La face cachée de Reporters sans frontières. De la CIA aux Faucons du Pentagone » (Ed. Aden, 2007) où plusieurs pages documentées sont consacrés aux sponsors étrangers (et étranges) de RSF.

Comment les Etats-Unis financent les Talibans (The Nation)

Aram ROSTON
Le 29 octobre 2001, en plein assaut contre les Talibans au pouvoir en Afghanistan, l’ambassadeur du régime en poste à Islamabad a donné une conférence de presse chaotique devant plusieurs dizaines de journalistes assis sur l’herbe. A droite du diplomate Taliban se tenait son interprète, Ahmad Rateb Popal, un homme imposant. Comme l’ambassadeur, Popal portait un turban noir et une énorme barbe en brousaille. Il portait aussi un bandeau sur son œil droit, un prothèse au bras gauche et sa main droite était déformée par des blessures infligées lors d’un accident de manipulation au cours d’une opération contre les Soviétiques à Kaboul.
Mais Popal était plus qu’un ancien moudjahidin. En 1988, un an avant l’évacuation de l’Afghanistan par les Soviétiques, Popal avait été condamné aux Etats-Unis pour conspiration de trafic d’un kilo d’héroïne. Son casier judiciaire indique qu’il a été libéré de prison en 1997.
En 2009, l’Afghanistan est désormais dirigé par le cousin de Popal, le Président Hamid Karzai. Popal a taillé sa barbe et est devenu un homme d’affaires richissime, avec son frère Rachid Popal, qui avait plaidé coupable dans une autre affaire d’héroïne en 1996 à Brooklyn. Les frères Popal contrôlent le gigantesque Watan Group en Afghanistan, un consortium dont les activités couvrent les télécommunications, le transport et, plus important, la sécurité. La société Watan Risk Management, le bras armé privé des Popal, fait partie de la petite dizaine de compagnies de sécurité actives en Afghanistan. Une des entreprises de Watan, qui joue un rôle clé dans l’effort de guerre, est chargée de la protection des convois de camions afghans entre Kaboul et Kandahar qui transportent du matériel américain.
Bienvenue au grand bazar de la sous-traitance de la guerre en Afghanistan, un véritable défilé de personnages improbables et de relations douteuses, où l’on trouve d’anciens fonctionnaires de la CIA et d’anciens officiers de l’armée qui travaillent main dans la main avec d’anciens Talibans et moudjahidin pour collecter les fonds gouvernementaux US destinés au financement de la guerre.
Dans ce défilé grotesque, les sous-traitants de l’armée US sont contraints de payer des insurgés présumés pour protéger les voies d’approvisionnement américaines. Que le gouvernement US finance ceux-là mêmes que les troupes américaines sont censées combattre est un fait communément admis et considéré comme faisant partie des opérations de la logistique militaire en Afghanistan. Et cela constitue aussi une ironie amère parce que le montant total des sommes versées aux Taliban est énorme. « Cela constitue une bonne partie de leurs revenus », a déclaré un haut fonctionnaire du gouvernement Afghan, chargé de la sécurité, lors d’une interview au Nation. En fait, les officiels militaires américains à Kaboul estiment qu’un minimum de 10 pour cent des contrats de sous-traitance du Pentagone – des centaines de millions de dollars – sont versés aux insurgés.
Pour comprendre comment une telle situation a pu s’instaurer, il faut démêler plusieurs écheveaux. Le premier est celui du mécanisme qui décide de qui perd et qui gagne dans le business afghan. Le deuxième est celui du mécanisme troublant par lequel les « entreprises privées de sécurité » garantissent la sécurité des convois US sur les anciennes routes de négoce.
On peut commencer par une petite société qui s’est vue attribuer un contrat de transport militaire d’un montant deplusieurs centaines de millions de dollars : NCL Holdings. Comme Watan Risk des frères Popal, NCL est une société de sécurité reconnue en Afghanistan.
Mais dans le milieu de la sous-traitance à Kaboul, NCL Holdings est surtout connue pour son principal dirigeant, Hamed Wardak. Il est le jeune fils américain de l’actuel ministre de la défense afghan, le général Abdul Rahim Wardak, qui était un chef moudjahidin contre les Soviétiques. Hamed Wardak baigne dans le milieu des affaires aussi bien que celui de la politique. Il a grandi et a été éduqué aux Etats-Unis, diplômé de Georgetown University en 1997 et meilleur élève de sa promotion. Il a obtenu une bourse d’études et a effectué un stage au sein d’un groupe de réflexion néoconservateur, le American Enterprise Institute (AEI). Ce stage a joué un rôle important dans sa vie, car c’est à l’AEI qu’il a forgé des relations avec quelques unes des personnalités les plus en vue des cercles conservateurs américains qui ont une influence sur la politique étrangère, telles que l’ancienne ambassadrice Jeane Kirkpatrick.
Wardak a rejoint la NCL aux Etats-Unis au début de 2007, même si cette société exerçait déjà des activités en Afghanistan à cette époque. Mais il n’était pas absurde de s’installer à Washington, étant donné les relations que Wardak y entretenait. Dans le Conseil Consultatif (advisory board) de la NCL, par exemple, on trouve Milton Beardon, un ancien officier bien connu de la CIA. Bearden est une voix influente sur la politique en Afghanistan ; en Octobre, il a témoigné devant la Commission des Relations Extérieures du Sénat, où le sénateur John Kerry, qui présidait, l’a présenté comme un « ancien officier de la CIA légendaire et un grand penseur et écrivain. » Rares sont les sociétés sous-traitantes qui peuvent se vanter d’avoir un conseiller aussi influent.
Mais le plus gros contrat décroché par NCL – celui qui l’a fait entrer dans la cour des grands en Afghanistan – fut celui du « Host Nation Trucking ». Au début de l’année, cette société, qui n’avait apparemment aucune expérience en matière de transport routier, a été choisie comme une des six sociétés chargées de transporter le matériel US entre les différentes bases US et les avant-postes reculés éparpillés à travers l’Afghanistan.
Au début, le contrat était gros mais pas gargantuesque. Et puis un jour tout a basculé. Au cours de l’été, en référence à « l’assaut » annoncé et à la nouvelle doctrine en vigueur, « L’Argent Employé Comme une Arme », l’armée US a multiplié par 6 le contrat de NCL ainsi que ceux de cinq autres sociétés. Les documents des appels d’offres contiennent une mise en garde sur les conséquences fâcheuses en cas de rejet d’une telle augmentation de budget : « les soldats connaîtront une pénurie de nourriture, d’eau, de matériel et de munitions dont ils ont besoin ». Chacune des six sociétés sous-traitantes de transport de l’armée US a vu son contrat monter jusqu’à 360 millions de dollars, soit un total de prés de 2,2 milliards. Vu sous un autre angle : les montants consacrés ces deux dernières années à la location de camions et de camionneurs afghans représentent 10 % du PNB annuel de l’Afghanistan. NCL, la société dirigée par le fils au carnet d’adresse impressionnant du ministre de la défense, a trouvé là un véritable filon d’or.
C’est grâce au programme « Host Nation Trucking » que les efforts militaires US en Afghanistan peuvent se développer. « Nous fournissons tout ce dont l’armée a besoin pour survivre ici, » m’a déclaré un cadre américain d’une société de transport. « Nous leur apportons leur papier hygiénique, leur eau, leur combustible, leurs armes, leurs véhicules ». Le centre névralgique se trouve à la base aérienne de Bagram, à une heure seulement au nord de Kaboul. C’est de là que pratiquement tout ce que l’on trouve en Afghanistan est transporté par camion vers les zones éloignées que l’armée appelle « l’espace de combat » - c’est-à-dire tout le pays. Près du Point de Contrôle 3, des files de camions, dans un concert de bruits de moteurs et de nuages de poussière, se préparent à de nouvelles missions.
Le secret du transport routier en Afghanistan, c’est de garantir la sécurité sur les routes dangereuses, contrôlées par des chefs de guerre, des milices tribales, des insurgés et des commandants Talibans. Le cadre américain avec qui j’ai parlé a été précis à ce sujet : « En fait, on peut dire que l’armée paie les Talibans pour ne pas se faire tirer dessus. C’est l’argent du Ministère de la Défense ». Tout le monde semble être d’accord là-dessus.
Mike Hanna est un chef de projet pour une société de transport appelée Afghan American Army Services. Cette société, qui opère toujours en Afghanistan, travaille pour les Etats-Unis depuis des années mais a perdu le contrat, remporté par NCL. Hanna a expliqué la réalité des questions de sécurité en termes simples : « Ils paient les gens locaux – certains sont des chefs de guerre, certains sont des politiciens au sein des forces de police – pour faire passer les camions ».
Hanna a expliqué que les prix changeaient en fonction de la route empruntée : « en fait, nous sommes rackettés. Là où vous ne payez pas, vous êtes attaqués. Il faut juste envoyer des gars sur le terrain pour payer qui de droit. » Le tarif, dit il, est parfois élevé, parfois bas. « Pour un convoi de 10 camions, il en coûtera probablement 800 dollars par camion pour traverser une zone. Ca dépend du nombre de camions et de la cargaison transportée. Pour des camions citernes, c’est plus cher. Pour de camions de marchandises, ce sera moins cher. Si vous transportez de l’armement ou des véhicules blindées, ce sera encore plus cher. »
Hanna dit que c’est un mal nécessaire. « Si je ne paie pas les insurgés dans cette zone, le risque de voir mon convoi se faire attaquer monte en flèche ».
Alors qu’en Irak le marché de la sécurité est contrôlé par des sociétés américaines comme Blackwater, qui agit de facto comme un bras armé du gouvernement des Etats-Unis, en Afghanistan on trouve de nombreux intervenants locaux. Le résultat est qu’à Kaboul, la concurrence est rude. « chaque chef de guerre possède sa propre société de sécurité », m’a expliqué un dirigeant d’entreprise.
En théorie, l’activité des sociétés de sécurité privées à Kaboul est sévèrement réglementée, mais la réalité est autre. Trente neuf sociétés possédaient déjà une licence valable jusqu’à septembre, lorsqu’une autre douzaine ont été autorisées. De nombreuses sociétés entretiennent des relations politiques : tout comme NCL appartient au fils de ministre de la défense et que Watan Risk Management est dirigé par les cousins du président Karzai, la société Asia Security Group est contrôlée par Hashmat Karzai, un autre membre de la famille du président. Le société a coupé toute une rue dans le quartier huppé de Sherpur. Selon certains, une autre société de sécurité est contrôlée par le fils du porte-parole du Parlement, et ainsi de suite.
L’industrie du transport afghan, indispensable aux opérations de logistique, est souvent liée à d’importantes figures et chefs de tribus. Une grosse société de transport en Afghanistan, Afghan International Trucking (AIT), versait 20.000 dollars par mois en pots-de-vin à un officiel de l’armée US, selon le plaidoyer prononcé par l’officiel devant un tribunal américain au mois d’aôut. AIT a de bonnes relations : elle est dirigée par le neveu agé de 23 ans du Général Baba Jan, un ancien commandant de l’Alliance du Nord qui devint plus tard le chef de la police de Kaboul. Lors d’une interview, Baba Jan, un dirigeant souriant et charismatique, a insisté pour dire qu’il n’avait rien à voir avec l’entreprise de son neveu.
Mais le fond du problème est que les insurgés sont payés pour laisser passer le matériel dont les soldats ont besoin. Par définition, de nombreux avant-postes sont situés en terrain hostile, dans le sud du pays. En réalité, les sociétés de sécurité sont incapables de protéger les convois américains sans la coopération des Talibans.
Un des gros problèmes pour les sociétés qui transportent le matériel américain à travers le pays est qu’elles n’ont pas le droit d’être équipées d’une arme plus lourde qu’un fusil. Ce qui les rend inefficaces dans un combat contre des Talibans. « Ils tirent sur les chauffeurs à une distance de 3000 pieds (env 1 km - NDT) avec des PKM » me raconte un cadre d’une société de transport. « Ils utilisent des RPG (lance-grenades) qui peuvent faire sauter un véhicule blindé. Les sociétés de transport n’ont pas le choix. A cause du règlement, les sociétés de sécurité ne peuvent s’armer que de AK-47, c’est une plaisanterie. Moi je porte un Ak-47 – mais juste pour me flinguer si nécessaire ! »
Les règles ont été établies pour une bonne raison : pour éviter les dérapages et les dommages collatéraux provoqués par les sociétés de sécurité privées. Cependant, comme le souligne Hanna de Afghan American Army Services, « un Ak-47 contre une lance-grenades, c’est perdu d’avance ! ». Cela dit, au moins une des sociétés de transport a essayé de riposter au lieu de payer. Il s’agit d’une société US appelée Four Horsemen International (FHI). De nombreuses vies ont été perdues. FHI, comme d’autres sociétés, refuse d’en parler publiquement. Mais des professionnels du milieu m’ont raconté que les convois de FHI se faisaient attaquer à pratiquement chaque mission.
La pluprt des sociétés de sécurité font ce qu’elles ont à faire pour survivre. Un manager vétéran américain en Afghanistan qui a travaillé ici comme soldat mais aussi comme sous-traitant privé sur le terrain m’a dit, « Nous payons les chefs de guerre associés aux Taliban parce qu’aucun de nos appareils de sécurité n’est capable d’assurer la sécurité. » Il s’agit d’un vétéran de l’armée avec des années d’expérience dans les Forces Spéciales, et il n’est pas content de la tournure des événements. Il dit que les forces armées américaines devraient au minimum essayer d’en savoir plus sur ceux qu’ils paient.
« La plupart des escortes sont réalisées par les Talibans, » m’a dit un officiel d’une société de sécurité afghane. C’est un pachtoune et un ancien moudjahidin qui connait bien la situation militaire et l’industrie de la sécurité. Il travaille pour une des sociétés qui transportent le matériel US. « Maintenant que le gouvernement est si faible, » a-t-il ajouté, « tout le monde paie les Talibans. »
Pour les fonctionnaires afghans du transport, le sujet ne mérite pas une attention particulière. Une femme que j’ai rencontrée était un chef d’entreprise extraordinaire qui a monté une société de transport dans un milieu dominé par des hommes. Elle m’a dit qu’une société de sécurité dont elle avait loué les services négociait directement avec les dirigeants Talibans dans le sud. Payer les dirigeants Talibans signifiait que ces derniers envoyaient une escorte pour éviter des attaques par d’autres groupes. En fait, a-t-elle dit, ils n’avaient besoin que de deux véhicules. « Il n’en faut que deux », m’a-t-elle dit. « Un devant et un derrière. » Elle a haussé les épaules. « On ne peut pas travailler autrement. Autrement, c’est pas possible. »

Le terroriste Orlando Bosch dort tranquille dans son bungalow de Hialeah, Miami.

Jean-Guy ALLARD
Deux décennies se sont déjà écoulées depuis que George Bush père a ordonné la libération du chef de bande terroriste Orlando Bosch - un des auteurs de la destruction d’un avion civil cubain et un des complices présumés de l’assassinat de John F. Kennedy - sous des conditions qu’il n’a jamais respectées et malgré l’avis de fonctionnaires du Département de la justice qui reconnaissaient sa responsabilité dans une multitude de crimes.
Cet authentique assassin en série qui a collaboré avec la CIA à la création de la Coordination des organisations révolutionnaires unies (CORU), organisation terroriste qu’il a ensuite dirigée, vit aujourd’hui dans son bungalow de Hialeah (Miami), ou il continue à bénéficier de la protection des hautes sphères du pouvoir judiciaire.
Le 18 juillet 1990, James LeMoyne, du quotidien The New York Times, rapportait de Miami la libération de Bosch, survenue la veille sur ordre de la Maison Blanche, dans un texte qui en dit long sur la conspiration des républicains pour sortir de sa cellule de l’Immigration celui qui avait ordonné, en 1976, avec son complice Luis Posada Carriles, la destruction en plein vol d’un avion civil cubain, causant la mort de 73 innocents.
Le document, rédigé avec une honnêteté qui semble aujourd’hui surprenante, démontre de quelle façon le dossier de Luis Posada Carriles a été manipulé jusqu’à en arriver au procès actuel de El Paso qui n’en finit plus de commencer.
Le titre du reportage ne peut être plus clair : « Un Cubain lié à des attentats terroristes est libéré à Miami » (« Cuban Linked to Terror Bombings Is Freed by Government in Miami »).
Après avoir indiqué que Bosch a été « blanchi » par la justice vénézuélienne en rapport avec l’explosion d’un avion, le journaliste précise comment, malgré ce fait, « les fonctionnaires américains disent croire qu’il a participé à l’attentat ».
Le journal newyorkais rapporte que l’année précédente le Département de la justice « a tenté de le déporter en se basant sur un rapport du FBI ou on affirme qu’il a l’intention de causer de continuer à « causer des blessures et des morts » ».
« Mais aujourd’hui, Dan Eramian, un porte-parole du Département de la justice dit qu’une « révision » du dossier avait conduit à la décision de libérer Bosch ».
Des fonctionnaires ont exprimé en privé leurs réserves, indique-t-on ensuite, « craignant qu’un tel geste soit difficile à expliquer quand Washington prétend condamner le terrorisme ».
À PEINE LIBÉRÉ, IL SE MOQUE DU TRIBUNAL
Le Times rapporte alors la série de conditions fixées à Bosch et dont il s’est ensuite moqué ouvertement, parmi lesquelles un « engagement à renoncer au terrorisme », ce qui impliquait donc la reconnaissance de son état de terroriste.
Bosch acceptait aussi de demeurer à sa maison de Miami « sauf entre 11h et 14h », de permettre la surveillance de ses activités, de conserver un registre écrit de ses visiteurs, de permettre l’écoute de ses appels téléphoniques, de se soumettre au test du polygraphe et d’autoriser la fouille de sa maison et de sa personne.
A la conférence de presse qui a suivi sa libération, Bosch n’a fait preuve d’aucun repentir. Il a décrit ouvertement l’ « arrangement » qu’il venait de signer comme étant « ridicule » et une « farce », écrit le journaliste.
Le terroriste a même commenté avec ironie : « Ils ont acheté la chaine mais ils n’ont pas attrapé le singe ».
Le Times signale alors - ce qu’il n’oserait pas faire aujourd’hui - comment Bosch a profité de l’appui du sénateur républicain Connie Mack, de la représentante Ileana Ros-Lehtinen et du fils du président, Jeb Bush, « un leader républicain local ».
Le journal continue en rappelant que Bosch a été incarcéré « il y a plus de 20 ans » après avoir été condamné pour avoir tiré au bazooka sur un cargo polonais et qu’en sortant de prison en 1974, il a violé ses conditions de libération (« parole ») et a fui « en Amérique latine ou, disent les fonctionnaires américains, il a provoqué des dizaines d’attentat contre des représentations cubaines et des partisans » de la Révolution.
On peut se demander ou se trouvent aujourd’hui les « fonctionnaires américains » capables de reconnaitre de tels faits.
POSADA, RODRIGUEZ, GREGG, NORTH ET COMPAGNIE
Avec une franchise renversante, le Times continuait en dénonçant, textuellement, que « des terroristes cubains, plusieurs d’entre eux entrainés par l’Agence centrale de renseignements, ont effectué des attentats contre les maisons et les bureaux de ceux qu’ils soupçonnent de favoriser les contacts avec le gouvernement cubain ».
Plus surprenant encore : « L’obscur milieu des Cubains entrainés par la CIA a eu une longue relation avec les administrations républicaines », écrivait LeMoyne, dans le plus influent quotidien étasunien. Quelque chose d’inimaginable au pays de Bush fils et Obama.
« Le réseau secret d’approvisionnement de la Contra nicaraguayenne a été créé par l’administration Reagan par un cubain qui a été agent de la CIA, Félix Rodríguez Mendigutía, sous la direction d’un aide du Conseil de sécurité nationale, Oliver L. North, dont le principal associé, Luis Posada Carriles, un autre ex agent de la CIA, a été accusé d’avoir réalisé des attaques terroristes avec Bosch », écrit le reporter LeMoyne en signalant comment Rodriguez a rencontré le vice-président Bush à Washington, en présence de son conseiller en matière de sécurité, Donald Gregg, « un ex officier de la CIA qui a travaillé antérieurement sous la supervision de ce même Rodriguez ».
Et le Times précise : « Carriles s’est évadé de prison en 1986 puis est réapparu comme agente et chef de l’opération d’approvisionnement de la Contra ».
Aujourd’hui, Félix « Ismael » Rodríguez dirige à Miami la Brigade 2506, l’association des ex mercenaires de Playa Girón (Baie des Cochons), tandis que Posada et Bosch jouissent de leur retraite d’ « anciens » de la CIA.
Telle est la justice au pays ou cinq Cubains demeurent séquestrés par l’administration Obama pour avoir pénétré les rangs d’organisations assassines ou bourreaux et tueurs entrainés par les renseignements impériaux continuent à conspirer, avec la protection de l’appareil judiciaire qui prétend combattre le terrorisme.
Jean-Guy Allard

L’assassin Cubain Luis Posada Carriles passera en jugement (Miami New Times)

Chuck STROUSE
Illustration : affiche cubaine "Nous avons posé la bombe. Et alors ?" (propos prononcés par Posada Carriles)
Dans un clubhouse à Westchester, un bel homme de 82 ans dans un costume sombre sourit et pointe son index vers le ciel. La lumière est tamisée mais on distingue ses yeux bleus, ses sourcils gris épais et un ventre proéminent. S’exprimant à voix basse à quelques admirateurs, il a tout l’air d’un guajiro sénescent, avec une exception : ses bras, sa poitrine et sa mâchoire sont couverts de cicatrices, provoqués par des balles d’assassins.
Il s’agit de Luis Posada Carriles, héros de l’exil cubain, ex-agent de la CIA et terroriste légendaire.
Le meurtrier présumé d’au moins 74 innocents sera bientôt jugé au Texas, bien que le juge ait repoussé la date du procès la semaine dernière. Ne ratez pas ce procès. S’il est acquitté, cela prouvera le degré d’ineptie, d’hypocrisie et de corruption du gouvernement. Et s’il est condamné, la peine prononcée sera probablement le minimum et aura un impact significatif sur les procès à venir des assassins du 11 septembre.
« Le fond de l’histoire est que le Ministère de la Justice tente de le poursuivre pour d’horribles actes de terrorisme, » dit Peter Kornbluh, porte-parole de National Security Archive de Washington DC. « Mais toute cette affaire est, comme on dit en espagnol, una vergüenza – une honte. »
Il existe de nombreux éléments qui prouvent que Posada a tenté d’assassiner le dirigeant d’un pays, qu’il a ourdi des complots qui ont provoqué la mort de plusieurs dizaines de personnes et tué un touriste dans un attentat contre un hôtel. Pourtant, il n’est poursuivi pour aucun de ces crimes, parce que le gouvernement (US) a entaché la procédure et fait disparaître de nombreux documents cruciaux. Au final, Posada sera accusé d’avoir menti aux autorités, soit une simple petite tape sur les doigts, chose qui aurait soulevé un tollé si Posada avait été, par exemple, un Arabe. Mais Posada est Cubain, et toute la différence est là.
Posada est né à Cienfuegos. Il a étudié la chimie et a travaillé à Akron, Ohio, avant la révolution cubaine de 1959. Il est retourné sur l’île mais, comme de nombreux autres exilés cubains, a rapidement déchanté devant la politique de Fidel Castro. Il est donc reparti aux Etats-Unis. Sa soeur, colonel de l’armée Cubaine, est restée.
Ensuite, avec l’aide de millions de dollars des contribuables étatsuniens, Posada s’est lancé dans une campagne sanglante de 50 ans contre le gouvernement de Castro. Il a fait exploser des bombes dans la capitale de l’île et a coordonné l’attaque de 1961 de la Baie des Cochons à partir de l’Amérique centrale. Après l’échec de l’invasion, il a rejoint un groupe d’exilés qui ont suivi une formation d’élite à l’Académie militaire de Géorgie ; il en est sorti deux ans plus tard comme espion et lieutenant.
Il a ensuite tenté de tuer Castro avec une arme à feu dissimulée dans une caméra et des explosifs cachés dans un flacon de shampoing. En 1976, il a organisé l’explosion en plein vol d’un avion de ligne cubain, le vol 455 de la compagnie Cubana, qui transportait 73 passagers. Six ans plus tard, sous la pression des Etats-Unis, il fut acquitté par un tribunal vénézuélien qui a ensuite bizarrement changé d’avis et a décidé de refaire un procès. Mais entre-temps, l’espion avait corrompu ses gardiens et avait réussit à s’échapper. Vingt ans plus tard, il organisait des attentats dans des hôtels à la Havane, provoquant des millions de dollars de dégâts et la mort d’un touriste italien.
« C’est une guerre » a-t-il déclaré à Ann Louise Bardach dans une interview de 2006 qu’elle relate dans son livre Without Fidel : A Death Foretold in Miami, Washington, and Havana, « une sale guerre ».
Bien sûr, Posada a de fervents supporters aussi bien au sien du gouvernement qu’à l’extérieur. En quelques jours, ses partisans ont récolté des milliers de dollars pour assurer sa défense en organisant ce qu’ils ont appelé un « radio marathon » sur Radio Mambi (radio de Miami virulemment et violemment anti-cubain – NdT). « Luis Posada est un type super, » a déclaré un des dizaines de vieux exilés qui se sont exprimés en sa faveur. « Sa guerre va libérer Cuba ».
Incroyablement, ces sentiments ont fait basculer les procureurs et le Congrès. Même le FBI, qui a dépensé des millions de dollars sur plusieurs dizaines d’années à enquêter sur Posada, s’est débarrassé de manière inexplicable des preuves qu’il avait accumulé. De plus, l’administration Reagan a embauché Posada dans le scandale Iran-Contra.
Les pressions exercées par le gouvernement des Etats-Unis ont même eu des effets à l’étranger. Un tribunal panaméen a condamné Posada pour complot en vue d’assassiner Fidel Castro lors d’un sommet Ibero-Américain. Puis, en 2004, la Présidente du Panama Mireya Moscoso a gracié Posada. Il a quitté le pays juste avant l’invalidation de la grâce par la Cour Suprême du Panama. (Mireya Moscoso a gracié Posada la veille de la fin de son mandat suite à des élections qu’elle a perdues. Elle s’est ensuite réfugiée à Miami en traînant toute une série de casseroles. De mémoire, elle est « recherchée » par la justice panaméenne – NdT)
Tout a commencé lorsque Posada est entré illégalement aux Etats-Unis par la mer et demandé l’asile politique. Au mois de mars 2005, probablement après avoir été averti qu’il risquait d’avoir des ennuis, il a annoncé qu’il allait quitter le pays. Mais lorsque toute l’attention médiatique est retombée, il fut arrêté. Le crime dont on l’accuse n’est pas celui d’avoir tué les 73 passagers du vol Cubain ou le touriste à la Havane ; le crime dont on l’accuse est d’avoir menti aux officiers des services d’immigration sur son voyage aux Etats-Unis et son entrée illégale sur le territoire.
Il était arrivé à bord d’un voilier appelé Santrina, et non par le bus comme il l’avait déclaré lors de son interrogatoire. Selon les procureurs, il a menti aussi sur son passeport.
En 2006 et 2007, une sous-commission du Congrès et un grand jury de Newark ont examiné le passé meurtrier de Posada. Le reportage de Bardach fut un élément clé présenté au dossier. Il avait virtuellement avoué sa culpabilité, en déclarant que le meurtre du touriste italien « était un accident déplorable, mais je dors comme un bébé. » Le gouvernement a voulu saisir les notes et les enregistrements de l’auteure. Soutenue par le New York Times, qui avait publié son article (co-écrit avec Larry Rohter), Bardach a refusé et un long procés a suivi. (Bardach n’a pas voulu commenter cette affaire).
Ensuite, le dossier contre Posada est pratiquement tombé à l’eau. Sous les pressions du Président George W. Bush et d’un Congrès Républicain fanatiquement anticommuniste, la sous-commission et le ministre de la Justice des Etats-Unis n’ont rien fait. Puis le 8 mai 2007, un juge de district, Kathleen Cardone a fini par libérer Posada, en accusant les procureurs de « fraude, tromperie et manipulation ».
« les tactiques du gouvernement dans cette affaire sont si honteuses et scandaleuses qu’elles sont en violation avec la notion la plus élémentaire de justice », a-t-elle écrit.
L’année suivante, une Cour d’Appel a invalidé la décision de Cardone et a ordonné un nouveau procès. Mais cette fois-ci Posada n’allait pas être accusé d’entrée illégale sur le territoire mais d’avoir menti à des agents fédéraux. Une petite couche fut rajoutée lorsque les notes de Bardach réapparurent et on a rajouté l’accusation d’avoir menti aussi au sujet des attentats à la Havane.
Pire : lors de la préparation du procès, la Cour a cédé aux pressions des procureurs et a mis sous scellés la quasi totalité des documents relatifs à Posada. Le 10 juillet (2009), le Miami Herald et Associated Press ont tenté d’intervenir. Leur raisonnement était le suivant : le gouvernement ne peut pas sceller arbitrairement des documents s’il ne sont pas classifiés « secret ». Mais la Cour a repoussé leur demande et a placé sous scellés plus de 300 documents cette année.
« C’est mauvais, » dit Adolfo Jimenez, avocat du Miami Herald et d’Associated Press. « Tout est fait pour tenir le public dans l’ignorance ».
La juge Cardone a récemment annoncé que le procès durerait probablement deux mois. Un groupe de gauchistes agités, le Comité National Pour la Libération des Cinq Cubains, a annoncé des manifestations pendant toute la durée du procès. Et au mois d’Octobre dernier, le National Security Archive de Kornbluh a publié un document gouvernemental déclassifié qui révèle que Posada a même trahi sa propre communauté en exil. Sous le nom de code de Pete, il informait la CIA sur les activités de dirigeants dont le feu Jorge Mas Canosa (CANF – Cuban American National Foundation – fondée par Rondald Reagan et avec mucho dinero - NdT).
Voilà où nous en sommes. Le gouvernement a détruit une bonne partie des preuves. Une juge fédérale respectée a déclaré que les procureurs étaient coupables de fraude. Et tout en laissant pourrir un procès important, le gouvernement préfère se battre contre la presse (Bardach, le Herald et Associated Press)
Les procureurs pourraient même perdre les quelques miettes de charges qui leur restent contre un de plus dangereux idéologues du monde occidental. Mais Kornbluh garde espoir. « Ce procès pourrait confirmer ce que tout le monde sait. » dit-il. « Luis Posada est une source majeure de terrorisme ».

Le rôle des dissidents dans la stratégie de subversion

Emrah KAYNAK
La subversion est un élément substantiel de la stratégie hégémoniste des Etats-Unis, pays qui est en permanence en guerre (latente ou ouverte).
Considérée autrefois comme une force accessoire, l’information a désormais un intérêt stratégique vital. Conscient des enjeux, les USA exploitent parfaitement, au bénéfice de leurs ambitions impérialistes, les virtualités offertes par les nouvelles technologies de communication, de socialisation et d’information .
La stratégie de domination s’est affinée au point que l’objectif est maintenant de conquérir un pays sans même l’attaquer physiquement, en particulier en recourant à des campagnes de désinformation relayées par des agents d’influence internes.
Dès l’antiquité, le stratège chinois Sun Tzu avait déjà défini les idées-forces de la subversion : « Dans la guerre, la meilleure politique, c’est de prendre l’Etat intact ; l’anéantir n’est qu’un pis aller ». « Les experts dans l’art de la guerre soumettent l’armée ennemi sans combat. Ils prennent les villes sans donner l’assaut et renversent un Etat sans opérations prolongées ». « Tout l’art de la guerre est fondé sur la duperie ».
L’écrivain italien Curzio Malaparte (1898-1957) était tout autant convaincu de la possibilité de déposer un pouvoir en propageant une perception altérée des faits. Il soulignait le rôle central d’une minorité agissante qui laissait dans l’ombre la majorité loyale au pouvoir.
Le psycho-sociologue français Roger Mucchielli (1919-1981), souligne lui aussi l’importance des facteurs subjectifs en terme de subversion : « L’action de dissociation des groupes constitués est une opération indispensable car on sait, par les recherches en psychologie sociale, que plus les individus adhèrent à des groupes cohésifs, moins ils sont perméables à la propagande et à la subversion. Il faut donc dissocier ou neutraliser les groupes de références pour individualiser les gens et les détacher individuellement de leurs valeurs groupales ». Vladimir Volkoff (1932-2005) a parfaitement codifié les linéaments de la désinformation et de la manipulation dans son livre « La désinformation, arme de guerre » :
- Démoraliser la nation adverse et désintégrer les groupes qui la composent.
- Discréditer l’autorité, ses défenseurs.
- Neutraliser les masses pour empêcher toute intervention spontanée et générale en faveur de l’ordre établi, au moment choisi pour la prise non violente du pouvoir par une petite minorité. Selon cette logique, il convient d’immobiliser les masses plutôt que de les mobiliser.
Les objectifs de la subversion consistent en substance à assiéger idéologiquement, politiquement et stratégiquement l’adversaire en vue de limiter sa liberté de mouvement et d’action.
Au nom de la démocratie, pour le capitalisme ?
Les concepts de « démocratie » et de « droits de l’homme » se sont convertis en argument central de l’interventionnisme étasunien. La promotion nominale de la démocratie est un précepte essentiel de la stratégie globale de domination des USA, peu importe si en sous-main ils trahissent ces mêmes valeurs chaque fois que leurs intérêts sont contrariés.
Les révolutions « colorées » (Géorgie, Ukraine, Liban et dans une certaine mesure en Iran) témoignent de l’emploi méthodique de cette tactique.
Sous l’étendard des droits de l’homme et de la liberté, les mouvements de contestation cubains sur lesquels les Etats-Unis prennent appui dissimulent un programme politique explicitement contre-révolutionnaire. En s’inspirant des dissidents de l’Europe de l’Est, ils se contentent d’en appeler à une plus grande liberté politique et économique, ce qui implique dans les faits le renversement du système sociopolitique socialiste, le démantèlement des acquis révolutionnaires et l’assujettissement de Cuba aux intérêts impérialistes.
Les mouvements dissidents font un travail de sape pour le compte des Etats-Unis qui les encouragent économiquement et moralement. Structurellement et idéologiquement intégrés aux dispositifs d’ingérence, les dissidents constituent l’avant-garde de la restauration du capitalisme. Il est significatif que leurs chefs de file soutiennent bassement les coups de force contre le pouvoir légal en Bolivie, au Honduras ou au Venezuela.
La dissidence est-elle un processus endogène ?
Jean-Guy Allard et Eva Golinger dans le livre « La Agresión Permanente » pointent du doigt les activités subversives de la USAID, l’agence américaine pour le développement international qui s’est convertie en principale plateforme de contre-insurrection. Le dossier à charge de cette officine paragouvernementale en Amérique latine est éloquent.
La USAID qui a pour mission affichée de renforcer la démocratie, la création d’une croissance généralisée économique à long terme, et promouvoir la sécurité, a investi des millions de dollars dans la déstabilisation des pays progressistes. Elle est particulièrement active au Venezuela et en Bolivie, où elle sous-traite à travers des fondations (Freedom House, American Enterprise Institute, Fondation Ford,…) et des ONGs locales.
Elle est secondée par la NED (National Endowment for Democracy), organisme écran de la CIA, qui se charge plus particulièrement du financement et de l’encadrement des dirigeants politiques et syndicaux – lisez dissidents- et qui a revendiqué l’organisation du syndicat Solidarność en Pologne, la Charte 77 en Tchécoslovaquie et Otpor en Serbie.
Cuba est en prise, depuis le début de l’ère révolutionnaire, à une propagande noire qui cherche par tous les moyens à porter atteinte à son prestige. Les campagnes de diffamation contre la révolution font passer, à la faveur de l’abdication intellectuelle des journalistes disciplinés, les immigrés économiques en exilés politiques, les délinquants de droit commun en prisonniers politiques, les agents conspirationnistes à la solde d’un régime étranger en opposants politiques.
La USAID revendique d’ailleurs son soutien aux « agences exécutives, aux médias et à la société civile à Cuba » via le programme pour Commission pour Assistance à une Cuba libre. L’administration Obama poursuit scrupuleusement, malgré ses déclarations d’intention, la stratégie d’ingérence et d’hostilité de ses prédécesseurs comme le confirme le Président Raul Castro : « L’ennemi reste aussi actif qu’auparavant et une illustration de cela est la détention depuis plusieurs jours d’un citoyen américain, désigné par euphémisme par le porte-parole du département d’État comme un sous-traitant de son gouvernement et qui se consacrait à l’approvisionnement illégal de moyens de communication sophistiqués via satellite à des groupes de la société civile conspirant ».
Il est troublant d’observer que le terme de « dissident » est exclusivement réservé dans la presse orthodoxe aux personnes qui contestent le système politique de pays proclamant un caractère socialiste. On parle de dissidence cubaine, vénézuelienne, chinoise mais jamais on ne qualifie de dissident celui qui éprouve une rupture critique totale avec le monde capitaliste.
Emrah Kaynak

Etats-Unis : malgré la crise, les budgets de l’espionnage augmentent

Jean-Guy ALLARD
Tandis que des dizaines de milliers de citoyens nord-américains dorment dans leur voiture ou sur les trottoirs en raison de l’impact dévastateur de la crise économique, l’appareil d’espionnage et d’ingérence des États-Unis atteint des proportions jamais connues dans l’histoire de ce pays.
En quinze ans, selon des chiffres officiels, les dépenses des 16 agences de renseignement des États-Unis sont passées de 26 milliards de dollars (1994) à 75 milliards, selon ce qu’a confirmé ce 16 septembre, en conférence de presse, le "tsar" du renseignement US, Dennis Blair.
Pis encore, le nombre de fonctionnaires employés dans ce gigantesque appareil d’infiltration, d’information, de désinformation et d’agression atteint maintenant les 200 000, sans compter la légion d’agents, d’informateurs, de collaborateurs que la machine impériale engraisse dans tous les coins du monde dans le but de maintenir sa domination.
Les États-Unis disposent du réseau d’espionnage le plus étendu de l’histoire, dont l’implication dans une longue succession de conspirations, d’enlèvements, d’assassinats et d’actes de terrorisme et de subversion est largement démontrée.
En chiffres absolus, Washington détient déjà depuis quelques décennies le record mondial de l’activité de renseignement, non seulement chez ses ennemis ou ennemis supposés mais jusque dans l’appareil gouvernemental et industriel des pays qui professent le plus grand servilisme et lui offrent le plus grand appui.
SANS INCLURE LA USAID ET SES SEMBLABLES
Le gigantesque dispositif de pénétration et de désinformation décrit par Dennis Blair ne comprend pas les filiales du Département d’État telles que l’Agence de développement international (USAID), qualifié d’agence pour la déstabilisation internationale, un mécanisme particulièrement actif en Amérique latine, en faveur des oligarchies pro-yankees.
Pendant ce temps, au Venezuela l’entité la plus puissante de la communauté du renseignement des États-Unis, la DNI est accusée de mener une campagne de propagande contre le gouvernement du président Chávez, tandis qu’à Madrid, le président bolivien Evo Morales dénonce que les États-Unis par le biais de la USAID, paie la campagne électorale de ses opposants.
En janvier dernier, le président Obama a choisi l’amiral à la retraite Dennis Blair comme chef de l’appareil de renseignement, responsable du briefing qu’il reçoit quotidiennement à ce chapitre.
Originaire de l’état du Maine (nord-est), Blair a été un compagnon d’études de Oliver North.
Alors qu’il était chef du Commandement du Pacifique, il s’est distingué pour avoir trompé le président Bill Clinton au moment de la crise au Timor oriental.
Le premier Tsar du renseignement yankee, nommé par George W. Bush, a été le criminel de guerre John Negroponte.
PENDANT QUE LE CHOMAGE BAT DE NOUVEAUX RECORDS
Les révélations de Blair sur le budget astronomique de la communauté du renseignement surprendront sûrement les contribuables qui se trouvent actuellement étouffés par la crise économique la plus dure depuis les années 30.
L’ex-amiral a émis ses observations sur le gouffre financier qu’il dirige le jour même où l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) a annoncé que les États-Unis se trouvent parmi les pays industrialisés avec les données sur l’emploi les plus alarmantes, une situation qui s’aggravera et affectera les groupes les plus vulnérables : les jeunes, les immigrants et les femmes.
Selon toutes les études récentes sur l’état de l’économie US, la majorité des nord-américains se sentent étouffés par leurs loyers et hypothèques, sans parler des impôts, et paniqués face à la perspective de perdre leur emploi, comme tant l’ont perdu, et, par conséquent, leurs biens acquis à crédit.
Jean-Guy Allard

Robert Gates : le troisième homme, le monsieur guerre des Etats-Unis

Pascal SACRE
C’est bien Georges W. Bush, le 8 novembre 2006, qui intronisa Robert Gates, Bob comme le président l’appelle affectueusement.
La passation de pouvoir entre Donald Rumsfeld, chaleureusement remercié pour ses loyaux services, décrit par Bush junior comme l’un des chefs les plus capables et les plus adroits que la Sécurité Nationale des Etats-Unis ait jamais eu à sa tête, et Gates, s’est déroulée dans le Bureau Ovale de la Maison Blanche, donnant l’impression de trois personnes se vouant une estime sans bornes.
Georges W. Bush le dit déjà très bien, en 2006, Bob Gates est l’homme de la situation, capable de relever le double défi de la nation : déceler les menaces alors qu’elles ne font que pointer à l’horizon, et préparer la pays avec justesse pour les contrer.
Robert Gates est un pur produit du National Security Council. Une expérience de plus de vingt-cinq ans dans la Sécurité Nationale et les sevices secrets étatsuniens.
Il a rejoint la CIA en 1966, a servi sept présidents, démocrates comme républicains, huit en comptant le Démocrate Barack Obama qui l’a reconduit dans ses fonctions. Il a également été président de l’Université A&M du Texas, la sixième Université du pays, poste qu’il dit avoir préféré à tous les autres.
Il a passé presque neuf ans dans le staff du Conseil de sécurité Nationale. A la CIA, il a grimpé tous les échelons, depuis le bas de l’échelle jusqu’au poste de directeur de l’Agence.
Auprès de Ronald Reagan, il a directement participé aux efforts américains pour pousser les Soviétiques hors d’Afghanistan. Ces efforts ont durablement affaibli l’URSS et, selon Bush junior, hâté la victoire de la « Liberté » à l’issue de la guerre froide.
Gates a également servi le président Bush père lors de l’opération Tempête du Désert qui a permis de bouter Saddam Hussein hors du Koweït en 1991.
Il s’est récemment fort impliqué en Irak, comme membre d’un Groupe d’Etude indépendant comportant des démocrates et des républicains, conduit par l’ex secrétaire d’Etat James Baker et le Congressiste Lee Hamilton.
Il est lui-même républicain (1).
Il est le troisième homme dans la ligne de succession au pouvoir suprême des Etats-Unis. Le numéro 3 de la chaîne de commandement étatsunien.
Si on attente à la vie d’Obama, et du vice-président Joe Biden, Robert Gates deviendra de facto le chef suprême, le numéro 1, et le pouvoir repassera aux républicains.
Depuis le 11 septembre 2001, le ministère de la défense est le poste le plus important du gouvernement, car depuis cette date, la guerre est la préoccupation principale du gouvernement étatsunien.
Ce n’est pas la santé, dont le projet de réforme coûterait la première année de sa mise en place seulement le dixième (2) du budget d’une année du Pentagone.
Ce n’est pas l’environnement, ni le réchauffement climatique puisque le Pentagone et ses milliers d’annexes de par le monde sont les plus gros pollueurs et producteurs de CO2 du monde, et de tous les temps (3).
Le Département de la Défense, pour mener toutes ces guerres préventives contre tous ses ennemis qui veulent sans raison tant de mal à l’Occident, dilapide et vampirise une bonne partie des ressources mondiales, énergétiques (4), naturelles (eau, terres) (5), et encombre toutes les routes, toutes les voies et tous les systèmes de transport et de communication.
Plus d’un millier de bases ou d’installations militaires US dans le monde(6), et leurs centaines de milliers d’occupants, des centres de commandement aux avant-postes, cela fait autant d’électricité, de chauffage, de surfaces habitables, détournées vers la guerre ou sa promotion.
Il faut y ajouter tous les appareils et machines en l’air, dans l’espace, sur terre, et dans les mers.
Les innombrables tonnes de déchets chimiques, nucléaires et bactériologiques, ainsi que toutes les armes, mines, bombes, morceaux de métal ou de toutes sortes de matériaux, viennent renforcer les dégâts au patrimoine environnemental mondial et le désastre écologique engendré par la politique de guerre des Etats-Unis, politique uniquement justifiée par les attentats du 11 septembre 2001, dans leur version décrite par la théorie gouvernementale officielle.
Quel coût global entraîné par cette guerre préventive, mondiale et sans fin, contre le terrorisme et ceux qui les abritent !
Le remède n’est-il pas pire que le prétendu mal ?
En médecine, quand un traitement est plus dangereux que le problème de santé qu’il est censé soulager, on s’en abstient. Cela s’appelle la balance bénéfices/risques qui doit toujours pencher en faveur des premiers.
Pourtant, Robert Gates aimerait étendre la fièvre guerrière qui touche son pays à l’Europe.
Depuis quinze ans, l’Europe s’est en grande partie démilitarisée.
Beaucoup de pays ont supprimé leur service militaire obligatoire, faisant de leurs armées, des corps de métier beaucoup plus réduits.
Privilégiant des politiques sociales, les budgets réservés à la défense ont été fortement revus à la baisse.
Aux Etats-Unis, avant 2001, le budget de la défense restait assez stable, autour de 280 milliard de dollars entre 1998 et 2001 (7), ce qui représentait déjà dix fois le budget guerrier de la France.
En augmentation constante depuis 2002, le budget du Pentagone s’approche aujourd’hui du trillion (mille milliard) de dollars, en 2010.
La France est un des pays européens qui, proportionnellement, suit le plus la progression exponentielle étatsunienne du budget consacré aux dépenses militaires (8).
Aujourd’hui, Robert Gates, Monsieur Guerre, use de plusieurs artifices pour imposer à l’Europe entière le « bon sens » étatsunien.
Culpabilité
L’OTAN est en crise à cause des Européens, qui n’ont pas suffisamment investi dans la défense et sont devenus réfractaires aux forces armées (9).
La pénurie de matériel et le déficit militaire chronique ont affecté la mission de l’OTAN en Afghanistan.
Le pacifisme teinté de politiques sociales de l’Europe, faiblesse insupportable aux yeux de Gates pour qui la guerre sous toutes ses formes est la seule politique raisonnable, a nui aux opérations de l’Alliance et explique ses échecs au Moyen-Orient et en Asie. Il faut plus de participation de l’Europe, en matériel, en infrastructures, en soldats. L’Europe serait le maillon faible de la guerre de l’Occident contre le terrorisme barbu et cela doit cesser.
Terreur
Robert Gates, à la 44è conférence sur la sécurité à Munich, affirme que des attentats dévasteront l’Europe si celle-ci ne soutient pas l’OTAN, sous-entendu, si elle n’augmente pas ses budgets militaires et ne veut pas faire la guerre aux ennemis désignés par les Etats-Unis (10).
La situation a dû être cocasse pour certains experts du terrorisme, notamment français, quand Monsieur Guerre est venu leur faire une fois de plus le coup du méchant Al-Qaida, alors que selon Alain Chouet, ancien chef du service de sécurité de la Direction Générale de la Sécurité extérieure (DGSE), Al Qaïda n’existe plus depuis 2002 (11).
Pourtant, Gates, qui devrait être le mieux renseigné du monde, insiste bien, « … Vous devez aussi vous rappeler que les cellules terroristes en Europe ne sont pas un pur produit local, déconnectées d’évènements lointains, ni une simple question d’ordre intérieur. Certaines sont financées de l’étranger. Certaines haïssent toutes les démocraties occidentales, pas uniquement les États-Unis. Certains de ceux qui ont été arrêtés avaient des liens directs avec Al Qaïda. Certains sont liés à Al Qaïda en Irak. Dans le cas le plus récent, la cellule de Barcelone avait des liens avec un réseau de formation terroriste dirigé par Baitullah Meshud, un commandant extrémiste basé au Pakistan, affilié aux talibans et à Al Qaïda qui, croyons-nous est responsable de l’assassinat de Benazir Bhutto », etc., etc. (12)
Culpabiliser et terroriser l’Europe.
Ce sont les moyens grossiers utilisés par Gates pour lui faire emboîter manu militari le pas cadencé des Etats-Unis qui ont depuis le 11 septembre 2001 délaissé et mis au réfrigérateur, pour ne pas dire au congélateur, toutes leurs politiques non sécuritaires, se consacrant exclusivement à faire la guerre au monde entier.
La guerre sous toutes ses formes, financière, militaire, médiatique, en envahissant, en déstabilisant, en affamant, en encerclant, en flattant, en effrayant, en soudoyant, en piégeant, en manipulant, en mentant.
L’Iran se soucie plus de ses enfants, de leur mortalité, de la santé de ses habitants (13) que les Etats-Unis, mais qu’à cela ne tienne, il faut attaquer l’Iran, c’est un pays du mal.
Robert Gates est venu rappeler à l’Europe qu’elle devait choisir son camp et envoyer plus de soldats au Grand Sacrifice.
Y mettre un peu du sien, et consacrer son argent, non pas aux stupides projets sociaux où il est gaspillé, mais au renforcement de l’OTAN.
C’est le fameux “Vous êtes avec nous, ou contre nous”, de Bush junior, toujours d’actualité.
Qu’en pensent les populations européennes ?
Je ne parle pas de José Manuel Barroso, ni d’Herman Van Rompuy, ni de Catherine Ashton, ni de Nicolas Sarkozy, mais des populations, ceux qui perdent leur emploi ou n’arrivent plus à payer leurs crédits.
Alors que des problèmes sociaux déferlent sur tous les pays d’Europe, appelant des réflexions et des solutions sociales, des politiques humaines, est-ce vraiment le moment de revenir en arrière et de réaugmenter les budgets des ministères de la défense, ou plutôt de la guerre ?
Le chômage prend des proportions historiques en Europe, les entreprises, pourtant en bénéfices, licencient, gèlent voire diminuent les salaires, retardent l’âge des retraites. Les gouvernements attaquent les régimes de sécurité sociale dont l’Europe pouvait s’enorgueillir par rapport au marasme étatsunien.
Le mécontentement social est majeur et va grandissant, les grèves se succèdent, d’un secteur à l’autre de nos sociétés (Total en France, Supermarchés Carrefour en Belgique…). Les conditions de travail des professions publiques indispensables au bon fonctionnement d’une société moderne, ambulanciers, infirmiers, pompiers, policiers, se dégradent.
Et c’est le moment choisi par monsieur Gates pour venir nous rappeler que les Espagnols, les Hollandais, les Français, les Allemands, les Belges, les Italiens…, doivent comprendre que la guerre contre Al-Qaida (qui n’existe plus) est plus importante que tous leurs autres soucis réunis.
En Hollande, ils ont choisi de répondre non à Monsieur Guerre.
Cela a provoqué la chute du gouvernement conduit par le Premier ministre Jan Peter Balkenende, au pouvoir depuis 2002, et qui dirigeait la coalition de centre-gauche depuis 2007 (14).
Les populations d’Europe qui tiennent à leur système de sécurité sociale, qui souhaitent voir leurs gouvernements s’atteler à leurs vrais problèmes au quotidien que sont la recherche ou la préservation d’un emploi, l’espérance de voir son salaire s’adapter aux coût de la vie, devraient suivre l’exemple hollandais et écrire à leurs ministres qui vont parler en leur nom au futures réunions de l’OTAN.
En écoutant Robert Gates, cet homme voué à la sécurité de son pays depuis plus de vingt-cinq ans, encensé par Bush junior, repris sans l’ombre d’une hésitation par le président Obama, le terrorisme et les cellules islamistes représenteraient le plus grand danger pour l’humanité libre et démocratique.
Le combat contre ces ombres menaçantes justifierait tous les sacrifices, y compris de mourir de froid, exproprié, criblé de dettes, affamé, ayant perdu des proches parents, explosés dans ces montagnes lointaines.
La lutte héroïque contre tous ces prétendus terrifiants islamistes galvanisés par leur « victoire » du 11 septembre 2001 devrait faire supporter l’idée de perdre son emploi, de voir de moins en moins de policiers, d’infirmiers, d’ambulanciers, d’agriculteurs, de travailleurs dans les couloirs sinistres de nos sociétés hypersécurisées.
Robert Gates exige de nous tous ces sacrifices sans même garantir la fin de toute terreur, comme en témoigne le voyage sans encombres, malgré les scanners, malgré les mesures prises depuis 2001, du « terroriste » nigérian, en décembre 2009, à travers les lignes de « sécurité » successives de l’Occident.
Combien de temps la folie militaire va-t-elle continuer à embraser le monde, et obscurcir les esprits ?
Il n’est certainement pas temps pour l’Europe de régresser, de rebâtir des armées et de s’occuper de l’OTAN.
Les populations européennes doivent exiger de leurs gouvernements qu’ils s’occupent plutôt des secteurs de la société qui ont fait de l’Europe un modèle social et d’humanité. Les Etats-Unis, eux, ne savent plus que faire la guerre.
Tout comme le journaliste Rick Rozoff (15), je pense que “l’OTAN est un pacte offensif, sans loi et meurtrier, qui se réserve unilatéralement le droit de répéter son agression armée dans les Balkans et en Asie du Sud sur une échelle mondiale.
C’est l’OTAN et Robert Gates qui sont parmi les plus grands dangers pour l’humanité, une menace pour sa liberté et ses acquis sociaux.
Pascal Sacré
Notes :
(2) Le président a chiffré ses réformes à 950 milliards de dollars sur dix ans. Ce programme ne sera pas financé par une hausse des impôts, mais par une nouvelle taxe sur les contrats d’assurances les plus chers et en combattant les gaspillages.
http://www.lexpansion.com/economie/...
(3) Le rôle du Pentagone dans la catastrophe mondiale, par Sara Flounders :
http://www.mondialisation.ca/index....
(4) Selon le classement présenté dans l’édition 2006 du CIA World Factbook, 35 pays seulement (sur les 210 que compte le monde) affichent une consommation journalière de pétrole supérieure à celle du Pentagone.
(5) Le Pentagone est très loin de se limiter aux 620 000 m2 basés à Arlington, en Virginie. Le Pentagone est le plus grand propriétaire immobilier du monde, 539 000 immeubles, dans 5579 sites,
http://www.legrandsoir.info/Pentago...
(6) Le réseau mondial des bases militaires US, les fondements de la terreur des peuples ou les maillons d’un filet qui emprisonne l’humanité par Prof. Jules Dufour
http://www.mondialisation.ca/index....
(7) Budget de la défense des Etats-Unis et des principaux Etats européens producteurs d’armement 1998-2001 (en structure OTAN, hors pensions)
Md€
1998
1999
2000
2001
Etats-Unis
279.5
281.5
295.8
291.9
Royaume-Uni
34.6
33.8
34.6
34.1
France
25.1
25.5
25.2
24.9
Allemagne
23.8
23.9
24.1
23.8
Italie
12.3
13.0
14.9
13.8
Espagne
6.8
7.0
7.4
7.4
(8) En France, la nouvelle loi de programmation militaire 2003-2008 se donne pour objectif de faire passer la part des dépenses militaires de 1.8% à 2.2% du PIB. Le budget de la défense 2003 augmente de 6.1% par rapport à 2002, avec un montant global de 39.96 milliards d’euros.
(9) L’OTAN est en crise, dit Robert Gates
http://www.ledevoir.com/internation...
(10) Robert Gates assure que des attentats dévasteront l’Europe si elle ne soutient pas l’OTAN :
http://www.voltairenet.org/article1...
(11) Al Qaïda n’existe plus selon un ex-chef de la DGSE :
http://www.agoravox.fr/actualites/i...
(12) Robert Gates assure que des attentats dévasteront l’Europe si elle ne soutient pas l’OTAN, op.cit.
(14) Pays-Bas : le gouvernement chute sur la question afghane
http://www.lepoint.fr/actualites-mo...
(15) Expansion de l’OTAN, déploiements de missiles et nouvelle doctrine militaire de la Russie :
http://www.voltairenet.org/article1







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